Un engagement de grande ampleur
Dans le cadre du lancement du Lancet francophone (journal médical) sur la recherche sage-femme, une journée de dialogue s’est tenue au Palais des Nations Unies le 23 février 2015 sur la question « Does the world have enough midwives ? (Est-ce que le monde dispose d’assez de sages-femmes ?) »
Ce dialogue est né de l’envie d’informer sur la stratégie mondiale en matière de santé maternelle, infantile et de l’adolescente, de la part de l’actuelle secrétaire général des Nations Unies, Monsieur Ban Ki-moon.
L'événement a été organisé en collaboration avec les Missions permanentes de plusieurs pays représentés par leurs ambassadeurs (Canada, France, Maroc, Népal, Sénégal, Zambie, Zimbabwe), la Confédération internationale des sages-femmes (ICM), l’OMS (Organisation mondiale de la santé) et l’UNFPA (United Nations Population Fund).
La présence du Dr Margaret Chan, directrice général de l’OMS et du Dr Babatunde Osotimehin, directeur exécutif de l’UNFPA nous suggère l’importance de la question et nous pousse à réfléchir sur l’impact du métier de sage-femme sur la santé publique mondiale.
Sage-femme : un métier méconnu
Malgré son côté empirique, les compétences des sages-femmes sont très méconnues du grand public.
La médicalisation toujours plus importante de la grossesse relègue, dans l’esprit des gens, la sage-femme au second plan. Elle est pourtant une spécialiste de la maternité. Sa parfaite connaissances de la physiologie, sa capacité à dépister les pathologies, son engagement pour la promotion de la santé, tant au niveau des femmes que des familles font d’elle une ressource vitale et très rentable.
Pour lui rendre justice, le ministère suédois des Affaires étrangères saisit l’occasion, pour lancer l’initiative midwives4all (sages-femmes pour tous), une campagne en faveur des pratiques sages-femmes pour des soins de qualité.
Dans de nombreux pays, notamment ceux où le taux de mortalité est le plus haut, la profession de sage-femme n’est pas règlementée. L’importance d’unifier les pratiques et de continuer la recherche scientifique semble essentielle pour lutter contre la mortalité maternelle et les morbidités liées à la grossesse, à l’accouchement et à la surmédicalisation.
Les enjeux d’ici à 2030
Malgré les efforts fournis, à l’aube de la date butoir de 2015 ou seront évalués les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD)1, beaucoup de pays n’ont pas obtenu les améliorations souhaitées.
Nous savons que le monde est arrivé à un tournant significatif dans le domaine de la mortalité maternelle néonatale et infantile, qui a atteint son niveau le plus bas en 2014.
Cependant, la plupart des décès pourraient encore être évités. Les pays du sud supportent 96% du fardeau mondial des décès maternels, mais ne disposent que de 42% des sages-femmes formées. En Afrique subsaharienne, 40% des femmes ne bénéficient encore d’aucun suivi prénatal et une femme sur deux accouche à la maison sans assistance. 80% des décès pourraient être évité grâce à un personnel compétant dans les pratiques sages-femmes et une meilleure accessibilité aux soins.
La natalité mondiale continue à croître alors que le recours et l'accès à la contraception reste stable. La population du sud risque de doubler d’ici 20 ans, il est donc urgent d’agir.
Le Dr Chan termine la conférence par un plaidoyer en l’honneur des sages-femmes, elle nous confie : Les sages-femmes ont été mon mentor, elles sont la pierre angulaire de l’économie d’un pays. Il est donc nécessaire de continuer nos efforts et d’investir plus largement dans la formation de sages-femmes qualifiées.
Elle achève par ces mots: " We need midwives! We need midwives! We need midwives ! (Nous avons besoin de sages-femmes !) "
1. Les OMD, qui sont aux nombres de 8, ont été adoptés en 2000 à New York par 193 États membres de l'ONU, et plus de 23 organisations internationales. Réduire la mortalité infantile et améliorer la santé maternelle sont les objectifs 4 et 5.
Photo : http://medicinezine.com/news/intel-unveil-initiative-technology-based-training-midwives/
Intéressant de mettre en avant ce sujet, une prise de conscience est en effet nécessaire au niveau mondial face à ces enjeux.