C'est un bien mauvais commencement de l'année 2016 qui s'annonce sur les marchés boursiers. Dans la nuit de mercredi à jeudi, la bourse de Shangai a fermé dans l'urgence une vingtaine de minutes seulement après son ouverture. En effet, la crise de confiance envers la solidité de l'économie chinoise ainsi que la perte de confiance dans son modèle économique semblent pour l'instant s'installer.
La sévère chute des marchés cette semaine fait écho au ralentissement spectaculaire de la croissance du mastodonte asiatique, crise qui semble plus sévère que prévu. La Chine, dont la croissance reste très forte, fait face pour la première fois depuis son décollage à une perte de vitesse. Pour les analystes, c'est surtout la politique économique des autorités qui est à remettre en doute.
Selon Thuy Van Pham de l’institut COE-Rexecode : "L’économie chinoise tourne depuis des mois au ralenti et beaucoup doutent désormais de sa capacité à opérer la transition vers un modèle plus durable, basé sur les services et la consommation intérieure".
Assistons-nous aux prémices d'une panique boursière liée au manque de capacité des autorités chinoises à gérer la monnaie nationale ? Les difficultés structurelles qui frappent Pékin cette semaine font en effet craindre de brusques mouvements sur les marchés. Les réserves de change ont chuté en décembre, ce qui implique la forte intervention de l'état chinois afin d'accélérer la dévaluation du yuan. Il s'agit du huitième abaissement de la monnaie nationale face au dollar. Le modèle économique chinois, jusqu'à présent quasi uniquement tourné vers les exportations et les investissements, a assuré pendant des années à la Chine une croissance spectaculaire à deux chiffres. Manifestement, les hésitations constantes de Xi Jinping quant aux décisions structurelles sur le yuan ainsi que les difficultés qui pourraient être celles de la Chine à se tourner vers un marché intérieur font grandement craindre les investisseurs. Sans évoquer les blocages liés à une économie planifiée et un régime dictatorial qui sont difficilement compatibles avec une économie de marché. Les autorités chinoises vivent ce perpétuel paradoxe entre une économie ultra-libérale et un gouvernement communiste (ou ce qu'il en reste).
Selon le milliardaire américain George Soros : "La Chine a un très gros problème d'ajustement. Je dirais que c'est bien une crise. Quand je regarde les marchés financiers, je vois une situation sérieuse qui me rappelle la crise que nous avons eu en 2008."
Autre élément important dans l'équation : les chiffres officiels des autorités chinoises ne sont absolument pas fiables en règle générale, ce qui rajoute à la méfiance observée cette semaine. Il faudra suivre les évolutions des marchés dans les prochains jours afin d'observer si cette tendance s'installe. La Chine, locomotive des BRICS, sera-t-elle à son tour contaminée par la déception qui touche les économies émergentes ?
Oscar Ferreira
Rédacteur en chef
Sources :
http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/01/08/y-a-t-il-un-pilote-pour-redresser-l-economie-chinoise_4843674_3234.html
http://www.hebdo.ch/news/economie-finance/la-d%C3%A9route-boursi%C3%A8re-chinoise-fait-douter-de-l%C3%A9conomie-mondiale
http://www.tdg.ch/economie/krach-survenu-chine-trembler-marches/story/30144748
http://www.la-croix.com/Actualite/Economie-Entreprises/Economie/La-difficile-transition-de-l-economie-chinoise-2016-01-07-1401358
http://www.huffingtonpost.fr/2016/01/07/economie-chine-bourse-finance-croissance-production-krach_n_8927332.html