
Après avoir exploré plusieurs exemples de gestion de projet dans le secteur public, que ce soit à la Ville de Genève ou à l’Office fédéral des Transports (OFT), un nom est revenu à plusieurs reprises lors de nos entretiens : HERMES, la méthodologie de gestion de projet « swiss made ».
Plusieurs de nos interlocuteurs ont affirmé que cette méthode était largement utilisée dans les administrations fédérales suisses. Quelle est sa place réelle au sein du secteur public et peut-on dire qu’elle contribue à l'amélioration de ses performances ?
Pour mieux comprendre, nous avons interrogé Florian Imbach, porte-parole de la Chancellerie fédérale.
HERMES a été développée il y a un peu plus de 50 ans, à l’initiative de la Confédération suisse, pour répondre aux besoins spécifiques de la gestion de projets au sein de l’administration publique.
Conçue initialement pour des projets informatiques, cette méthode a progressivement été adaptée aux exigences plus larges des secteurs public et privé. Selon notre interlocuteur, HERMES a évolué au fil des décennies pour intégrer des pratiques de gestion de projet de plus en plus complexes, tout en conservant un fort ancrage local et répondre aux besoins et spécificités suisses.
Contrairement à d’autres approches très normatives, HERMES ne prescrit pas en détail les étapes spécifiques pour produire les livrables d’un projet, mais définit ce qui doit être livré, à quel moment et par qui. Cette approche permet une grande flexibilité dans la manière dont les équipes de projet peuvent s’organiser pour atteindre les objectifs.
Par ailleurs, HERMES met un accent particulier sur les « Quality Gates », des points de contrôle permettant de valider la qualité des résultats à chaque étape clé du projet. Ces passages obligés assurent une transparence et une responsabilisation accrue des différents acteurs, limitant les risques de dérives. Ce cadre permet ainsi de garantir un niveau de stabilité essentiel dans un environnement aussi structuré et normé que celui de la gestion publique.
Une autre caractéristique essentielle de HERMES est sa capacité à intégrer et combiner des méthodes de mise en œuvre à la fois agiles (comme Scrum ou Kanban) et traditionnelles (comme le modèle en cascade ou waterfall).
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Aujourd’hui, HERMES n’est pas seulement une méthode de gestion de projet parmi d’autres, elle est devenue un standard officiel pour le secteur public en Suisse. En 2020, avec la signature de la nouvelle convention-cadre sur la collaboration en matière d’E-Government, cette méthodologie a été formellement reconnue comme la référence obligatoire pour la gestion des projets dans l'administration publique. Cette prescription s’applique non seulement au niveau fédéral, mais aussi pour les cantons et les communes.
Cette adoption formelle par l’ensemble des échelons de l’administration a des conséquences pratiques : il est fortement recommandé que les projets soient supervisés par des professionnels certifiés HERMES. Cette certification est souvent exigée pour le personnel interne, mais surtout pour les prestataires externes impliqués dans les projets publics, ce qui contribue à homogénéiser les pratiques et à assurer une continuité dans la gestion de projet.
Notre interlocuteur insiste sur le fait que HERMES, en encadrant précisément la gestion des rôles et des responsabilités, stabilise les projets et améliore leur fiabilité. Ce cadre solide permet de limiter les erreurs et les retards, d’adapter la méthodologie au projet et d’assurer ainsi une meilleure utilisation des ressources publiques.
Selon ce spécialiste de la gestion de projet, les organisations sont amenées à privilégier le mode projet, y compris pour la gestion des affaires courantes, car cela permet une meilleure adaptabilité et flexibilité. |
Pour Florian Imbach, si le passage d’une « économie de production » vers une « économie de projets » est effectivement en cours, l’agilité reste un défi dans un cadre administratif.
Toutefois, HERMES favorise un modèle hybride, permettant de combiner les avantages de l’agilité et de la planification à long terme, nécessaire pour les projets à grande échelle, tels que la législation ou les grandes infrastructures publiques.
Après avoir exploré l’usage de la méthode HERMES dans le secteur public, nous vous donnons rendez-vous dans notre prochain article pour découvrir comment la gestion de projet se décline au niveau cantonal avec le retour d’expérience d’Eric Deladoëy, responsable PMO d’entreprise aux Transports Publics Genevois (TPG). À suivre…
Article du même auteur sur la "Gestion de projet dans le secteur public" :
La gestion de projet dans le secteur public : Introduction
Le cas de l’Unité projets transversaux à la Direction du DCTN de la Ville de Genève
Le cas du DETEC à l’Office fédéral des Transports (OFT)
Crédit photo : Services du Parlement 3003 Berne/Bundeshaus
Based in Geneva, Switzerland, I'm a passionate professional with over seven years' experience in project management in the public and private sectors. PMP certified, I also have a unique background combining diplomacy and management consulting. What motivates me is helping people, companies and organisations to solve their problems and perform better. I'm a good listener and adaptable, and my interest in international relations and cultural exchanges means I'm constantly broadening my horizons.