Vue simulée d'un trou noir placé devant le nuage géant de Magellan. L'effet gravitationnel du trou noir est comparable à celui d'une lentille qui déforme et dédouble l'image du nuage.
Des chercheurs viennent de publier un article qui risque d'alimenter la peur de certains anxieux chroniques : il faudrait une énergie 2,4 fois moins importante que prévue pour générer un micro trou noir. Pour les physiciens cela augmente les chances de voir se former des micro trous noirs au cours de leurs expériences. Pour les anxieux : cela augmente les chances de voir notre planète engloutie dans un trou noir en une fraction de seconde.
Mais d'abord, qu'est-ce qu'un trou noir ?
Il s'agit d'un point de l'Univers possédant une immense densité de matière attirant tout vers lui, à tel point que même la lumière s'y trouve piégée. En effet çela peu faire peur. Rien ne peut s'échapper de ces trous dans l'espace-temps car il faudrait pour s'en sortir, atteindre une vitesse supérieure à la lumière, ce qui, d'après la théorie de la relativité générale d'Einstein, est impossible. Ces trous noirs, super massifs, sont indirectement observables à l'aide d'un télescope grâce à leurs effets gravitationnels sur les objets célestes qui les entourent. Par exemple si notre soleil était un trou noir, un observateur placé à l'extérieur du système solaire verrait notre belle planète bleue tourner autour d'un objet invisible, il pourrait donc en déduire la présence d'un trou noir.
Les trous noirs expérimentés au CERN ?
Des calculs théoriques prédisent que des micro trous noirs ont pu être formés avec des énergies relativement basses aux premières heures de l'Univers il y a 13,7 milliards d'années. Or il se trouve à Genève un accélérateur de particules, le LHC (Large Hadron Collider) capable de provoquer des collisions entres particules avec un niveau d'énergie comparable qui, théoriquement devrait permettre de former et d'observer de tels micro trous noirs. Jusqu'à présent les chercheurs du LHC n'en ont pas observés mais le travail théorique qui vient d'être publié dans Physicla Review Letters suggère que l'énergie nécessaire à la formation de trous noirs est 2,4 fois moins élevée que prévue et par conséquent techniquement plus accessible.
Vue simulée de la collision entre deux particules.
Si l'on s'en tient à ces informations, tout porte à croire que les anxieux sont les plus raisonnables d'entre nous. Cette découverte risque de raviver le désir de produire un documentaire comme celui d'Arte en 2009. Réalisé par Stéphane Paoli, il avait donné toutes les raisons d'être effrayé par le comportement des physiciens qui œuvrent au LHC, en coupant astucieusement les propos du physicien Etienne Klein. Les scores d'audimat sont plus élevés quand on laisse entendre que les physiciens de Genève nous préparent une fin du monde. Voici les propos d'Etienne Klein qu'on pu entendre les téléspectateurs :
"Il existe en effet des théories, pas encore testées expérimentalement, qui permettent d'imaginer que des mini trous noirs pourraient être produits au LHC. On ne peut donc pas exclure, à partir d'arguments purement théoriques, qu'une telle possibilité existe…"
Seulement voilà, la phrase d'Etienne Klein ne s'arrêtait pas là. La suite aurait peut-être permis l'économie de quelques Lexomil consommés par des téléspectateurs éberlués derrière leurs postes de télévision. La voici :
"On ne peut donc pas exclure, à partir d'arguments purement théoriques, qu'une telle possibilité existe, mais on peut être certain que les éventuels mini trous noirs que le LHC pourrai produire seront sans danger. En effet, nous savons que la lune, qui n'a pas d'atmosphère, subit depuis cinq milliards d'années l'impact du rayonnement cosmique, ce qui veut dire qu'elle est le siège de collisions beaucoup plus énergétiques et beaucoup plus nombreuses que celles qui se produiront au LHC, et cela sans dommage apparent. L'existence même de la lune est donc la preuve que tout scénario catastrophique est exclu".
Etienne Klein et autres physiciens nous rassurent quant à l'avenir de la Terre et de la lune, les poètes ne sont donc pas prêts de disparaître ni perdre une de leurs principales sources d'inspiration. Ces micro trous noirs, qu'il semble plus facile de créer que prévu, sont bien trop micro pour être dangereux. Comme disait Arlette Laguiller dans les Guignols de l'info : "On nous ment, on nous spolie" mais ne vous inquiétez pas, le communicant scientifique de Geneva Business News veille pour vous !
Sources :
Physical Review Letters. 110. 2013.
Sciences2 de Sylvestre Huet.
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photo credit: Ethan Hein via photopin cc