Interview avec Raymond Nalesso, Conseiller en insertion chez Fondation IPT VS
Dans un premier article, j’ai soulevé la transversalité des compétences entre un éducateur et un job coach et j’ai voulu aller à la source, rencontrer quelqu’un qui a pris ce virage, pour pratiquer en tant que coach ou conseiller en insertion.
Je suis donc allée interviewer Raymond Nalesso qui a vécu cette transversalité de compétences. Ancien éducateur devenu conseiller en insertion, il travaille aujourd’hui à la Fondation Intégration Pour Tous (IPT) en Valais.
Petite clarification : job coach vs conseiller en insertion professionnelle
Pour mieux comprendre, un job coach et un conseiller en insertion se démarque en principe par le type d’accompagnement. Mais dans la réalité et sur le terrain, bon nombre de conseillers en insertion ont un fonctionnement de job coach ou vice-versa.
Un coach accompagnera un bénéficiaire d’un point A à un point B en apportant les outils, la méthodologie et la psychologie de travail appropriée pour atteindre l’objectif souhaité.
Un conseiller en insertion professionnelle est en principe la première lumière sur la route de la stratégie d’emploi auprès des prestataires, avec des outils, tels que conseils et stratégies d’orientation, optimisation des choix, bilan d’orientation, etc.
Quoi qu’il en soit, leur but est commun et vise l’employabilité, ainsi que l’insertion professionnelle. D’ailleurs, un job coach est un coach en insertion professionnelle.
Un besoin vers une ouverture plus large
Raymond Nalesso a travaillé pendant cinq ans en tant qu’éducateur, accompagnant des personnes en situation de handicap léger, vivants en foyer. Ces résidents avaient de petits projets personnalisés et leur travail s’effectuait dans des ateliers protégés. Cela n’impactait donc point l’insertion professionnelle auprès d’une entreprise.
Il lui manquait donc un complément, qui lui tenait à cœur et devenait un réel besoin. Ce manque était le lien avec l’économie, le fait de pouvoir travailler avec les PME et les industries. Ce besoin de grandeur dans les projets personnalisés des personnes, était difficile à mettre en place avec les personnes en foyer qu’il accompagnait.
« Ma présence au foyer était indispensable les matins et en fin de journée, recouvrant la soirée, avec des horaires irréguliers. Le lien avec un changement de vie professionnel s’imposait pour moi. »
Puis un jour, la voix de son cœur s’est exprimée, lui ouvrant la porte de son désir, de ses besoins.
Les difficultés rencontrées dans les débuts de la pratique
Le plus grand point faible d’un éducateur qui devient conseiller en insertion professionnelle est la nécessité d’avoir un réseau d’entreprises, pour pouvoir conduire les prestataires au plus proche de leurs aspirations.
« Nous faisons du conseil, mais nous allons également beaucoup sur le terrain. »
Dans l’accompagnement et la création du lien, cela fonctionnait bien, parce que cela fait partie des compétences en tant qu’éducateur. C’est plus particulièrement dans la création du réseau avec les entreprises que cela se compliquait. Il fallait prendre son bâton de pèlerin et aller dans des cocktails dînatoires, dans des clubs services, des lieux où l’on n’est pas forcément tout le temps à l’aise. Raymond Nalesso raconte qu’au début, c'était compliqué, car son carnet d’adresses de réseau était très peu fourni mais, il ajoute que c’est important d’essayer de se montrer, de créer ces contacts pour pouvoir œuvrer professionnellement.
« Il m’a fallu un à deux ans afin d’arriver à constituer un réseau de contacts conséquent. Ce fut une période pas toujours évidente dans ce domaine. »
Aujourd’hui, cela fait neuf ans qu’il est à la Fondation IPT et tout se passe pour le mieux
Les compétences manquantes
Selon les souvenirs de Raymond Nalesso, il lui manquait principalement les connaissances des assurances sociales.
« Beaucoup de compétences sont transversales entre les métiers d’éducateurs et conseillers en insertion / job coach et donc, l’avantage est que l’on peut se focaliser sur les manquantes, de manière générale. »
Le petit plus qui a aidé l’engagement
Son engagement à l’IPT fut particulier, nous dirons qu’il était la bonne personne, au bon moment et au bon endroit. Une chance qu’il a su saisir.
Pour la petite histoire, il raconte que lorsqu’il a soutenu son travail de mémoire pour le Bachelor en Travail Social, le sujet se portait sur les valeurs de l’éducateur et principalement, sur la notion du travail. Parmi le jury, constitué de personnes internes liées à la formation et de personnes externes, se présentait la directrice de la Fondation IPT Valais.
« A la fin de mon mémoire, j’ai précisé à la directrice que mon rêve était de pouvoir intégrer et travailler dans une structure comme la sienne. »
Un mois plus tard, un collaborateur fut contraint de quitter la Fondation. Le processus de recrutement a bel et bien eu lieu, mais ce contact a probablement contribué à l’issue favorable de son engagement.
Un grand coup de chance qu’il a su saisir, mais il est fort probable, que le sujet du mémoire a bien aidé.
Il précise qu’à la différence d’une grande ville, le Valais est plus petit et donc moins anonyme. Le réseau est donc plus restreint, les gens se connaissent tous et cela joue un rôle important, quant aux opportunités d’engagement également.
Formation ou pas de formation !
Il avait l’intention à un moment donné de faire un CAS en insertion professionnelle. Par la suite, en discussion avec l’équipe et sa hiérarchie, on lui a plutôt fait comprendre que « la pratique est la meilleure des formations ».
Il n’y a pas eu besoin de la faire jusqu’à ce jour !
Un manque ou l’amour du métier
« J’aime vraiment ce que je fais et j’aime beaucoup mon job actuel de manière générale. »
Il ne pourrait donc pas dire que le métier d’éducateur lui manque, mais un des aspects tel que l’ambiance de foyer oui, car c’est assez particulier à vivre. Une facette qu’il ne vivra bien évidemment pas en tant que conseiller en insertion.
Des conseils pour le transfert des compétences
La plupart des conseillers et coaches proviennent de milieux professionnels différents, c’est assez hétéroclite.
« Je n’ai pas de conseils particuliers, car les compétences acquises se transfèrent automatiquement dans la pratique. »
Ces compétences font partie des jobs d’éducateurs et conseillers en insertion/job coaches et la provenance de chaque professionnel fait aussi la richesse, la force et la complémentarité d’une équipe.
« Continuez à côtoyer des gens, car je pense que vous avez beaucoup à apporter dans une équipe comme la nôtre par exemple », une recommandation touchante et inspirante. Merci…
Il ajoute que se faire connaître reste primordial, sans oublier de mettre en avant toute la plus-value que l’on possède. Un conseil avisé dans une attention professionnelle.
Je remercie Raymond Nalesso pour cet échange constructif et pour son regard professionnel qui donne une lumière à ces professions de cœur.
Lectures complémentaires :
Un job coach a-t-il l’âme d’un éducateur ou un éducateur l’âme d’un job coach ? par Isabelle Addor
Coach, un métier centré sur l’humain par Oona Baumier
Coach professionnel au cœur de l’humain par Cindy Borgnana
Sources :
fondation-ipt.ch
linkedin.com
youtube.com
Photo credit : Raymond Nalesso