La « belle époque » du monde bancaire et aujourd’hui
De nos jours, les banques sont amenées de plus en plus à rechercher et à attirer les meilleurs diplômés des grandes écoles, mais elles sont parfois déçues par les compétences que ces derniers peuvent leur apporter. Le secteur bancaire souhaite que leurs jeunes recrues soit numériquement agiles pour conduire les changements nécessaires dans ce secteur, bien avisés des nouveaux barrages réglementaires, et surtout avec une tête bien faite et une forte capacité d’adaptation, un certain know-how, face à l’environnement changeant de l’industrie financière. Mais où est donc passée la belle époque ?
Frédéric Kohler, Directeur à l’Institut Supérieur de Formation Bancaire, a répondu à un certain nombre de ces questions lors de l’Évènement de Geneva Business News, mardi 12 avril 2016, "Les Tendances du recrutement en 2016". Voici ce que nous avons retenu.
Son parcours
Expert en gestion des compétences bancaires, Frédéric Kohler a œuvré 13 ans en tant que responsable formation de deux très importants établissements bancaires de la place genevoise. Précédemment, il a été cinq ans professeur d’école, puis expert en formation informatique à Genève pendant près de 10 ans.
Titulaire de deux licences universitaires, en Droit public et en Sciences de l’Éducation, Frédéric Kohler est Directeur de l’Institut Supérieur de Formation Bancaire (ISFB) depuis avril 2012. Il est également Président du Conseil de la HES Kalaidos Banque & Finance (Romandie) et membre du Conseil d’administration de l’École Supérieur Spécialisée en Banque et Finance (ESBF). Avec une telle expérience dans le secteur, Frédéric Kohler est bien placé pour esquisser les tendances de recrutement dans ce secteur depuis la « belle époque » où les banquiers restaient plus de 20 ans dans une seule et même banque, à aujourd’hui, où les profils se spécialisent de plus en plus.
Selon Frédéric Kohler, il y a trois points importants à considérer, tout en essayant de comprendre le marché de l'emploi du secteur aujourd’hui :
1. La fin du secret bancaire
En 2013, la Suisse a signé l‘échange international automatique de renseignements en matière fiscale.
La nouvelle norme internationale d'échange automatique de renseignements (EAR) permet de lutter contre la soustraction d'impôt sur le plan international. Jusqu'à présent, près de 100 états, dont la Suisse et tous les grands centres importants se sont déclarés prêts à reprendre cette norme.
Les bases légales requises en vue de l’adoption de l’EAR, à savoir la Convention sur l’assistance administrative, l'accord multilatéral entre autorités compétentes concernant l'échange automatique de renseignements relatifs aux comptes financiers (MCAA) et le projet de loi fédérale sur l’échange international automatique de renseignements en matière fiscale, ont été soumises au Parlement pour approbation en juin 2015. Les trois projets ont été adoptés en vote final en décembre 2015 et doivent entrer en vigueur le 1er janvier 2017, en vue de collecter les premières données en 2017 et d’échanger celles-ci à partir de 2018.
Frédéric Kohler nous informe que la conséquence directe de la fin du secret fiscal a amené un changement radical des méthodes de recrutement dans le secteur bancaire. Les mentalités semblent par conséquent évoluer dans un domaine qui relève de la liberté contractuelle et de la compétitivité des places financières.
2. Le recrutement il y a 20 ans… et aujourd’hui
La dynamique de l’emploi dans le secteur bancaire est guidée, d’une part, par un fort turnover et, d’autre part, par les changements liés à l’environnement fiscal et réglementaire ainsi qu'à la transformation numérique.
Dans le secteur bancaire, un faible nombre de postes a été détruit.
Le secteur bancaire est un gros recruteur, principalement en contrat à durée indéterminée (CDI). Nous y retrouvons les soi-disant « new joiners », les employés qui fluctuent entre les diverses banques et instituts financiers et enfin ceux qui ont effectué 20-30 ans d’employabilité.
Malgré les difficultés rencontrées ces dernières années, le secteur de la banque et de la finance reste un employeur important, proposant des opportunités d’emploi réelles.
Anciennement, les collaborations professionnelles étaient en moyenne de 20 ans, et ce jusqu'en 2002 dans le secteur bancaire. Ceci relève de l’exception aujourd’hui, car la moyenne de collaboration est de cinq ans. L’ancienneté moyenne a été divisé par quatre dans les banques, ce qui découle d'un turnover revenu à la normale.
3. Un marché qui demande de plus en plus de spécialisation
Le secteur bancaire exige dorénavant un portefeuille de compétences complètement diffèrent de ce qui était recherché auparavant. Aujourd’hui, mise à part la recherche continuelle du savoir-faire qui doit sans cesse être développé, le secteur bancaire est principalement axé sur l’expérience et l’expertise. L’employé doit constamment acquérir des certifications, et se spécialiser dans son domaine. Par exemple, aujourd’hui on attend d'un analyste financier qu'il ait le niveau CFA, ce qui n’était pas le cas il y a 20 ans. Le titre de Chartered Financial Analyst (CFA) est un diplôme délivré par l'Institut CFA (en), une organisation privée et est l’un des diplômes les mieux valorisés dans l’industrie du asset management.
Les spécialistes s’arrachent sur le marché, du fait que le manque de ressources humaines particulièrement qualifiées dans ces questions spécifiques semble être encore le plus difficile à combler dans le secteur. Les banques capables de maîtriser et d'appliquer ces réglementations auront un avantage concurrentiel sur les autres. De plus, avec la législation américaine contre l'évasion fiscale - connue sous le sigle FATCA – la Suisse souligne sa volonté de renforcer et d'améliorer sa coopération avec les États-Unis dans la lutte contre l'évasion fiscale internationale. L'organe de qualification concernant FATCA a été constitué le 2 octobre 2013. Il est placé sous la direction du SFI. En font également partie l'Administration fédérale des contributions, l'Office fédéral des assurances sociales et les institutions telles que, Association suisse des banquiers ASB, SwissHoldings, l’Association Suisse des Gérants de fortune ASG et bien d’autres.
L'organe de qualification a pour but de favoriser la collaboration des représentants impliqués. Il examine les questions générées par la mise en œuvre de l'accord FATCA.
Toutefois, malgré ces bouleversements dans le secteur, le domaine bancaire, le secteur bancaire restera en Suisse un employeur de poids. C’est un facteur important pour l’économie suisse dans son ensemble.
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