Vendredi 6 mai 2022, nous sommes dans une galerie du quartier des Bains, Humanit’art. Cette dernière est dédiée à l’art local et reverse ses bénéfices pour des œuvres de bienfaisance.
En ce deuxième jour de Geneva Buzz’Art, l’ambiance est chaleureuse et conviviale dans une atmosphère de mois de mai, tel que nous les connaissons au bout du lac Léman.
Le modérateur, Dario Brander, ouvre la discussion avec les invités sur les NFTs et leurs utilisations par les artistes souhaitant évoluer dans l’univers virtuel. Emilie-Alice Fabrizi et Damien Real de la société Freestudios nous en disent plus sur le sujet.
Les NFTs, quesaco ?
En anglais, NFT signifie Non-Fungible Token, (jeton non fongible). Contrairement à la monnaie, un NFT est un objet non palpable et unique qui ne peut pas être remplacé par quelque chose d’autre de la même valeur.
En somme, les NFTs redistribuent les cartes du web 3.0, dans lequel l’utilisateur prend la place d’acteur et non plus d’observateur, comme il l’était dans le web 2.0. Ce support NFT permet ainsi aux artistes de se réapproprier leurs œuvres, de leur procurer une authentification grâce à la propriété intellectuelle, tout en se protégeant du point de vue juridique et pour finir, de créer de la rareté.
Comme le souligne Emilie-Alice Fabrizi, « Être un artiste digital, c’est être reconnu » grâce aux NFTs, et aux métavers qui ouvrent une fenêtre à cette nouvelle approche artistique.
Le token est un enregistrement sur une blockchain avec la création d’une identité unique et d’un numéro généré qui devient le NFT. La personne possédant cette identité devient ainsi propriétaire de l’image virtuelle. Ce point de vue devient intéressant pour les artistes souhaitant se réapproprier leur création sur la toile.
En tant qu’artiste, comment puis-je utiliser les NFTs pour développer mon art ?
Ce support numérique vient de l’univers du gaming, et il est de plus en plus utilisé par les artistes de la vidéo, du software et de la 3D.
Les NFTs permettent aux artistes de vendre leurs créations artistiques et de se faire connaître dans le monde virtuel, en perpétuelle évolution. Les valeurs des NFTs deviennent analogues à l’art physique, tout en évoluant de manière similaire dans une niche du marché de luxe. L’artiste peut ainsi exprimer la valeur de son travail, créer des campagnes de communication comme le font déjà des grandes marques, dans le but d’être visible et de se faire connaître par de futurs acheteurs ou collectionneurs.
L’art génératif utilise déjà cet outil en créant de nouveaux styles d’art sur internet et attire de plus en plus de personnes déjà intéressées par l’art physique. Un système de Twin concède aux acheteurs de non seulement acquérir l’œuvre réelle, mais aussi digitale.
Tout comme l’argent, il est possible de stocker les NFTs dans des sortes de coffres virtuels, les « wallets », afin que les artistes et les collectionneurs gèrent leurs NFTs, comme un portefeuille physique d’avoirs et de titres. Certaines plateformes, telles qu'Opensea permettent d’acquérir des NFTs. En soit, les NFTs confèrent une certaine tangibilité à un marché virtuel, pour ainsi contrôler, certifier et protéger le travail de l’artiste.
Comment protéger une réalisation artistique sur le net ?
En tant que nouvelle technologie, les NFTs tendent à une régulation et à une amélioration, du point de vue juridique et technique.
La question du droit d’auteur reste la même dans le monde virtuel. Il est donc interdit de numériser une œuvre et de s’en approprier l’identité numérique. Seul l’artiste qui possède la propriété intellectuelle de la création a le droit d’en faire un NFT.
Cependant, le droit sur les œuvres créées de manière entièrement digitale, reste encore flou. Toutefois, il existe des possibilités de dépôt de modèles 3D avec une protection, déjà utilisées par les horlogers. Le droit se met gentiment en place dans l’espace virtuel, face aux lacunes législatives et technologiques.
L’évolution des NFTs dans les métavers et la possibilité de promouvoir son art
Les métavers, ces univers virtuels persistants connectés, sont les nouvelles places de rencontre. Ils sont des lieux imaginaires et libres, pour tout individu possédant un avatar dans ce métavers.
Dans ce cosmos sans limite physique, les artistes peuvent présenter leurs compositions artistiques dans des galeries immatérielles, promouvoir leur image et leur style comme dans le monde réel, mais avec un champ des possibles quasiment infini.
De nombreuses marques ont compris l’engouement des nouvelles générations pour ces métavers et proposent déjà des objets, des vêtements ou des accessoires de mode pouvant être achetés avec les NFTs. Ces derniers sont donc utilisés pour un nouveau marché de l’impalpable et deviennent pour les artistes un support supplémentaire, tel un cadre numérique pouvant créer et transmettre leurs réalisations artistiques. Dès lors, c’est à eux de s’ouvrir à ce nouveau concept pour promouvoir leur talent.
La conciliation entre l’écologie et les NFTs
Les métavers et les NFTs sont de plus en plus énergivores et cela n’est pas près de s’arrêter, avec la demande croissante de ce genre de nouvelles technologies. La communauté artistique aux Etats-Unis en prend conscience et tire la sonnette d’alarme avertissant d’une possible catastrophe écologique dans un avenir proche. Emilie-Alice Fabrizi explique que selon certaines études, les blockchains représenteraient actuellement 0.34 % de la consommation énergétique mondiale.
Des plateformes se sont penché sur leur image green et tentent de résoudre le problème. La sollicitation croissante de ces plateformes pose un défi écologique, problème majeur pour l’avenir, avec une évolution grandissante des métavers. C’est une question qui reste ouverte, et à ne pas négliger tant du point de vue de la viabilité économique qu’écologique au long terme.
Lectures complémentaires :
Geneva Buzz’Art : J-3 NFTs – Les réponses à ce que vous n’avez jamais osé demander !
Geneva Buzz’Art : Nos intervenants – Emilie-Alice Fabrizi
Photo credit : Gbnews