Les professionnels de GBNews.ch s'allient à la puissance des technologies en intelligence artificielle générative, pour informer la communauté des affaires et le grand public, des dernières tendances et des évolutions du marché de l'emploi.

Agenda

Dialogues insolites : ...

Du 1er février au 24 décembre 2024

Rencontres et Résidences ...

Du 18 septembre 2024 au 13 mai 2025

Liberté conditionnelle : ...

Du 28 juin 2024 au 2 mars 2025

Musée Ariana - ...

Du 15 novembre 2024 au 2 novembre 2025

"Noël au Quai" ...

Du 21 novembre au 24 décembre 2024

La petite enfance des Charmilles s’adapte aux besoins du quartier

Écrit par GBNews-Reporters
Paru le 8 juin 2015

AnneDuruz_crèche

La Ville de Genève a annoncé récemment qu’elle va pouvoir répondre à l’essentiel des demandes de places en crèche d’ici 2020 : c’est ambitieux, sachant que l’an dernier plusieurs milliers de demandes n’avaient pas pu être satisfaites. Ici, dans le quartier des Charmilles, où se trouvent les bureaux de Geneva Business News, 850 familles vivent dans les bâtiments adjacents. Dans ce périmètre, il existe cinq structures bien distinctes regroupées au sein d’un secteur petite enfance, placé sous la responsabilité d’Anne Duruz. Nous rencontrons cette Responsable du secteur des Charmilles, qui nous explique comment elle a vu évoluer la petite enfance depuis son arrivée en poste en 2001 et nous confie ses clés pour mener au succès un secteur en pleine évolution.

« Ma carrière a été faite d’opportunités que j’ai su saisir »
Cette Fribourgeoise (née dans le canton de Vaud, avec le cœur en Valais…) vit à Genève depuis 30 ans. Débutant dans une école de nurse en Valais, elle va devenir Responsable d’un des premiers secteurs Petite enfance défini par la Ville. Arrivée à Genève, elle travaille d’abord dans une des structures pionnières, comme une crèche du personnel à Chambésy qui doit fermer ses portes en 2000. Se trouvant au chômage, elle postule pour des postes d’éducatrice sans succès. « J’étais trop ci, pas assez ça…puis enfin j’ai eu un poste de remplacement. Deux mois après, mon conseiller en personnel au chômage m’appelle avec un poste de directrice me disant ‘c’est peut-être pour vous’. Je n’avais jamais mis les pieds dans le quartier et je pensais que j’avais juste zéro chance !  Mais même avant leur réponse, je savais que si j’étais prise, j’allais dire oui. »

Arrivée aux Charmilles en 2001, elle a dû travailler dur au début pour remettre les choses en ordre, avec des évènements pas toujours faciles à gérer. Se disant chaque fois qu’elle allait « juste faire ça » et puis partir, elle a pu trouver sa voie et ne souhaite désormais plus quitter ce quartier. « Je me suis prise au jeu de ce quartier, du lien de confiance avec les parents, d’accompagner une équipe. Avec 56 nationalités, ce n’est pas toujours facile. Au début, on a peur de la différence. Mais j’ai souvent trouvé des solutions face à des situations difficiles.»

Les structures se multiplient
Au début, Anne Duruz avait beaucoup de travail pour mettre les choses en place pour la crèche « La Planète des Enfants », une des rares institutions de la petite enfance dans le quartier. Mais les choses vont s’accélérer. En 2005, la Ville décide de créer une autre structure dans le quartier pour accueillir 75 enfants à la crèche Les Ouches. En plus, cette année-là, la cuisine de La Planète des Enfants est devenue la cuisine de production des Franchises, qui livre actuellement plus de 500 repas par jours. En effet, cette cuisine fournit les repas pour les secteurs de la Servette, St. Jean et Les Grottes. « 60 kilos de purée de légumes par jour ! », précise-t-elle.

La crèche Les Ouches voit ensuite une nouvelle structure-sœur s’ouvrir tout près du centre commercial Planète Charmilles en 2007 : 1, 2, 3 Soleil. Et pour finir, La Ribambelle, un jardin d’enfants subventionné par la Ville de Genève rejoint le secteur en 2014.  Ce secteur était parmi les premiers à être mis en place par le Service de la petite enfance pour regrouper plusieurs structures d’accueil de la petite enfance. Aujourd’hui, il reçoit plus de 250 enfants.

Le défi du développement : comment satisfaire les besoins du quartier ?
Anne Duruz admet que depuis la centralisation des tâches administratives et la mise en place du BIPE par le Service de la petite enfance à Genève, les crèches participent à une politique publique en faveur des familles. « On est solidaire avec le plan du développement de la petite enfance, mais on est conscient que c’est souvent politique et lié aux décisions budgétaires. » Des solutions innovantes existent, si on les cherche. Grâce à un travail approfondi pour améliorer la capacité d’une institution, la crèche Les Ouches a pu ajouter 17 places, passant de 75 à 92. La crèche 1, 2, 3 Soleil est actuellement en cours d’évaluation pour, à son tour, augmenter sa capacité d’accueil. Selon Madame Duruz, cela permettra d’ajouter « le petit bout de crèche qui manque dans ce quartier » et pourrait satisfaire les besoins pour les prochaines années.

