Dans le contexte d’une transition de carrière, la quête de sens et les notions d’équilibre et de plaisir prennent chaque année une place plus importante parmi les priorités des gens. C’est souvent durant ces périodes qu’il se produit un retour sur soi, sur ses besoins, sur ce qui compte vraiment.
Nous préférons pratiquer une activité en lien avec nos valeurs, et que nous aimons. Et face à nos envies de nouveauté se placent encore et toujours les mêmes peurs de « manquer d’argent », « de ne pas être pris au sérieux », ou alors simplement « d’être en train de rêver et de devoir redescendre sur terre ».
Nous pouvons vite nous retrouver face à des questions existentielles et ne plus savoir par où commencer.
Nous nous sommes intéressés à une personnalité genevoise, aujourd’hui installée en France, qui s’est écoutée et qui a réussi à lier son activité professionnelle à ses intérêts personnels. Qu’a-t-il fait pour en arriver là ? Quel est son parcours ? Avait-il un plan de carrière ? A-t-il simplement fait confiance à son destin ? Qu’est-ce qui l’a motivé, et quels conseils pourrait-il nous donner ?
Écrivain, traducteur, conférencier et formateur né à Genève en 1961, Olivier Clerc est l’auteur à succès de 18 livres et traducteur d’une centaine de livres de développement personnel et de spiritualité.
Nous pouvons citer par exemple Les 4 accords toltèques de Don Miguel Ruiz et La Communication Non Violente de Marshal Rosenberg. Œuvrant à tout ce qui fait avancer la conscience humaine, la santé et l’épanouissement relationnel et spirituel, son livre Le Don du Pardon, sorti en 2008, a généré plus de 200 conférences et ateliers de pardon, et plus de 160 Cercles de Pardon dans une dizaine de pays différents. Alors comment tout cela a-t-il commencé ?
Une vie qui s’est faite par des rencontres et des opportunités
C’est après l’obtention de sa maturité et deux années d’université qui n’étaient, selon ses propos, « pas pour moi » qu’il fait la rencontre, à 500 mètres de chez lui, du Docteur Christian Schaller (connu aujourd’hui comme Tal Schaller) créateur en 1977 de la Fondation Soleil et précurseur dans le domaine des médecines naturelles.
Il a alors 21 ans et va faire l’expérience, durant les trois années à venir, de ce qui sera son activité les 30 années suivantes. Il écrit un premier livre, Vivre ses Rêves (Hélios, 1984), il traduit Le Guerrier Pacifique de Dan Millman (Soleil, 1985), et sert d’interprète à de nombreux conférenciers américains.
À la base, Olivier n’est pourtant ni traducteur ni interprète. C’est sa rencontre avec le Dr Schaller et la confiance que lui voue ce dernier qui lui permettra de révéler et développer ses talents.
Sa deuxième rencontre se fera à travers les enseignements d’Omraam Mikhaël Aïvanhov, un maître spirituel bulgare exprimant un message avec une « simplicité confondante ». Olivier a alors 23 ans et explore le bouddhisme tibétain, le taoïsme et le soufisme. Grâce à Aïvanhov, il redécouvre ses racines chrétiennes, dont il s’était éloigné plus jeune : « J’avais besoin de comprendre, croire ne me suffisait plus ».
Olivier quitte la Suisse pour rejoindre une petite communauté en France axée autour des enseignements d’Aïvanhov, prônant l’importance d’une vie spirituelle doublée d’une activité économique concrète.
Après onze ans passés là-bas, à travailler au sein d’une société de presse et d’une maison d’édition, il revient à Genève en 1997 à l’âge de 35 ans. C’est là qu’il retrouve, Jacques Maire, le fondateur des Éditions Jouvence ayant lui aussi fait ses débuts aux côtés du Dr Schaller aux Éditions Soleil.
Il découvre et publie chez Jouvence Marshall Rosenberg, le père de La communication non-violente, et Don Miguel Ruiz dont il traduira et publiera Les 4 accords Toltèques et, par la suite, l’intégralité des livres. Il le rencontrera d’ailleurs au Mexique en 1999, ce qui donnera lieu dix ans plus tard à l’écriture de son livre Le Don du Pardon, aujourd’hui traduit en 7 langues.
Le parcours d’Oliver Clerc suit non pas un plan de carrière, qu’il n’a jamais eu, mais plutôt des rencontres significatives et des opportunités autour d’idées phares et d’activités en lien avec ces idées. Et surtout, Olivier est toujours prêt à s’impliquer, motivé par l’idée que « la vie est trop courte pour faire autre chose que se consacrer à sa passion ».
Au service des autres, peu importe le moyen
Sa passion ? « Tout ce qui peut faire avancer la conscience humaine, la santé et l’épanouissement relationnel et spirituel ». « Il y a une voix en moi qui dit “Je veux servir“, “Je veux être utile” ». Ensuite, peu importe le moyen pour Olivier, qui a étendu son activité à l’édition, la presse, l’organisation d’évènements, une activité de conférencier et formateur, en passant aussi par l’engagement politique en Suisse et sa présence sur une liste européenne en France.
Il aurait aussi pu être scénariste. « Peu m’importe le média, tant qu’à travers lui j’ai l’impression de pouvoir faire œuvre utile pour contribuer à rendre le monde un peu meilleur. Je suis un grand idéaliste, au cas où vous l’auriez pas remarqué ! », dit-il en riant.
Ce qu’il aime le plus dans son travail
« J’ai une mentalité de prof ou de prêtre. J’adore enseigner, transmettre ». Et plus encore que l’écriture, il aime transmettre directement par le biais de webinaires, de séminaires ou d’ateliers, car les moments d’échange sont « hyper-enrichissants et stimulants ». Il adore répondre aux questions que les gens lui posent, que ce soit par email ou sur les médias sociaux. Et dans les 20 à 30 ans à venir, il aimerait se diriger encore plus vers l’enseignement.
Si Olivier devait offrir des conseils à quelqu’un à la recherche d’une nouvelle activité, d’une nouvelle voie, il dirait, à l’instar de Steve Jobs lors de son discours historique devant les étudiants de Stanford en 2005 : « Trouvez ce que vous aimez faire, parce que ce que vous aimez faire, vous le ferez bien, et ce que vous faites bien, quelqu’un vous paiera pour le faire ».
Souvent, c’est la peur qui empêche les gens d’agir. Olivier contre cette peur-là avec une peur encore plus grande, « celle d’arriver à la fin de ma vie en me disant “Je n’ai pas osé faire ceci, je n’ai pas tenté cela : je suis passé à côté de ma vie” ».
Une confiance en quelque chose qui le dépasse
Olivier a confiance en la vie. Il n’insiste pas devant une porte fermée, s’efforçant plutôt d’être à l’affût de la prochaine qui s’ouvre. Il s’accorde avec le monde dans lequel il vit et il a conscience qu’il y a quelque chose qui le dépasse. « Je suis comme l’eau : elle ne remonte pas la pente, elle contourne les rochers et arrive toujours jusqu’à la mer ».
Il recommande souvent dans ses séminaires, plutôt que d’aller lire les 300 pages de La Loi de l’Attraction (qu’il se trouve avoir traduit !), de ne formuler qu’une seule et unique demande : comment nous pouvons servir ? Dans quoi nous pouvons pleinement nous épanouir et apporter le meilleur aux autres ?
Selon son expérience, cette demande attire à nous tout ce dont nous avons réellement besoin. « Si, pour vous réaliser et être utile au monde vous devez lire tel livre, vous le lirez. Si vous devez rencontrer telle personne, vous la rencontrerez. Si vous devez suivre tel stage, ça viendra. Vous serez généralement toujours surpris par ce que la vie vous offrira, mais comme on dit dans le canton de Vaud, “Vous serez déçu en bien !”. Ça sera toujours mieux que ce que vous auriez vous-même imaginé ».
Simplement une question de destin ?
À la question de savoir quel rôle Olivier joue vis-à-vis de ce « quelque chose qui dépasse », à savoir à quel point il est acteur de sa vie ou au contraire à quel point elle est prédestinée, il estime que c’est un mélange des deux. Il estime que nous avons chacun une feuille de route assez générale, un certain nombre de choses prévues dans notre vie, mais que nous avons le choix de les faire en chantant, à reculons, à quatre pattes, en râlant ou en remerciant.
À titre d’exemple, en 2007, Olivier commence à entendre une petite voix qui lui dit « T’es planqué chez toi, à traduire livre sur livre : tu as autre chose à faire ».
