Nicole Regier est biologiste en science des plantes. Après des études de biologie agricole à l’Université de Hohenheim à Stuttgart, cette spécialiste en amélioration et en protection des cultures végétales poursuit son doctorat et acquiert une expertise dans le domaine de la biotechnologie et de la biologie moléculaire. Pourquoi avoir choisi ce domaine d’expertise ? Comment la connaissance des plantes peut-elle perfectionner la technologie agricole ? Quels sont les challenges pour les chercheurs d’aujourd’hui et de demain ? Rencontre avec une passionnée de sciences et de technologie.
La première image évoquée et qui saute aux yeux concernant la passion de Nicole peut se traduire ainsi : « Connaissez-vous l’expérience des petits pois verts et jaunes ? » Pour ceux qui n’auraient jamais entendu parler des lois de Mendel, ce moine européen du XIXe siècle a posé les bases de ce qui deviendra par la suite la génétique moderne, par le croisement de pois verts et jaunes. C’est par cette simple expérience scolaire que commence le très grand intérêt de la jeune Nicole pour la connaissance et le désir d’en savoir plus sur les plantes. La fascination pour la biologie a commencé pour elle avec ses premiers cours de génétique et c’est tout naturellement qu’elle a persévéré dans cette voie. « Ce qui est le plus passionnant à travers la génétique, ce sont les choses que tu peux prouver, même si tu ne les vois pas ». En restant dans le domaine de la biologie moléculaire, ce sont toutes les questions liées aux réactions des plantes face à leur environnement, la réponse des gênes et leur fonctionnement dans des environnements de stress qui l’intéressent. Il va sans dire que la passion pour la nature depuis sa plus tendre enfance n’a fait qu’encourager Nicole Regier à persévérer dans cette voie.
D’un point de vue plus technique, Nicole Regier a travaillé sur les mécanismes des métabolismes du sucre et de l’amidon dans les racines du peuplier. Elle a mis à profit les méthodes de la biologie moléculaire pour étudier les effets du stress et de la sécheresse (comment les plantes s’adaptent aux environnements très difficiles et parviennent à survivre). Etudier le comportement des plantes et leur réaction face à un environnement hostile a des impacts tout à fait concrets sur les méthodes de production agricole. Ainsi, les techniques d’agriculture moderne comme l’irrigation goutte-à-goutte ou l'usage drastiquement réduit de pesticides sont complémentaires de la recherche scientifique sur les espèces.
Etat des lieux et perspectives d’avenir
Désirant poursuivre son cursus académique en Suisse, Nicole Regier trouve un projet très intéressant à Genève sur un sujet complètement différent : les effets de la pollution au mercure sur les eaux et leurs répercussions sur les plantes aquatiques. L’importance de se trouver au bon endroit au bon moment est essentielle dans tout projet scientifique. Ainsi, Nicole Regier évoque les rencontres avec d’autres professionnels, afin d’étudier des projets intéressants et d’enrichir son cursus académique. Ces synergies sont fondamentales pour perfectionner son expertise et ainsi faire face aux challenges qui sont ceux de tout chercheur à l’heure actuelle. La compétitivité est probablement l’enjeu majeur dans le monde scientifique contemporain. Ainsi, il est difficile d’obtenir des financements et les chances de recevoir ces derniers dépendent avant tout des résultats espérés et des domaines de recherche.
« Quand tu as une idée, tu dois savoir comment la mener à bien, pas à pas, pour arriver au résultat. Le financement est difficile, il y a un côté politique important car souvent ce sont les professeurs qui obtiennent les financements et pas les jeunes chercheurs. Ceux qui ont prouvé qu’ils ont des résultats obtiennent aussi plus facilement des financements. »
Difficile de ne pas être saisis par cette évocation et ce constat. Bien évidemment la réalité est remplie de contrastes, mais la vie de beaucoup de chercheurs et de jeunes scientifiques est faite de précarité, et c’est un élément qu’il faut prendre en considération.
Nicole Regier pense qu’en ce qui concerne les perspectives d’avenir, il y aura moins d’argent disponible pour la recherche. Aujourd’hui, beaucoup de projets sont écrits et conçus pour des doctorants, car ils sont moins chers en terme de salaires. Ainsi, au niveau académique, les perspectives pour un chercheur souhaitant se stabiliser sont minces. « Personnellement, je souhaiterai aller vers le privé, avant tout pour avoir une situation stable. Je trouve la recherche académique passionnante, mais j’aime aussi être utile. Le privé est bien sûr beaucoup plus compétitif et concurrentiel pour les chercheurs. Ceci pourrait signifier pour moi, soit le retour vers l’agriculture ou vers les services. Il y a toujours le même élément de recherche dans les deux domaines, c’est juste un peu différent. »
Au vu des difficultés évoquées dans le monde académique, la pertinence des passerelles entre le privé et le public fait plus que jamais sens dans le monde scientifique. Ainsi, les confluences et les intérêts communs des deux domaines pourront-ils à l’avenir faire évoluer le monde de la recherche et poser les bases du progrès de demain ?
Sources : Wikipédia, agriculture.gouv.fr, FAO
Photo credit : Alexandra Baeriswyl
Très bel article, Nicole Regier est vraiment une passionnée par son métier. Il est bien dommage que l'argent soit toujours source de changement et que de telles personnes ne puissent se réaliser dans leur domaine de prédilection. Merci Oscar pour cet article.