Dans ce deuxième article de notre série « un nouveau souffle pour Genève » où nous sommes allés dans un premier temps à la rencontre du Maire actuel de Genève, Guillaume Barazzone, nous avons cette fois-ci recueilli le témoignage de Vincent Dubi, Directeur Marketing de Genève Tourisme. Ce dernier nous livre son avis et ses impressions sur l’image de Genève ainsi que sur les objectifs et les priorités de son département. Nous évoquerons également les Fêtes de Genève nouvelle formule, le Geneva Lake Festival ; véritable saga de l’été qui passionne les Genevois et qui a fait couler beaucoup d’encre dans la presse.
Notre entrevue aborde dans un premier temps les objectifs et les missions principales de Genève Tourisme, ce qui nous permet de mieux comprendre comment cette fondation de droit privé fonctionne. Tout d’abord, son financement s’effectue pour deux tiers à travers les nuitées hôtelières (%), le tiers restant provient quant à lui de la taxe touristique. Il s’agit d’une taxe affectée qui tarife les bénéficiaires et les contributeurs du tourisme genevois dans un périmètre touristique (commerces, restaurants, institutions financières, cliniques, etc).
Sa mission primordiale réside à promouvoir la destination, autant auprès de la clientèle d’affaires que de loisirs, en termes d’image ou de notoriété. Les résultats de Genève Tourisme se calculent en nuitées et non en nombre de personnes ayant visité Genève. Par ailleurs, si Genève Tourisme a pour autres missions d’accueillir et d’attirer les touristes ainsi que d’animer la ville avec des évènements à vocation touristique, c’est la Ville qui a pour responsabilité d’animer la cité de Calvin pour les Genevois
Nous évoquons justement une certaine confusion persistante entre Genève Tourisme et la Ville de Genève qui provient des rôles certes bien définis, mais souvent mal exprimés et compris par les concitoyens, ce qui engendre par là-même une certaine frustration chez les Genevois.
En effet, Genève Tourisme bénéficie de deux sources de financement principales : la première n’est en aucun cas subventionnée par l’État. Ainsi ce ne sont pas les impôts des contribuables qui participent à nos magnifiques feux d’artifice. La Fondation se finance principalement grâce aux nuitées des touristes, son but fondamental étant précisément de promouvoir Genève auprès des touristes.
Mais Vincent Dubi précise : « Bien sûr l’objectif est double, car une partie des locaux ne se reconnaissent pas forcément dans certaines manifestations. Genève Tourisme a besoin de l’économie locale, des hôteliers et bien sûr des Genevois pour mettre en valeur la destination, nécessitant d’être ancrée localement, mais cela ne change pas notre mission de base ».
Quand nous abordons le sujet « épineux » du moment, à savoir le Geneva Lake Festival, le Directeur Marketing reconnaît volontiers que tout n’est pas parfait et que tout comme Emmanuel Mongon, le Directeur du Geneva Lake Festival, il veut trouver des solutions pour continuer à faire de cette manifestation l’une des plus réussie et reconnue de la Grande Genève.
Toutefois, il évoque aussi le fait que Genève Tourisme ne peut accepter toutes les critiques qui le visent aujourd’hui. En effet, la Fondation Genève Tourisme & Congrès a mis en œuvre la première édition du Geneva Lake Festival cette année sur la base de principes directeurs édictés par la ville de Genève. Ceux-ci impliquaient un certain nombre de contraintes : une durée limitée à 10 jours, la diminution de l’emprise au sol, plus de pré-fêtes et la libération du pourtour de la petite-rade.
La Ville est en charge de délivrer les autorisations demandées sur le domaine public (conditions cadres et prérogatives de la ville similaires pour chacune des manifestations organisées) avec un concept de base proposé par Genève Tourisme, qui a pour but d’organiser et de financer la manifestation.
« Avec un mandat revu, de fortes contraintes et une approbation du concept délivrée tardivement, le délai de mis en œuvre était extrêmement court alors qu’il faut en général plus d’un an pour mettre en place un nouveau concept de cette ampleur » déclare Vincent Dubi.
