Retrouver une travail pour un sans emploi âgé de 50 ans et plus est un challenge difficile à relever. Il existe une autre possibilité de se remettre en activité, non en tant que salarié, mais comme travailleur indépendant ou en association. Celle-ci comporte certes des risques, mais le jeu en vaut la chandelle. Il s’agit de l’opportunité de devenir professionnellement indépendant.
Le projet consiste à créer ou à reprendre un commerce, éventuellement de petite taille au début, de façon à minimiser les risques liés à l’investissement en capital, nécessaire à pareille entreprise. Cela signifie changer complètement d’environnement, de règles du jeu et de genre d’activité. Nous pensons ici à la reprise d’un café (limité aux boissons) ou d'un restaurant (offrant de la petite ou de la grande cuisine).
Il existe un capital utilisable pour mener à bien un tel projet, à savoir le 2ème pilier. Généralement, ces quelques centaines de milliers de francs constituent une somme suffisante pour lancer l’affaire. Cela vous dispense de solliciter votre banque ou d’entamer de lourdes et longues démarches administratives. S’agissant du capital du 2ème pilier, il faut relever qu’il ne servira plus de rente en cas de retraite anticipée. Or, la question que nous examinons est celle s’engager dans une nouvelle activité avant l’âge de 65 ans, soit pour une dizaine d’années en moyenne.
Devenir indépendant en reprenant un café
Nous avons choisi un café. Situé où ? De quelle grandeur ? Pour quelle clientèle ? De quel style ? Il s’agit d’en visiter autant que possible, de recourir aux services d’une agence, de mettre en balance les avantages et les inconvénients. Une capacité de 30 à 50 places paraît représenter un cadre satisfaisant pour commencer.
Le choix du lieu
Première étape : choisir un lieu de passage, près d’une gare, d’un grand magasin, d’un centre commercial ou d’un ensemble d’immeubles comportant de nombreux bureaux, afin d’être situé sur un lieu de passage important, ce qui représente autant de clients potentiels. Après avoir identifié un établissement susceptible d’intérêt, il est primordial de le fréquenter et de connaître sa clientèle, ses produits les plus vendus et ce qui fait sa particularité, bref, ce qui pousse les clients à fréquenter celui-ci et non un autre commerce du quartier.
Le projet
Puis viennent les premières discussions avec le gérant : pendant combien d’années en a-t-il été l’exploitant ? Et surtout, pourquoi vend-il son commerce ? Il y a lieu de considérer son rôle d’animateur des lieux, sa relation avec les habitués. En effet, il est souvent un pilier de son établissement, celui que l’on vient voir pour discuter. La même remarque s’applique à son personnel, en particulier s’il est attaché au service depuis une longue période. Citons l'exemple d'un café-restaurant de quartier de Genève, repris par un homme étranger au métier. En quelques semaines, la nombreuse clientèle d’habitués déserte l’endroit car elle n’y trouve plus l’ancien patron et son incontournable serveuse, tutoyant tout le monde, généreux et boute-en-train. D’un café, le nouveau propriétaire voulait faire un restaurant de moyenne gamme. Mais pareils établissements fourmillaient déjà à la ronde. Le marché était donc saturé. La faillite était programmée et survint une année plus tard. Arriva un nouveau repreneur qui fit un pas en arrière et qui rétablit l’ancien débit de boissons. L'ancienne clientèle ne manqua pas de se réattribuer les lieux, ce d’autant que la serveuse des débuts fut réengagée. L’exemple est à retenir. Cela ne signifie pas qu’il n’y a rien à changer et à améliorer une fois les coudées franches, mais attention à respecter l’âme des lieux. Elle existe bel et bien.
Les autres aspects financiers primordiaux après celui du financement sont le rendement. Charges contre chiffre d’affaires, donc salaires. L’examen des trois derniers bilans du café avec un comptable donnera une réponse. C’est le nerf de la guerre, votre 2ème pilier aussi.
Un changement de vie
Ce nouveau métier présente l’avantage de nécessiter une formation certes, mais ni longue ni fastidieuse. Il s’apprend en partie « sur le tas », ce qui n’est plus fréquent aujourd’hui ; il peut également se pratiquer au-delà de l’âge de la retraite. L’établissement n’est pas censé perdre de la valeur au fil des années, et peut aussi être mis en gérance le jour venu, lorsque la rente AVS sera servie et lorsque, l’âge venant, les besoins financiers auront diminué.
Voici donc un projet professionnel qui s’assimile à un projet de vie, tant il modifie du tout au tout ce que vous avez connu jusque là. C’est une belle manière de terminer sa carrière professionnelle dans la nouveauté et le challenge. Et qui sait, peut-être dans l’opulence !
Dans un prochain article, nous examinerons de manière plus précise les questions financières et administratives, les salaires, le bénéfice à attendre.
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