Chaque année, la journée internationale des femmes est l’occasion formidable pour la société civile de faire amende honorable pour sa paresse en termes d’Empowerment de l’égalité. Nulle question ici de remettre en cause les avancées opérées sur cette thématique ces deux dernières décennies. Tout au temps, il faut reconnaître que le travail reste important, les défis grandissants et la ligne d’arrivée encore illusoire.
D’ailleurs, comme une mise en demeure particulièrement cinglante, le World Economic Forum (WEF) nous rappelle dans sa dernière étude mondiale qu’il faudrait encore attendre plus de 170 ans pour atteindre l’égalité salariale dans le monde économique.
À ce propos, on remarquera également que l’étude que consacre le WEF aux avancées en termes d’égalité voit la Suisse rétrograder d’un rang cette année. Ce recul est influencé par deux principaux facteurs, nous explique Colette Fry : « Il faut noter que ce recul est lié premièrement à un aspect méthodologique et deuxièmement à une meilleure transparence sur les questions d’égalité femmes/hommes.
En effet, comparativement aux années précédentes, le changement d’approche a eu une incidence statistique sur le classement car, à partir du moment où des mesures plus précises sont effectuées, on risque d’observer un recul de résultat car les inégalités sont prises en compte plus justement.
C’est le cas, par exemple, des États-Unis, lesquels – consécutivement à un grand chantier sur la transparence sur les inégalités entre hommes et femmes – ont subi un fort recul dans le classement.
Au niveau de la Suisse, le recul est surtout dû à ce changement de méthode, et les résultats sont faibles concernant la représentation des femmes en politique.»
À Genève, depuis 1987, le Bureau de la Promotion de l’Egalité entre femmes et hommes et de prévention des Violences domestiques (BPEV) travaille d’arrache-pied pour promouvoir les principes d’égalité auprès des principaux partenaires comme du grand public et d’en contrôler l’application. Parmi ses axes d’interventions prioritaires : la prévention des violences sexistes, sexuelles et domestiques, la promotion de l’égalité dans la formation, dans les médias, dans la sphère professionnelle, ou encore au sein des autorités politiques.
Cette année encore, le BPEV sera sur le pont avec des actions et des initiatives d’envergure pour sensibiliser la société civile. À cette occasion, nous sommes partis à la rencontre de sa directrice, Colette Fry.
La semaine du 8 mars sera riche et diversifiée
Selon Colette Fry, il ne faut pas uniquement parler de la journée du 8 mars mais bien davantage. En effet, plusieurs actions fortes sont déployées durant la semaine. Ces événements sont ventilés de la sorte pour éviter la mise en concurrence avec les autres initiatives ici et là. La simultanéité risquerait d’amener des frustrations.
Pour ce faire, cette année, l’agenda du BPEV sera principalement cantonné à la thématique « Mixité et Égalité.» Les jeunes seront ainsi invités à discuter des choix professionnels autour de quatre ateliers dans des collèges. Les chargées de projet du BPEV s’attelleront à analyser et expliquer les représentations genrées qui guident filles et garçons à faire des choix déterminés.
Quant à la directrice, elle nous explique qu’elle consacrera sa matinée à la mise en place de la collaboration du BPEV avec la HEAD : « Je serai à la HEAD pour présenter le BPEV et les thématiques phares du bureau dans le cadre de notre collaboration pour l’anniversaire de nos trente ans (du BPEV, ndlr). En plus de sensibiliser les étudiant-e-s sur les avancées en matière d’égalité et les défis qu’il reste à relever, cette présentation permettra de jeter les bases de la collaboration autour de la publication réalisée pour nos trente ans et de l’exposition que nous souhaitons mettre en place à la fin de l’année. »
Au-delà du 8 mars, les actions du BPEV continueront. Comme pour bien montrer qu’il n’y a pas de répit dans le combat pour l’égalité, Colette Fry ne se contente pas des ateliers et de la collaboration avec la HEAD : « Nous avons souhaité ventiler nos actions sur le mois. Ainsi, le 14 mars à 18h30 au Cinéma BIO de Carouge, sera projeté le premier film du cinéclub de nos « trente ans » intitulé « We want sex equality », lequel raconte l’histoire de femmes ayant lutté pour l’égalité salariale. D’autres films suivront en juin, septembre et novembre, concernant la lutte pour le droit de vote, la thématique LGBT, et les violences conjugales. Enfin, le 6 mars, j’ai participé à une table ronde sur la thématique des femmes en politique. »
Selon Colette Fry, la promotion et la sensibilisation de la société civile sur les problématiques d’égalité femmes et hommes sont en bonne voie, mais il faut continuer à mener de front diverses mesures complémentaires en collaboration avec des associations de terrain, l’Université et les autres bureaux romands et suisses de l’égalité.
Les actions dans le monde
Ailleurs dans le monde, plusieurs manifestations sont organisées conjointement dans plus de 50 pays. Une grève mondiale des femmes sur le thème « Si nos vies n’ont pas de valeur, alors nous faisons la grève !» est prévue. Aussi, le groupe Women’s Strike US est actif toute l’année sur Facebook.
Si nous pouvons nous réjouir qu’une vraie révolution des pensées s’opère dans la société civile et au niveau des acteurs économiques, nul ne doit se reposer sur ses lauriers. Il existe encore de nombreux freins à l’avancée d’une égalité parfaite entre les femmes et les hommes.
Source : www.unia.ch
Crédit image : Fry colette; www.ge.ch