À l’occasion du bilan de mi-parcours de la campagne « J’arrête de fumer » sur Facebook, nous avons rencontré Roland Savioz, co-fondateur d’Ibrid, l’agence qui a mis le programme sur pied. Ci-dessous, Roland Savioz et Fabrice Joliat, propriétaires associés de l’agence ibrid et Alexandre Dubuis du Cipret
L’agence Ibrid s’est vue décernée le Grand prix de la création pour sa campagne «J’arrête de fumer»
Créée en 2015, Ibrid est une toute jeune agence basée à Genève et à Sion. Principalement axée sur les réseaux sociaux, l’agence a mis en place la première campagne « J’arrête de fumer » en Valais, en septembre 2015. Initialement pensée pour aider les femmes enceintes à arrêter la cigarette, la campagne valaisanne se concrétise en ciblant tous les fumeurs, soit le 25% de la population. Le succès est au rendez-vous et le concept réitéré 6 mois plus tard dans l’ensemble de la Suisse romande. Le 20 mars dernier 7'000 romands arrêtent de fumer ensemble.
De type start-up, le secteur d’Ibrid qui traite de l’arrêt en groupe du tabagisme est devenu une véritable contre-industrie du tabac. De nouveaux métiers de la « santé connectée » ont été créés : huit community manager se relaient 7 jours sur 7, de 6 heures à 23 heures, pour animer et répondre aux diverses demandes des 7'000 Romands inscrits au programme.
La Confédération (Fonds de prévention du tabagisme) soutient la moitié du programme et le reste est pris en charge par les organismes de prévention.
Arrêter de fumer sur Facebook : un peu léger, voire peu crédible?
Détrompez-vous. Ibrid collabore avec le Cipret–Carrefour AddictionS à Genève (ainsi que les organismes de prévention respectifs des autres cantons romands). Le programme bénéficie donc de l’assistance de professionnels du sevrage. Une équipe de médecins, tabacologues et spécialistes du domaine de l’addiction assiste les community managers sur certaines questions spécifiques à la santé ou au dosage des substituts par exemple. Les conseils donnés aux candidats sont donc personnalisés et traitent également l’aspect médical de l’arrêt.
Une idée simple à laquelle personne n’avait pensé
L’aspect facile et rapide d’accès de Facebook donne toute sa force au programme. Peu importe le lieu et l’heure de leur connexion, les candidats à l’arrêt bénéficient en tout temps d’une facilité de dialogue avec l’équipe du programme. Il ne faut pas oublier que l’arrêt en groupe ou le fait d’afficher sa volonté d’arrêter sont d’importants facteurs de réussite.
« J’arrête de fumer », c’est en moyenne, chaque jour, 100'000 cigarettes qui ne sont ni fumées, ni achetées. Il n’est donc pas étonnant que les professionnels du domaine voient dans ce programme une véritable aubaine, une méthode qui permet d’industrialiser l’arrêt en touchant un nombre très conséquent de personnes.
Une campagne efficace et économique
Dans certains cantons, c’est 50 à 80 fois plus de participants touchés qu’avec les mesures traditionnelles pour un coût quatre fois inférieur. C’est une véritable révolution tant dans l’approche que dans le nombre de candidats impliqués !
En questionnant Ibrid sur les motivations qui se cachent derrière cette campagne, Roland Savioz nous confirme que son agence souhaite avant tout conduire des campagnes qui rejoignent ses valeurs éthiques et touchent directement le bien-être de la population.
Partant du postulat que les adolescents sont les plus influençables pour commencer à fumer, une autre campagne a été lancée parallèlement pour interdire la publicité du tabac aux mineurs : « Pas de publicité pour la cigarette aux moins de 18 ans » sur Facebook également.
Un soutien collectif : l’avantage des réseaux sociaux
Au niveau des candidats, l’approche proposée par la campagne est très bien reçue, puisqu’elle est fondamentalement différente de ce qu’ils ont pu essayer jusqu’à présent. Roland Savioz nous confie que certains des candidats disaient ne plus vouloir tenter l’arrêt au vu de leurs nombreux échecs passés, mais ont été interpellés en découvrant la page sur Facebook. Ils se sont alors inscrits « juste pour voir ». L’effet de groupe faisant son travail, aujourd’hui ces candidats sont non-fumeurs. L’omniprésence des réseaux sociaux dans nos vies actuelles n’a donc pas que des mauvais côtés.
Par ailleurs, Ibrid privilégie aussi les vraies rencontres, pour aller au-delà de la « relation connectée » entre les candidats. À Neuchâtel, les ex-fumeurs bénéficient par exemple d’un rendez-vous sportif hebdomadaire proposé au sein du programme. Les participants genevois ont, quant à eux, la possibilité de rencontrer le médecin Jean-Paul Humair et la tabacologue Corinne Wahl au Cipret. Les participants se croisent donc dans la vie réelle et cela renforce encore leur objectif commun.
Et pour ceux qui ont craqué depuis le 20 mars, un très bel élan de parrainage prend forme actuellement dans certains cantons : Des candidats ayant réussi à arrêter parrainent d’autres candidats qui eux ont échoué. C’est le but du programme : la réussite grâce au soutien collectif.
Un sans-faute ? C’est bien possible
Les premières estimations du taux de réussite sont arrivés fin juillet. Sur 7'000 Romands qui ont participé au programme 40%, soit 2'800 personnes ont changé de comportement. Après 3 mois de programme, 23% des participants ont cessé de fumer et 17% tentent toujours d’arrêter.
Étendre le programme à toute la Suisse, Ibrid en rêve. Ce serait alors 30'000 fumeurs qui éteindraient leur cigarette le même soir. Au niveau de la gestion du programme, 50'000 messages seraient à traiter par environ 40 collaborateurs, dans les trois langues nationales !
Quoi qu’il arrive, Ibrid nous laisse entendre que d’autres très beaux projets sont à l’étude et certains toujours sur le thème de la santé connectée...
Nous vous tiendrons informés !
Enregistrer
Enregistrer