Destruction d’un patrimoine culturel inestimable
Un dicton que j’ai lu récemment prétend que « la goutte qui fait déborder le vase est une bonne chose, car c’est le début d’un changement ».
La destruction du temple de Baalshamin à Palmyre en août 2015 a été probablement cette goutte de trop pour la communauté internationale. L’Etat Islamique, auteur de ce désastre, s’était déjà attaqué à d’autres sites préislamiques auparavant, notamment à Mossoul et à Nimroud : Sanctuaires saccagés, statues renversées et brisées, bas-reliefs martelés aux ciseaux à pierre, vestiges archéologiques inéluctablement dynamités. La liste est longue.
Le prétexte à ces destructions acharnées et irrémédiables ? La non-acceptation de Daesh que des hommes aient adorés d’autres dieux que leur Dieu, avant. Ainsi, des témoins de civilisations plurimillénaires ne sont plus que d’amorphes et insignifiants amas de pierres.
C’en était trop. La diffusion, par des vidéos provocatrices, de ces violences contre le patrimoine de l’humanité a fait monter la communauté internationale aux créneaux et une collaboration étroite entre sept pays a vu le jour : l’Aliph.
La naissance d’Aliph
Ce nouveau partenariat portera le nom d’Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit, dont l’acronyme est la première lettre de l’alphabet arabe, Aliph. C’est une fondation, née sur sol helvétique, à Genève en mars 2017.
Elle est soutenue par sept états : La France – initiatrice du projet – le Luxembourg, les Emirats arabes unis, l’Arabie Saoudite, le Koweït, le Maroc et la Chine. La Suisse est le pays hôte et la Principauté de Monaco un nouveau partenaire. Des donateurs privés apportent également leur contribution, comme la Fondation Gandur pour l’art, Andrew W. Mellon Foundation et l’homme d’affaires Thomas Kaplan nommé Président du Conseil. Un premier montant de 76 millions de dollars avait déjà été réunis en 2017 et la totalité a été versée trois ans plus tard.
Une organisation présente sur quatre continents
Active sur quatre continents et dans une vingtaine de pays, du Pérou à l’Indonésie, en passant par l’Afrique, l’Europe, le Proche et Moyen-Orient, elle a soutenu et participé en deux ans à plus de cent actions visant la protection des biens culturels mondiaux.
L’Aliph est une organisation internationale, l’une de plus récente, et fonctionne sur le modèle d’une start-up, en répondant notamment rapidement aux urgences du terrain. On est dans le concret, « dans l’action » insiste Sandra Bialystok, responsable de la communication de la jeune organisation.
Intégration de la population locale
Les populations locales sont intégrées aux projets, devenant ainsi progressivement actives dans la protection de leurs propres biens. Elles sont sensibilisées et formées afin de pouvoir continuer seules par la suite les actions initiées par Aliph. Les acteurs spécialisés de la fondation sur le terrain vont « s’appuyer sur des acteurs locaux pour poursuivre la mise en œuvre ». Aliph est donc un « point de départ » qui passe petit à petit le témoin à la population locale.
Amélie Banzet, coordinatrice Irak/Syrie de la Fondation, qui a collaboré avec plusieurs bailleurs de fonds internationaux, nous confie que « Aliph a une flexibilité absolument indispensable pour travailler dans ces zones où il se passe des choses difficiles à prévoir. Ils ne donnent pas juste de l’argent. Ils accompagnent vraiment dans la construction du projet » (Propos tirés de aliph-foundation.org/fr, la vidéo « Aliph : Protéger le patrimoine pour construire la paix »).
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Source et photo credit : Aliph