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La Fondation Baur: entre héritage et passion

Écrit par Anne-Valérie De Cannière
Paru le 23 août 2017

La Fondation Baur est plus qu'un musée des arts d'Extrême-Orient. C'est avant tout une histoire, qui continue de s'écrire, plus d'un demi-siècle après la mort de son fondateur.

 

D'homme d'affaire à collectionneur

Baur

Portrait d'Alfred Baur, ©Fondation Baur, Genève

Alfred Baur naît à Zurich en 1865. Fils de forgeron, il entreprend un apprentissage de commerce dans une maison d'import-export suisse, qui possède un comptoir au Sri Lanka. Malin, ambitieux, et curieux, Alfred Baur part s'y installer. Très vite, il achète des plantations de cocotiers et de thé et fait fortune dans les engrais.

Au début du XXème siècle, il revient en Suisse et s'installe à Genève avec sa femme Eugénie.

Il découvre alors la mode des curios (objets sans valeur scientifique, qui intéressent les gens pour leur aspect exotique et divertissant) qui fleurissent dans les expositions universelles en Europe.

Homme ouvert sur le monde, Alfred Baur reste très curieux et désire aller au-delà des simples apparences superficielles qu'offrent les objets de curiosité. Il s'entoure alors de marchands capables de l'orienter, de l'aiguiller judicieusement, de l'aider à former son regard et à choisir des pièces intéressantes.

Il arrive surtout au bon moment. En 1911, la dernière dynastie chinoise (Dynastie Qing, 1644-1911) s'effondre. A la suite de quoi un grand nombre de pièces se retrouvent en vente. Alfred Baur profite alors de la mise sur le marché de ces objets, d'une grande valeur culturelle, pour commencer sa collection.

Tout en conservant son entreprise au Sri Lanka, Alfred Baur se consacre dès lors à l'acquisition de pièces chinoises et japonaises de grande envergure, construisant ainsi, petit à petit, les collections qui sont encore conservées à Genève aujourd'hui.

 

Sa passion

Baur

Veste longue informelle de couleur bleu nuit.
Soie brodée, dynastie Qing (1644-1911), fin du XIXe siècle.
Marian Gérard ©Fondation Baur, Genève.

Les collections d'art chinois et japonais de la Fondation Baur sont variées, mais ne se veulent pas exhaustives.

“Il avait ses créneaux, ses niches, ses passions. Ce qui le fascinait le plus était la perfection technique des artisans. C'est le fil rouge qui ne l'a jamais quitté dans la construction de sa collection”, explique Estelle Niklès, conservatrice à la Fondation Baur. Cela se voit notamment à travers les laques et les porcelaines impériales chinoises qu'il a collectionnées, les ornements de sabres japonais qu'il possédait sans jamais avoir acheté un seul katana (sabre du samouraï) !

Baur

Vase en porcelaine aux phénix.
Porcelaine peinte aux émaux, dynastie Qing (1644-1911), règne de Kangxi (r. 1662-1722).
Marian Gérard ©Fondation Baur, Genève.

“Il aimait certaines choses et d'autres pas. Ce qu'il aimait, c'était creuser dans les ensembles qui le passionnaient”.

Dans ses collections chinoises, nous retrouvons également des pièces de céramique impériale, de renommée mondiale; des flacons à tabac façonnés dans de nombreux matériaux (verre, cristal de roche, jade, agate, porcelaine, nacre, etc.); une collection de jade aux formes variées.

Quant à sa collection japonaise, il est possible d'admirer des estampes ukiyo-e, des céramiques et porcelaines, des netsuke (objet vestimentaire traditionnel) ainsi que des pipes et autres objets du fumeurs.

 

La création de la Fondation

Avant sa mort en 1951, Alfred Baur réfléchit à quelle suite donner à sa collection. N'ayant pas d'héritiers, il décide de créer une Fondation et achète un hôtel particulier genevois pour offrir un écrin à ses collections.

En tant qu'homme d'affaire aguerri, il construit un système financier intelligent avec un leg très précis. Il souhaite que sa collection soit exposée dans cet hôtel et qu'elle demeure inchangée.

Aujourd'hui encore, les collections permanentes visibles à la Fondation Baur sont celles qu'Alfred Baur lui-même a collectionnées.

 

La Fondation Baur aujourd'hui et demain

Baur

Façade de la Fondation Baur, Genève. Marian Gérard ©Fondation Baur, Genève.

L'histoire d'Alfred Baur et de sa collection continue de s'écrire plus d'un demi-siècle après sa mort. Estelle Niklès a récemment fait la découverte d'une collaboration de travail entre Gustave Loup, un marchand d'art, et Alfred Baur. L'histoire de ce marchand et de sa famille, d'origine suisse et établi en Chine au XIXème siècle, a toute son importance pour la Fondation Baur. Il a en effet permis de retracer les origines de certains objets conservés entre ses murs, d'en comprendre leur provenance et de savoir comment ils sont arrivés en Suisse, entre les mains de l'un des plus grands collectionneurs d'art asiatique de l'époque.

L'histoire continue également de s'écrire car la Fondation s'agrandit. En effet, même si elle ne peut ni acheter de nouvelles pièces, ni vendre des objets issus de la collection d'Alfred Baur, elle a le droit d'accepter des donations. Celles-ci sont acceptées uniquement dans le but de compléter les collections existantes et en aucun cas pour faire concurrence à ce qui y est déjà conservé. Les dons doivent être de qualité, selon les propres exigences qu'avait Alfred Baur.

En automne prochain, la Fondation inaugurera un nouvel espace au deuxième étage, entièrement consacré à ces donations.

 

Les activités de la Fondation

En plus de proposer deux à trois expositions par année, la Fondation Baur organise un grand nombre d'activités.

Certaines d'entre elles sont liées aux festivités asiatiques comme le nouvel an chinois (28 janvier 2017), la fête des lanternes (11 février 2017) ou la fête de la lune (4 octobre 2017).

D'autres sont liées aux manifestations genevoises auxquelles la Fondation se rallie comme la Nuit des Musées ou encore la Journée Européenne des métiers d'arts.

La Fondation organise également des visites guidées de ses expositions, des ateliers pour enfants et adultes, des conférences avec des intervenants externes, des visites nocturnes et une visite commentée par le commissaire d'exposition. Elle accueille parfois entre ses murs un Salon de thé ambulant (Aux Mille Pins) et parfois le temps d'un weekend, des ateliers d'arrangements floraux japonais qu'on nomme l'ikebana.

 

Le programme de la rentrée

Du côté de l'art japonais, la Fondation propose une exposition sur l'artiste contemporain Yoshikawa Masamichi qui travaille la céramique. Cette exposition sera organisée dans le cadre du parcours céramique de Carouge qui a lieu tous les deux ans.

Et du côté chinois, l'exposition “Bleu des Mers” offrira un regard croisé de la céramique d'exportation chinoise en Europe et sa représentation dans les tableaux et les objets d'art.

Sources: http://fondation-baur.ch/fr/home

Crédit photos: Fondation Baur; Marian Gérard

 

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