Le 6 février est la Journée internationale de la tolérance zéro à l'égard des mutilations génitales féminines (MGF). Nous saisissons cette opportunité, pour approfondir le sujet dans une série de trois articles. Le premier explique ce que sont les MGF et quelles en sont les conséquences sur la santé physique et mentale. Le second traitera de l'engagement de la Suisse dans la lutte contre ces pratiques et enfin le troisième abordera l'implication de l'ONU au niveau mondial.
Comme l’a instauré depuis 2003, l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies (ONU) à l'égard des « États, le système des Nations Unies, la société civile et tous les acteurs concernés », le 6 février est la Journée internationale de la tolérance zéro à l'égard des mutilations génitales féminines.
Elle est également l’occasion d’intensifier la mobilisation pour la prévention et la sensibilisation contre ces pratiques reconnues néfastes à la santé physique et psychologique des victimes.
C'est l’occasion de nous pencher sur ce sujet dont on parle encore peu, comparativement à l’ampleur dont il jouit et aux conséquences graves et irréversibles qu’il engendre chez l’individu, la famille et la société toute entière.
Cette pratique est intrinsèquement liée à la culture et, de ce fait presque sacrée. Ce phénomène est de nos jours encore, couverte du voile de la pudeur et de la honte. Cela lui confère son caractère délicat et tabou qui pourrait par ailleurs expliquer en grande partie, sa pérennité.
D’après l’OMS, chaque année, 3 millions de filles et jeunes femmes supplémentaires viennent grossir le chiffre énorme des 200 millions de femmes déjà touchées, ce qui en fait un enjeu certain de santé publique.
Dès lors, il apparaît évident qu’éradiquer un tel phénomène requiert un travail de longue haleine, sur la base d’une approche délicate et réfléchie. Il convient également de souligner que contrairement aux idées reçues, le recours à ce genre de mutilations n’est l’apanage d’aucune culture, ni d’aucune religion.
Que signifie MSF ou MGF et quelles en sont les conséquences ?
L’excision, communément appelée Mutilations sexuelles féminines (MSF) ou Mutilations génitales féminines (MGF), représente toute intervention visant l’ablation partielle ou totale ainsi que toute autre lésion des organes sexuels externes féminins.
Certains privilégient le terme de mutilations « sexuelles » à celui « génitales », pour souligner le caractère sociologique, psychologique et anthropologique de ses conséquences.
Quant à l’organisation mondiale de la Santé (OMS), elle en distingue 4 types différents :
- L’excision : ablation partielle ou totale du clitoris et des petites lèvres, avec ou sans ablation des grandes lèvres ;
- L’infibulation : rétrécissement de l’orifice vaginal par ablation et accolement des petites lèvres et/ou des grandes lèvres, avec ou sans ablation du clitoris ;
- La clitoridectomie : ablation partielle ou totale du clitoris ;
- Les formes non-classées de MSF : toutes les autres interventions nocives ou potentiellement nocives pratiquées sur les organes sexuels féminins à des fins non thérapeutiques.
Les conséquences sont aussi nombreuses que graves. Outre les douleurs intenses, elles vont de saignements importants à court terme , aux infections et autres complications plus graves, voire tragiques à long terme.
Elles sont un viol aux droits humains des victimes, au niveau de leur santé mentale, sexuelle et reproductive, de leur sécurité et de leur intégrité physique, mais aussi de leur droit à la vie.
Zone géographique
Afrique subsaharienne surtout, mais pas que…
Comme nous l’avons dit plus haut, la pratique n’épargne aucun continent, ni aucun pays, ceci, même si les mutilations sexuelles féminines sont constatées principalement dans 30 pays d’Afrique.
Elles existent et perdurent dans de nombreux autres pays d’Amérique latine et d’Asie ainsi qu’au Proche-Orient, et au sein de populations migrantes, installées en Amérique du Nord, Australie, Nouvelle-Zélande et Europe Occidentale.
L’excision présente en Égypte également, implique dans une large mesure les milieux chrétiens, comme chez les Coptes.
En France, la clitoridectomie, préconisée vers la fin du du XIXème siècle par des médecins, tels que Thésée Pouillet (1849-1923) afin de lutter contre l’onanisme (provient du crime d’Onan, personnage de la Genèse ou pratique individuelle de la masturbation) : Ablation pouvant éventuellement s'opérer par cautérisation au fer rouge, comme le conseille le Dr Jules Guérin (1801-1886) en 1882 d’après wikipédia.
Au-delà de la sensibilisation, la prévention et la législation « la réparation »
Heureusement, vous l’avez compris, dénoncer et prévenir est utile, mais aider les victimes à recouvrer leur dignité ébranlée, leur santé physique et mentale, leur confiance en elles reste un challenge et un des plus beaux à relever !
Il s'agit de redonner aux victimes la place et la dignité qui leur revient de droit en leur donnant l’opportunité de s’exprimer et de se reconstruire pleinement.
En conclusion
Dans bon nombre de ces pays, cette pratique est officiellement interdite et punie par la loi, mais le poids de la tradition, des croyances ô combien important, pèse lourd dans la balance.
Il est du devoir de chacun de se sentir impliqué, parce que ce n’est qu’ensemble que les consciences s’éveilleront. Le combat doit se poursuivre chaque jour, au-delà du 6 février.
Il faut convaincre du bien-fondé de la nécessité de supprimer cette pratique sociale en y apportant des explications factuelles.
Fort heureusement, un changement de mentalité et de comportement est amorcé et il convient de le soutenir et de l’encourager sans répit.
Dans ce combat, la Suisse, n’est pas à la traîne. Nous verrons dans notre prochain article, l’implication réelle qui est la sienne et dans quelle mesure elle est touchée par le phénomène.
Pour en savoir plus :
https://www.unicef.ch/fr/notre-travail/programmes/la-lutte-contre-lexcision
https://www.20minutes.fr/societe/2545079-20190621-plan-contre-excision-mutilation-perdure-toujours-beaucoup-idees-recues
Photo crédit : Rahul via Pexels