Et de rappeler : « L’unique moyen pour Genève Tourisme d’équilibrer la manifestation est de générer des recettes qui lui permettent de consentir aux investissements nécessaires avec un besoin d’équilibre financier. C’est grâce aux partenaires de la manifestation que l’événement est financé et ils doivent pouvoir s’y retrouver ». Le difficile équilibre consiste donc à offrir des prestations qui puissent convenir à tous, avec des offres de prix abordables et d’autres qui le sont moins.
Quant au bilan financier, il ne se prononce pas pour l’instant, car il est beaucoup trop tôt pour tirer des conclusions, celui-ci n’étant pas encore définitif, mais compte tenu des circonstances de cette année il sera difficile de remplir les objectifs.
D’ailleurs la Ville et Genève Tourisme se rencontreront très prochainement pour en discuter. Néanmoins, le futur de la manifestation repose surtout sur l’initiative populaire visant encore à réduire les Fêtes de Genève de 10 à 7 jours. Et pour faire référence à l’allocution du Président de la Fondation Genève Tourisme & Congrès, Paul E. Muller, lors de la conférence de presse à la fin du Geneva Lake Festival, ce dernier avait alors déclaré qu’en dessous de 10 jours la manifestation ne serait tout simplement pas viable financièrement.
Au jeu du « si Genève était une personnalité ou une personne », à contrario de l’avis plus tranché de notre Maire Guillaume Barazzone qui avait cité Henri Dunant, fondateur de la Croix Rouge, pour Vincent Dubi, Genève a plusieurs facettes.
Son opinion provient très certainement des diverses images que peut renvoyer Genève. À l’exception de sa cherté, qui « écrème » à l’entrée un potentiel tourisme de masse, la ville bénéfice toujours de cette notion de splendeur et marque de qualité dans un contexte sécuritaire encore idéal.
Cette image est plus mitigée vue de l’intérieur par les Genevois. Pour Vincent Dubi, cela réside principalement dans le fait que la belle Genève peut apparaître comme un peu trop gâtée, peu consciente de ses qualités, avec une difficulté à sortir de sa zone de confort. Toutefois si cette image mitigée venait à perdurer, cela finirait certainement par avoir un impact vis-à-vis des touristes.
Vincent Dubi nous confie être fier des efforts et des moyens de communication développés ces cinq dernières années. Non content de citer les deux prix décernés à la ville pour le « Best City Break Destination » en 2014 et 2015, il évoque également la capacité qu’a eue Genève Tourisme à se transformer pour répondre à un « business model » dans un domaine qui a subi de fortes mutations, comme celles amenées par les réseaux sociaux notamment, qui ont pris une place avant-gardiste en Suisse. Avec des marchés toujours plus compétitifs, l’approche du « B2B » a également évoluée et dorénavant, il faut s’adresser au client final, ce qui coûte plus cher avec un budget toujours plus limité.
Cela explique le choix stratégique de mettre en lumière des manifestations déjà existantes comme le Salon de l’auto, le Bol d’Or ou le Concours Hippique, et non la vocation de créer de nouvelles manifestations et de trop se disperser.
Pour clôturer cette interview, le Directeur Marketing nous confie que les priorités de son département pour ces prochains mois seront avant tout de renforcer la collaboration avec les acteurs locaux de la ville, de fédérer les forces de manière à mieux avancer ensemble et surtout de trouver des solutions, mais également de s’allier et de coopérer avec d’autres destinations suisses.
Concernant sa stratégie marketing, Genève Tourisme visera également des campagnes plus ciblées et efficaces avec un marketing de proximité surtout sur les réseaux sociaux et dans les langues des marchés prioritaires (les Etats-Unis, la Russie et les marchés asiatiques) à qui la fondation s’adresse.
« Le monde du tourisme a changé, les offices du tourisme doivent savoir où se trouve leur plus-value car les objectifs ne sont plus les mêmes. Il faut adapter le « business model » à de nouvelles réalités qui nécessitent un budget et des compétences différents », conclut-il.
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