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Comment les cantons favorisent le développement économique

Écrit par Cecile Enjolras
Paru le 17 septembre 2015

A l’heure de la mondialisation, comment des cantons peuvent favoriser l’implantation de nouvelles entreprises ainsi que le développement des entreprises implantées localement ? En d’autres termes, comment encourager le développement économique ? Au travers de cet article, nous passerons en revue les missions d’un service cantonal de la promotion économique et comment elles sont mises en œuvre. Nous étudierons aussi s’il existe des différences d’un canton à l’autre et à quels endroits elles se situent. Lionel Eperon, chef du  SPECo (service de la promotion économique et du commerce) du canton de Vaud, et Daniel Loeffler directeur du Service de la promotion économique du canton de Genève, nous expliquent leur travail au quotidien.

développement économique

 

Canton de Genève et canton de Vaud

Quelles sont les missions de ces services :

Quel que soit le canton, le rôle de ces services est de promouvoir le tissu économique local, c’est-à-dire favoriser le développement des entreprises installées, voire leur création et inciter des investisseurs étrangers à venir s’installer. On peut aussi définir la promotion économique comme l’action de créer les conditions-cadre favorables au développement des entreprises et rentrer dans un cercle vertueux de croissance pour un canton. Si les entreprises se portent bien et se développent, cela crée un environnement propice à l’emploi et au bien-être économique de la population. Si la population s’enrichit, par extension le canton aussi. Cela influence également sa notoriété et son attractivité, et ainsi de suite.

Les cantons de Genève et de Vaud ont tous les deux cette mission de faire de leur territoire le meilleur endroit pour une entreprise pour se créer, s’implanter, se développer. "The best place to be".

En plus de cette mission, le SPECo a une mission de régulation de l’économie au travers de la police du commerce. La police du commerce a pour rôle de réguler les activités présentant des risques jugés importants pour le consommateur. Cela passe par un rôle d’information, d’autorisation avec des permis ou licences et de contrôle, voire de sanctions. Quelques exemples d’activités : les restaurants, les bars, les établissements vendant du tabac. D’un canton à l’autre, ces règles ne sont peut-être pas les mêmes mais les objectifs oui. Ce service  est à l’interface de deux missions très différentes bien que complémentaires, « La carotte avec la promotion économique, le bâton avec la police du commerce », selon Lionel Eperon.

Le canton de Genève a lui fait le choix de distinguer ces deux activités, elles sont réparties dans deux services différents faisant partie du même département, à savoir celui de la Sécurité et de l’Economie.

Mais comment, quels outils ont-ils mis en place ?

Avant toute chose, il faut différencier les actions à destination des entreprises ou start-up déjà implantées ou évoluant sur le territoire (actions endogènes), des actions visant à favoriser l’implantation de nouvelles entreprises étrangères (actions exogènes), par exemple le centre européen d’une multinationale.

Commençons par les actions exogènes : chacun d’entre eux mène des actions directes de promotion à l’étranger, en organisant des délégations. L’objectif est d’emmener un groupe de PME/PMI d’un secteur dans un pays spécifique pour d’une part les faire connaître mais aussi pour que ces PME découvrent un nouveau marché potentiel pour l’exportation de leurs produits, découvrir de nouveaux clients et leurs attentes. Ces voyages sont aussi l’occasion de faire de la veille économique, en regardant comment fonctionne l’environnement économique, quelles sont les tendances et les attentes du marché.

En plus de leurs actions directes, tous deux s’appuient sur le S-GE et le GGBa.

Le Switzerland Global Enterprise (S-GE), organisme fédéral, est chargé de faire la promotion de la Suisse et faciliter les exportations des entreprises nationales, notamment grâce à son réseau de 21 Swiss Business Hubs rattachés aux ambassades.  Le Greater Geneva Berne area (GGBa), est un organisme inter-cantonal, qui assure la prospection à l’étranger pour six cantons (Genève, Vaud, Valais, Neuchâtel, Fribourg et Berne). C’est un réseau d’agents œuvrant dans huit pays prioritaires : France, Allemagne, Italie, Etats-Unis, Brésil, Russie, Inde et Chine. Ils doivent prospecter auprès d’entreprises souhaitant s’implanter en Suisse.

