Le Big Mac, hamburger phare de la chaîne de restauration rapide McDonald’s, est un modèle de cohérence. Composé de sept ingrédients, le sandwich à deux étages est préparé de manière quasiment identique dans plus de 36 000 restaurants et plus de 100 pays à travers le monde. Cette uniformité représente la sauce secrète de l’indice Big Mac, le guide allégé des taux de change produit chaque année par The Economist. Selon les dernières données de l’hebdomadaire, une majorité des devises étrangères seraient sous-évaluées à ce jour par rapport au dollar américain. Ainsi, par rapport à ses fondamentaux, le billet vert paraît lui-même plus fort qu’à aucun moment depuis ces trois dernières décennies.
Le pouvoir d’achat d’un Big Mac. Partout pareil ?
L’indice Big Mac est basé sur la théorie de la parité de pouvoir d’achat (PPA), selon laquelle les devises doivent s’ajuster entre elles jusqu’à ce que le prix d’un panier de biens identiques - dans ce cas précis, celui d’un Big Mac - coûte la même chose partout. Par cette mesure, la plupart des taux de change sont bien loin du compte. En Russie, par exemple, un Big Mac coûte aujourd’hui environ 110 roubles (soit 1,65 dollars), contre 5,58 dollars aux États-Unis. Cela suggérerait que le rouble serait ainsi sous-évalué de 70% par rapport au dollar américain. En Suisse, les clients de McDonald’s doivent débourser à peu près 6,50 francs suisses (soit 6,62 dollars), ce qui signifierait que le franc suisse serait surévalué de 19% comparé au dollar.
Selon cet indice, la plupart des devises étrangères seraient davantage sous-évaluées par rapport au dollar qu’elles l’étaient il y a six mois, alors que ce dernier était déjà particulièrement fort. Selon les pays, cette appréciation relative du dollar aurait été provoquée par de simple variations de taux de change. Notamment, le dollar américain achèterait aujourd’hui 35% de plus de pesos argentins et 14% de plus de livres turques qu'en juillet dernier. Dans d’autres cas, les fluctuations des prix du hamburger lui-même étaient en grande partie responsables. En Russie par exemple, le prix local d'un Big Mac aurait chuté de 15%.
Il est vrai que l’indice de The Economist a rarement l’habitude de surévaluer les devises des marchés émergents. Cependant, de nos jours, le dollar domine tant les pays riches que les nations pauvres. La livre anglaise, par exemple, semblait valoir un prix raisonnable il y a cinq ans encore. Aujourd'hui, les Américains voyageant en Grande-Bretagne constateront que leurs Big Macs coûteront 27% moins chers que chez eux.
Analyse 2018 et implications pour 2019 et au-delà
De tels écarts par rapport à la parité du burger pourraient persister en 2019. Il se peut que les différents taux de change s’écartent de leurs fondamentaux, en raison des politiques monétaires ou des changements concernant l’appétence au risque des investisseurs. En 2018, la hausse des taux d’intérêt et les réductions d’impôts avaient rendus les actifs américains plus attractifs, renforçant ainsi la valeur du dollar américain. En revanche, cela représentait une mauvaise nouvelle pour les économies de marché émergentes, ayant des dettes libellées en dollars. Leurs devises s’étaient affaiblies à un moment où les acteurs de marchés commençaient à s’inquiéter davantage. De même, les rendements américains avaient commencés à baisser en fin d'année dû au ralentissement de l’économie mondiale ainsi qu’aux attentes de marché anticipant une Réserve fédérale plus « dovish ». Malgré tout, le dollar aura su rester fort jusqu'à ce jour.
Bien que la PPA soit un mauvais prédicteur de taux de change à court terme, elle se conserve mieux sur de longues périodes. Selon une analyse, les données remontant jusqu’à 1986 montreraient que les monnaies jugées sous-évaluées par l'indice Big Mac avaient tendance à se renforcer, en moyenne, au cours des dix années suivantes (et inversement). De quoi faire réfléchir les investisseurs entre temps sur le comportement des taux change en 2019 et des années à venir.
Pour découvrir l'index Big Mac réalisé par The Economist, suivez le lien ci-contre : « The Big Max Index »
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