Les années à venir verront-elles l’arrivée du véhicule autonome ? Alors que Ford le promet pour 2021, General Motors lancera la production en série d’une voiture sans pédale, ni volant dès 2019. Cofondateur de la startup lausannoise BestMile, Raphaël Gindrat cite : « Il y a deux ans, on parlait de 2020 pour le véhicule autonome, parce que ça sonnait bien, un chiffre rond, qui correspondait en plus aux JO au Japon et à l’Expo universelle à Dubai. Mais avec les investissements des grands constructeurs, à l’image de General Motors qui a racheté Cruise Automation, des géants de l’informatique Google et Apple, même des fournisseurs de processeurs comme Nvidia, on devrait voir les premiers taxis robots commerciaux sur certaines zones dans ces délais. »
Performance et limites techniques
En Suisse, les navettes produites par la société Navya pour CarPostal, sont testées par les TPG à Genève ou encore le MBC à Cossonay. En termes de performance, la prestation d’un chauffeur humain reste encore la meilleur. Les navettes roulent à une vitesse entre 20 et 30 kilomètres par heure, s’arrêtent fréquemment, ne discernent pas toujours l’origine d’un obstacle et n’évoluent que sur un itinéraire prédéfini sans possibilité de s’en écarter.
Selon Hervé Bourlard, directeur de l’institut de recherche sur l’intelligence artificielle, basé à Martigny : « Reconnaître n’est pas comprendre. Tout ce que peut faire un véhicule autonome aujourd’hui, c’est généraliser des modèles, c’est-à-dire apprendre à partir d’exemples. Or, il reste impossible de couvrir l’ensemble des cas possibles, ce qui est préoccupant sachant que la machine ne dispose pas du bon sens commun humain pour faire face aux situations inconnues. La conduite est un acte social. Chercher le regard de l’autre à une intersection, comprendre qu’une manifestation a lieu ce jour-là en ville, qu’on est à proximité d’une école, anticiper la réaction d’un piéton sont des interactions très complexes. On en est encore loin en termes d’intelligence artificielle. »
Obstacle météorologique
Un autre défi technique important concerne les difficultés des capteurs en cas d’intempérie : problème d’identification d’objets, de signalisation et de lecture de marquage au sol. En Suisse, un test a été réalisé sur route mouillée par le TCS en juin 2017, concernant l’assistance au freinage d’un véhicule, celle-ci a abouti à une nouvelle collision. Résoudre ces obstacles techniques reste primordial pour envisager l’évolution d’une régulation.
Responsabilité en cas d’accident
D’autre part, avant d’autoriser le véhicule sans conducteur, le régulateur doit étudier la responsabilité en cas d’accident, afin de déterminer qui paiera. La commission des Nations Unies pour l’Europe travaille sur l’Automated data driver recorder, qui permet d’évaluer les causes et parties en lien avec l’accident.
Les automobilistes restent les derniers à convaincre. Selon une étude menée par le TCS et l’Office fédéral des routes, uniquement 25% des Suisses feraient confiance à un véhicule totalement autonome. Pour 66% d’entre eux, les principaux facteurs d’inquiétude sont le hacking et le détournement des systèmes de conduite, qui conduiraient à des crashs.
Au-delà des questions techniques, l’automobiliste devra accepter d’envisager une transition depuis l’automobile individuelle vers une prestation de mobilité, par navette ou taxi autonome. Une idée qui doit encore faire son chemin.
Source : www.bilan.ch
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