Les clés du succès
« Honnêtement, en matière de développement, le plus difficile, » nous confie-t-elle, « c’est de trouver du personnel qualifié. » On peut dire qu’elle est assez exigeante à ce niveau et à juste titre. Travailler avec des enfants n’est pas chose facile et la qualité du travail auprès des petits, dépendants à 100% des adultes, dépend bien des qualités professionnelles et humaines du personnel engagé. « Nous demandons beaucoup à nos collaboratrices et nos collaborateurs, donc je fais tout mon possible pour construire une relation de confiance avec eux. Je sais que si j’ai besoin qu’ils¹ restent quelques heures de plus, ils le feront. Tout comme ils savent que s’ils ont besoin d’un jour ou d’une heure pour régler un problème personnel, ils peuvent me le demander aussi. »

Anne Duruz applique la même logique à ses interactions avec les enfants et leurs parents, en construisant des relations fondées sur le respect mutuel. Elle cherche à tirer le meilleur parti des 56 nationalités présentes dans ses établissements, car c’est une vraie richesse non seulement pour les enfants, mais aussi pour son équipe. « Nous faisons régulièrement des activités qui mettent en avant la culture ou le pays d’origine d’un de nos enfants, notamment avec les plus âgés de 2 à 4 ans. Nous étudions leur cuisine, leurs coutumes, leurs vêtements traditionnels. Comme ça, les enfants sont fiers de montrer leurs origines, les autres apprennent, et nos collaboratrices et collaborateurs sont aussi heureux de découvrir les coutumes d’un autre pays. »

Ce multiculturalisme reste un défi, et il faut souvent faire preuve de créativité pour régler les problèmes. Elle raconte une expérience durant laquelle son équipe a dû faire appel à la Croix Rouge afin de trouver un interprète pour communiquer avec la mère d’un enfant en difficulté, qui parlait un dialecte étranger peu répandu à Genève. « Nous avons d’abord essayé en anglais, mais nous nous sommes vite rendus compte que même si elle hochait la tête, elle ne comprenait pas la gravité de la situation. Dès que nous avons trouvé la bonne personne pour communiquer avec elle, nous avons rapidement vu le changement dans le comportement de son enfant. » Chaque enfant est un « cas spécifique » dans le sens où il a une situation familiale et des particularités qui lui sont propres. Il faut donc rester toujours attentif à ses besoins.

Développer sans perdre la qualité
En Suisse nous avons la chance d’avoir un des meilleurs systèmes de petite enfance au monde. Par contre, cela ne veut pas dire que nous pouvons nous reposer sur nos lauriers. La petite enfance a besoin de développements pour suivre les besoins de la population. Ce secteur soutient l’économie locale et nationale, car grâce à lui les parents peuvent aller travailler tranquillement tout en sachant que leurs petits bouts de chou se trouvent entre de bonnes mains.

Mais ce développement ne devrait pas se faire au détriment de la qualité du service offert. Avant de faire des propositions de loi, Anne Duruz aimerait parfois que les politiques aillent dans des crèches pour voir eux-mêmes la situation dans ces établissements. « J’ai toujours l’image d’un maçon en tête. Si on voit un mur en briques, on pense que ça doit être facile à faire. Mais si on s’y met, on se rend vite compte que ce n’est pas si évident. » Si on suit cette analogie, le plus gros défi pour le futur sera donc de trouver des « maçons » qualifiés, et cela implique de garder un certain niveau de qualité pour les enfants mais aussi pour le personnel.

Au cours de ses 14 années passées aux Charmilles, Anne Duruz a réussi à améliorer la qualité des espaces d’accueil, tout en augmentant la capacité de son secteur de manière durable. Avec un vrai défi lancé pour la Ville d’ici 2020, Anne Duruz nous assure un développement adapté aux besoins du quartier.

 

¹ Dans ces citations, « ils » se réfèrent indifféremment aux hommes et aux femmes

Source : La petite enfance en Ville de Genève: contexte et indicateurs - édition 2015 (PDF - 3.1 Mo)

Articles connexes :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

One comment on “La petite enfance des Charmilles s’adapte aux besoins du quartier”

  1. Thématique fort intéressante qui touche de près tous les parents. Je n'ai néanmoins pas bien compris en quoi consiste exactement la solution innovante qui a permis à la crèche Les Ouches d’ajouter 17 places à son effectif. Et bravo à Mme Anne Duruz pour son approche multiculturelle où la valorisation de la diversité est mise en avant.

linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram