Un senior qui en veut!
Deloitte Suisse a récemment mené une enquête en Suisse sur le travail des seniors. Il en ressort que 40% des personnes actives de plus de 50 ans souhaitent travailler au-delà de la retraite. Mais pourquoi les seniors veulent-ils travailler jusqu’à la retraite ou plus, si entente ?
Transmission et finances
Plusieurs motivations poussent les 50+ à s’accrocher à leur carrière : la transmission de connaissances et surtout l’aspect financier. En effet, face à la hausse de l’espérance de vie (actuellement en moyenne à 83 ans en Suisse), les systèmes de sécurité sociale s’essoufflent et la situation des seniors devient parfois précaire.
Ceux qui sont en bonne santé et imaginent la dernière ligne droite de leur parcours professionnel pour une vingtaine d’années supplémentaires, s’interrogent sur leur activité et sur leur mode de vie futur.
Se remettre en selle
Quand ils sont confrontés abruptement à la perte de leur emploi, les 50+ ont tendance à déprimer et à se sentir dévalorisés. Gilles*, âgé de 57 ans, s’inquiète de voir sur une annonce dans la Tribune de Genève du jeudi 5 décembre 2019 : « candidat/e idéal/e entre 35-45 ans ». Il ajoute : « j’ai souvent l’impression que ma candidature n’est pas digne d’intérêt malgré ma jolie carrière dans la même entreprise pendant deux décennies ».
Il faut aux têtes grises courage et persévérance pour se remettre en selle. Il est rare que les 50+ baissent les bras malgré un parcours du combattant plein de complications.
Seniors résignés à gagner moins
Jean-François Garcia, Président de l’Association SeniorsPlus, déclarait dans le journal de la FER, « Entreprise Romande », que les seniors qui veulent augmenter leurs chances de retrouver du travail doivent « faire le deuil de leur ancienne situation professionnelle ». Cela sous-entend qu’ils doivent envisager de travailler à temps partiel et de gagner nettement moins.
Départs à l’étranger
A Genève, beaucoup de seniors décident de faire le pas et de partir à l’étranger pour vivre plus confortablement avec leur petite rente. Ils ne partent pas au Portugal ou en Thaïlande uniquement pour la beauté des paysages, mais pour pouvoir souffler financièrement.
Des chiffres faussés
Par ailleurs, les statistiques du chômage sont parfois « trompeuses ». Les personnes en situation de fin de droit (celles qui ont épuisé leurs droits aux indemnités de chômage) sortent du tableau des statistiques.
Alors que, selon les données officielles genevoises, le taux de chômage à Genève s’est établi à 4,1% à la fin 2018, le calcul du BIT fait monter cet indicateur à 11,8% pour l’année dernière.
Ce fossé est impressionnant, Genève ne compterait officiellement que 9200 chômeurs. En élargissant les critères aux normes du BIT, environ 30000 personnes sont au chômage !
Seniors dépités
Plus de 20000 habitants échappent ainsi à la statistique officielle genevoise, notamment des jeunes en quête d’emploi, des femmes ayant quitté le monde du travail et des seniors dépités, fatigués d’essuyer des refus.
Les chômeurs âgés qui sont en fin de droit n’ont plus que leurs larmes pour pleurer et l’Hospice général pour leur venir en aide. Or, pour être à l’HG il faut remplir certaines conditions, comme par exemple ne pas être propriétaire de son logement ou de son véhicule.
Mesures d’encouragement
Pour empêcher cette situation de dérive sociale qui n’aide pas à la santé mentale, Genève manque des structures de soutien et d’encouragement aux tempes grises.
L’OCDE assure que le rallongement de la vie active en Suisse est essentiel pour pouvoir assurer des revenus décents aux seniors et leur donner la possibilité de continuer à vivre dans leur environnement habituel.
Le gouvernement devrait donc songer à assouplir l’âge de la retraite, les entreprises pourraient mettre sur pied des incitations au travail des aînés et renforcer les postes à temps partiel, envisager de nouvelles filières pour les employés et des modalités de formation continue spécialement destinées aux plus âgés.
Des pistes de solutions
En ce qui concerne les fonds de pension et l’AVS, ils devraient s’adapter à l’espérance de vie qui augmente régulièrement et flexibiliser la durée de la vie active des employés afin que les cotisations viennent renflouer les caisses. Par exemple, le fait de demander aux 50+ de cotiser aux assurances sociales bien plus qu’au début de leur carrière est difficile à assumer. Ne serait-il pas préférable d’exiger des jeunes professionnels de cotiser largement au début, puis de manière décroissante ?
*Prénom d’emprunt, candidat connu de la rédaction.
Sources :
« Entreprise Romande » du 22 novembre 2019
« Agefi » du 2 décembre 2019
« La Tribune de Genève » du 10 décembre 2019
Association SeniorsPlus : seniorsplus.ch
Rédacteurs: Isabel Garcia-Gill et Laurent Giudici
Photo Credit: PXHere
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