Le groupe d’experts de la Confédération a publié le 16 juin 2015 ses prévisions conjoncturelles du 2ème trimestre 2015. L’économie suisse traverse toujours une phase d’ajustement au franc fort et reste vulnérable à toute variation éventuelle du taux de change. Malgré un recul de 0.2%, les experts estiment que le PIB devrait croître de 0.8% en 2015, ce qui reste néanmoins plus bas que la moyenne 2014 (2.0%).
Une chute plus brutale a été évitée, en grande partie grâce à la consommation privée. Cette dernière a agi comme véritable pilier, alors que le choc de janvier a affaibli plusieurs secteurs de l’économie, en commençant par les plus sensibles aux taux de change. C’est le cas de l’hôtellerie et de la restauration, mais aussi du commerce extérieur, dont la balance négative s’explique par une augmentation des importations et une diminution des exportations. L’investissement a également été réfréné en raison du nouveau contexte monétaire (taux négatifs) et relationnel avec l’Union Européenne. Par contre, l’impact a été moindre sur les secteurs de la construction (+1.1%) et de la santé (+1.6%) qui ont pu continuer à progresser.
Le taux d’inflation est quant à lui négatif à hauteur de -1.0% et se traduit par des prix à la consommation, à l’importation et à la production en baisse, principalement à cause de la chute du prix du pétrole et de l’appréciation du franc suisse. Cette hausse du pouvoir d’achat a à son tour tiré le sentiment des consommateurs vers le haut.
Même si 2016 s’annonce sous de meilleurs auspices avec une croissance du PIB de 1.6%, les experts prévoient une légère augmentation du chômage tout en maintenant une moyenne de 3.3% pour l’année en cours, qui devrait passer à 3.5% l’année prochaine. La Suisse alémanique semble plus affectée par la hausse du chômage que la Suisse romande ou le Tessin.
C’est donc un portrait plutôt réservé que les experts ont dressé de l’économie suisse début 2015, et ce, notamment en raison de la conjoncture internationale. En effet, alors que les USA ont rapporté un PIB en recul de 0.2% après trois trimestres positifs consécutifs, le reste du monde envoie des signaux contradictoires. La Russie connaît actuellement une forte récession - accentuée par la situation en Ukraine - tandis que le Brésil souffre dans son secteur clé qui est l’exportation de matières premières. Par ailleurs, si l’Inde affiche une croissance dynamique, la croissance est plus modérée au Japon et carrément ralentie en Chine, notamment à cause de l’immobilier.
Au final, c'est surtout l’incertitude liée à la zone Euro et au dénouement de la crise grecque - dont l’ultime sommet des chefs d’états de l’UE est prévu ce lundi 22 juin - qui rend les prévisions pour l’économie suisse plus difficiles et sujettes à révision.
Sources :
www.seco.admin.ch/themen/00374/00375/00381/index.html?lang=fr
http://www.seco.admin.ch/aktuell/00277/01164/01980/index.html?lang=fr&msg-id=57690
Résumé succint et très efficace, avec une très bonne vue d'ensemble de tous les facteurs conjoncturels importants pour l'économie helvétique.
Merci Oscar, c'est toujours un challenge de parler de conjoncture sans tomber dans le style jargonneux qui lui est si propre ! J'espère lire très prochainement un de tes nouveaux articles (post GBN)
Je trouve très intéressant ton article Mouniah. Il est à la fois quantitatif, car t’as trouvé des chiffres pour appuyer ton point vue et très informatif dans le sens qu’il est bon de savoir ce qui se passe dans l’économie du pays dans lequel on évolue. Il paraît que la Suisse, étant située au centre de l’Europe est quand même affectée par les vagues économiques de tous les pays qui l’entourent. Mais ce qui en sûr, c’est qu’elle ne fut jamais submergée par les flots et trouvera une stratégie efficace qui lui permettra de remettre les pendules à l’heure.