Il sent que la vie est en train de le pousser quelque part d’autre, mais il ne veut rien entendre : « Pour la première fois de ma vie, je jouais la carte de la sécurité, je me planquais, arguant que j’avais trois garçons, une maison à payer… Résultat des courses, comme je n’allais pas de mon propre chef où je devais aller, il m’est arrivé du jour au lendemain une grosse tuile : je n’avais plus de traductions, plus de travail, donc plus d’argent, plus rien. Quand on est branché spiritualité, parfois la vie nous flanque parfois un coup de pied occulte ! »
Passé ce « coup de matraque » qui l’a littéralement assommé pendant 24 heures, il s’est dit « Et si c’était un cadeau déguisé ? Et si la vie essayait de m’emmener là où c’est le mieux pour moi ? Et si je remerciais pour cette tuile monumentale que je viens de me prendre sur la figure ? ». Le fait d’avoir pu faire ce « petit switch » dans sa tête, plutôt que de se dire que cela ne devait pas arriver, de s’apitoyer sur lui-même et l’injustice du monde, et de râler, l’a poussé à se demander ce qu’il pouvait faire par la suite.
Un tournant majeur : Le Don du Pardon
La suite se présentera sous la forme d’un nouveau projet de livre, remis à plus tard depuis 10 ans, dans lequel Olivier a relaté son expérience de pardon fondatrice, vécue en 1999 au Mexique avec Don Miguel Ruiz. Cette expérience de pardon, qui ne figurait pas au menu du stage auquel Olivier participe, va avoir un impact profond sur lui.
Il lui faudra beaucoup de temps et d’assimilation avant d’en communiquer l’essence dans son livre Le Don du Pardon (Trédaniel, 2010). Il en résultera « une méthode pratique, aussi simple qu’efficace, permettant la guérison des blessures du cœur ».
« On peut vouloir pardonner et ne pas y arriver. Grâce aux quatre étapes du Don du Pardon, qui est une approche laïque du pardon, des milliers de personnes ont trouvé le moyen de faire œuvre de pardon ».
La suite s’enchaîne de manière spectaculaire, car les gens ayant vécu l’expérience du Don du Pardon souhaitent à leur tour le partager. Après ses ateliers de deux jours, Olivier décide donc de former des gens à animer des Cercles de Pardon de 2-3h.
Contre toute attente, en l’espace de cinq ans il se monte plus de 160 Cercles de Pardon dans une dizaine de pays, au grand étonnement d’Olivier qui pensait qu’il ne s’en créerait que quelques-uns ici et là. Tous sont animés sans but lucratif par des gens passionnés.
À la question pourquoi ces Cercles connaissent un tel succès, Olivier répond que la plupart des gens ont le cœur blessé. « Je dis souvent : ouvrez un journal, vous aurez l’impression d’avoir une page politique, une page économique, une page problèmes écologiques, une page problèmes sociaux, une page ceci-cela…, mais si vous regardez ce qui se joue derrière les apparences, ce sont juste des êtres humains qui sont en conflit, en tension, en incompréhension les uns avec les autres. Et si vous allez un peu plus profond dans chacun, vous verrez qu’ils ont tous des problèmes relationnels et émotionnels non réglés qui se reportent sur leurs entreprises, dans leurs mandats de députés, dans leurs relations multiples. À mes yeux, la guérison du cœur est donc le grand chantier du 21ème siècle. Et le pardon, tel que nous le proposons, de manière laïque, en est l’une des voies royales. »
Faire confiance à la vie
En observant le parcours d’Olivier Clerc, on constate qu’il n’a pas plan de carrière. Il fait des rencontres avec des gens avec qui il se lie par affinité et, suite à ces occasions, il développe ses compétences en lien avec les projets proposés. Évidemment, il a aussi su faire usage de ses forces. L’écriture et l’animation ne sont pas apparues par hasard. Mais il semblerait qu’il n’ait pas cherché à développer ces talents avant qu’une occasion concrète et motivante se présente à lui.
Nous voyons aussi que, par moments, comme pour tout le monde, il peut avoir peur de manquer, de ne pas pouvoir nourrir sa famille, mais c’est finalement sa confiance en la vie et sa crainte de ne rien tenter et de passer à côté de sa vie qui lui ont toujours permis d’avancer. Enfin, il a toujours suivi sa passion et s’efforce encore aujourd’hui de faire ce qu’il aime.
Il a foi en l’existence et en le fait d’être guidé sur le bon chemin. Dès lors, rien ne sert de lutter contre ce qui nous dépasse, ni de se plaindre. Face aux difficultés apparentes, plutôt que de résister à la vie, il s’efforce d’y être attentif et de s’accorder à elle : Olivier se définit comme un « surfeur de la vie ».
Plutôt que se plaindre, il préférera questionner ce qui lui arrive, se questionner, pour accéder à ses ressources intérieures et s’harmoniser au mieux avec ce qui se présente à lui.
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