Lorsque le GGBa  a détecté une entreprise désireuse de s’implanter, en fonction de ses critères d’établissement, il renvoie vers le ou les cantons susceptibles d’y répondre. Ensuite c’est au service de la promotion économique de chacun de convaincre la potentielle entreprise de s’implanter dans son canton. Pour ce qui est de Genève, le service de la promotion traitera en direct le contact. Le canton de Vaud quant à lui a délégué cette partie à une association de droit privé : le DEV (Développement économique du canton de Vaud).

Chaque année ce sont entre 20 et 30 nouvelles entreprises qui s’installent dans les cantons de Genève et Vaud. Pour la zone GGBa, l’année 2014 a été marquée par l’implantation de 87 nouvelles entreprises grâce  à cette action inter-cantonale.

Pour ce qui est des actions endogènes, les outils et les pratiques sont un peu différentes, même si elles ont toujours un même objectif : favoriser la croissance des entreprises locales.
Le canton de Genève a fait le choix de baser sa politique de soutien à l’économie locale sur 3 piliers :

1.     Informer les entreprises ou les personnes voulant créer leur entreprise : Par exemple des informations sur les financements ou le processus administratif. Il a aussi le rôle d’orienter vers le bon interlocuteur.
2.    Accompagner et coacher les personnes ayant un projet innovant en soutenant les activités des structures telles que l’OPI, Genilem, Eclosion, Fongit. Ce sont des projets qui ont des besoins spécifiques et nécessitant des coachs spécialisés dans les domaines d’activité  et ayant une expertise : «  tout le monde ne s’improvise pas coach en science de la vie » selon Daniel Loeffler.
3.   Soutenir les entreprises par l’intermédiaire du FAE (Fondation d’aide aux Entreprises,) grâce à des financements subsidiaires aux banques et aux investisseurs privés.

Le canton de Vaud a également trois actions différentes, dont une où il agit en direct :

1.    Il attribue des aides directes à une cible bien particulière d’entreprises. L’intervention du canton ne doit pas créer de distorsion de la concurrence. Pour cela le choix a été fait d’aider des entreprises à haute valeur ajoutée et dans des secteurs fortement innovants et certaines industries. Les huit secteurs d’activités sont : les cleantech, l’industrie agroalimentaire, l’industrie de précision, l’industrie des produits haut de gamme, les sciences de la vie (biotech, pharma et medtech), le sport international, les technologies de l’information et de la communication et le tourisme.
2.   Il soutient financièrement un réseau d’acteurs fournissant des prestations aux PME/PMI et start-up comme Genilem, Innovaud, Alliance ou La Fondation pour l’Innovation Technologique.
3.  Il soutient les associations économiques régionales et les aide à développer leurs points forts. Cette action vise à avoir un développement harmonieux du territoire.

Ces services ont tous les deux une autre mission, moins visible mais tout aussi importante, celle d’être une «interface entre le public et le privé » comme l’a justement dit Lionel Eperon.
Pour le Canton de Genève, cette mission consiste à écouter les entreprises « pour pouvoir connaître les enjeux auxquels elles sont confrontées, évaluer le futur du développement économique pour développer les conditions cadres favorables au développement économique » selon Daniel Loeffler. La stratégie économique à 2030 pour le canton , dévoilée le 25 août lors d’une conférence de presse, en est l'un des aboutissements.

Pour le canton de Vaud, cette mission est primordiale lors de l’implantation d’une nouvelle entreprise ou du développement d’une entreprise préexistante. Car, selon Lionel Eperon, « il faut être très réactif. Le rôle du SPECo est de marier les logiques relativement différentes, entre une logique très normalisée à l’Etat où chaque décision nécessite une base légale , et repose donc sur des temporalités relativement longues d’une part, et une logique de la réactivité : celle des choix stratégiques des PME ou des grandes entreprises qui sont confrontées à une concurrence toujours dure, d’autre part. »

Une fois de plus, les objectifs sont les mêmes d’un canton à l’autre. Ce qui change se sont les méthodes, les outils, l’organisation ou les intervenants. L’objectif est le même : développer en permanence l’économie d’une région et faire de son canton le territoire le plus prospère possible.

Sources :
Interviews de M. Loeffler et M. Eperon
http://www.ge.ch/themes/themes_economie.asp
http://www.vd.ch/themes/economie/

Crédit photo : Gerd Altmann De Freiburg via Pixabay under Creative Commons licence

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