Nous avons assisté à la présentation des résultats de l’Enquête conjoncturelle d’automne par Jacques Jeannerat, directeur de la Chambre du Commerce, de l’Industrie et des services de Genève. Suite à cette présentation, Valérie Lemaigre, économiste à la BCGE nous a présenté les risques de croissance liés à Genève.
L’enquête a été réalisée du 27 août au 26 septembre 2014 et elle a mis en évidence les réponses des entreprises provenant des secteurs des services (84%) et de l’industrie (16%).
Le marché des affaires est actuellement en baisse. Nous nous situons dans une crise qui dure, et cela se ressent sur la propension à investir qui est également en déclin.
Evolution des salaires
38% des entreprises n’ont pas accordé d’augmentation lors de cette dernière année, alors que l’année précédente, ce taux se situait autour de 3%. Pour l’année 2015, nous nous attendons à un taux de 0.7%.
Difficultés à recruter
La difficulté à recruter des employés semble en partie corrélée à la taille de l’entreprise. Plus sa taille est importante, plus cela semble compliqué.
Il est également plus compliqué de recruter dans les milieux industriels que dans ceux des services, en regard du résultat de mai 2014. En effet, le tissu industriel genevois souffre aussi de sa méconnaissance, notamment auprès des jeunes. Ce secteur est davantage vu comme un secteur lié à la saleté et aux travaux ingrats plutôt qu’à ceux liés au cleantech et aux nouvelles technologies. Cela se ressent surtout dans le recrutement de la main d’œuvre qualifiée. Cette tendance ne se confirme pas pour ce qui concerne la main d’œuvre non-qualifiée et les secteurs du management.
Recrutement dans l’Union Européenne (UE)
Suite aux votations du 9 février 2014, 38% des entreprises estiment que le recrutement est plus compliqué dans l’UE, pour diverses raisons. Cela est plus sensible dans le domaine de l’industrie que dans celui des services. Le secteur qui semble en pâtir le plus est celui des multinationales de plus de 100 employés, pour lequel 54% des entreprises concernées ont répondu de manière positive.
Cette difficulté à recruter peut avoir des conséquences:
- 47% des entreprises pensent à augmenter la formation
- 22% à renoncer à des projets
- 20% à sous-traiter à l’étranger
- 11% à délocaliser.
Si l’idée de la délocalisation séduit peu, celle de renoncer à des projets est plus inquiétante, en ce qui concerne la dynamique du marché. Nous constatons donc une difficulté à recruter dans le milieu industriel, en ce qui concerne la main d'oeuvre qualifiée et une tendance à augmenter la formation pour pallier ce manque. Pour en savoir plus sur les secteurs porteurs à Genève, lisez l’étude « Genève, les moteurs du développement » de novembre 2013.
Genève et les risques de la croissance
De par ses activités tournées vers l’international, Genève est plus exposée que la Suisse au risque lié au dollar. Actuellement, nous sommes en période d’appréciation de cette devise, ce qui constitue un risque, comme nous allons l’expliquer plus bas.
Aux Etats-Unis, la croissance annuelle atteindra prochainement le taux de 2%. En Europe, elle pourrait se poursuivre, mais à un taux faible. Nous sommes dans une période de croissance, mais il manque un accélérateur pour réellement faire décoller ce taux. Nous sommes donc plus exposés aux risques externe
Politique des taux d’intérêt
Les taux d’intérêt à court terme sont actuellement proches de zéro pour les échéances courtes. A long terme, les banques centrales essayent de diminuer les taux pour les échéances plus lointaines.
Dans un proche avenir, la politique de la Federal Reserve (FED) va changer, et les taux vont augmenter aux USA, si la croissance se poursuit. De plus, elle ne va plus investir autant sur le marché obligataire à long terme pour y introduire autant de liquidités. En Suisse, les taux d’intérêt vont rester bas tant que la croissance ne sera pas au rendez-vous.
A Genève, 50 % de l’activité est liée au secteur de la finance et du commerce international, nous sommes donc très sensibles aux variations du taux de change en dollar. Les entreprises exportatrices des secteurs de l’horlogerie et de l’industrie de précision sont également sensibles à ce taux.
Sur le plan de la croissance, Genève se porte mieux que la Suisse. Le taux de croissance à Genève est de 2.5%, alors qu’il n’est que de 1.5% en Suisse. Cette écart est destiné à perdurer. Si le dollar représente un risque, la dépréciation de cette devise face au franc suisse constitue une bonne nouvelle pour Genève et son économie. Cependant, il ressort de tout cela que notre économie est très liées aux facteurs externes. Nous constatons aussi que 75% des emplois à Genève sont directement liés aux PME (75%).
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Il va falloir garder un oeil sur ces tendances, cruciales pour l'économie genevoise et régionale...
Avez-vous plus de précisions à apporter concernant le secteur IT? Est-ce que le recrutement dans ce secteur est en train de s'améliorer ou se dégrader? Y a-t-il des entreprises qui continuent à recruter malgré la crise? Merci pour votre réponse.