La révolution verte est la transformation de l’agriculture à partir de 1945 dans les pays industrialisés ainsi que l’aspect agricole des programmes de développement dans les pays du Sud. Elle signifie l’augmentation de la productivité agricole par des moyens modernes comme la rationalisation et la mécanisation, l’utilisation de variétés améliorées en monoculture et l’agrandissement général des exploitations et de l’infrastructure. Les succès principaux de la révolution verte sont le doublement du rendement des céréales et l’acquis de la sécurité alimentaire dans les pays développés.
Pourtant, elle a aussi des effets non souhaités. Tout d’abord, elle donne la responsabilité de nourrir la société à quelques agriculteurs seulement, en favorisant ceux qui ont accès au capital et aux conditions optimales. Elle a aussi des effets importants sur l’environnement : la biodiversité est réduite non seulement chez les plantes cultivées, dont un nombre d’espèces et de variétés très limité est utilisé pour la grande production, mais encore chez les espèces natives qui sont affectées par l’utilisation de pesticides et la simplification de la structure du paysage. En outre, les pesticides et engrais contribuent à l’eutrophisation et pollution des eaux naturelles.
Pour discuter des erreurs qui ont été faits dans le passé et les alternatives que nous avons pour l’avenir, une table ronde a eu lieu à l’université de Genève. Un représentant de l’industrie, Benoît Ducret de Celagro, était présent, ainsi que Sylvain Aubry de l’Office fédérale de l'agriculture (OFAG), Luigi D’Andrea de la Coordination romande sur le génie génétique stopOGM, Marco Barzman de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) et finalement Christian Frankhauser de l’université de Lausanne.
La discussion démarre sur l’utilisation abusive des pesticides, qui constitue un des problèmes majeurs de l’agriculture moderne. D’après Benoît Ducret, l’utilisation mondiale des pesticides a augmenté de 84% entre 2006 et 2014. Un point faible des pesticides est leur efficacité. Il faudrait augmenter le pourcentage qui arrive à la cible, ce qui pourrait, entre autres, être réalisé par l’amélioration de la formulation et est donc de la responsabilité des fabricants. Une autre possibilité de réduire l’utilisation des pesticides réside dans le passage à la production bio, qui aujourd’hui, représente seulement 2% de la production mondiale.
Les obstacles qui rendent difficile le passage au bio pour les paysans sont principalement les pertes de rendement. Cependant, ces pertes pourraient être mieux supportées par les paysans s’ils pouvaient cultiver seulement une partie de leurs produits, comme par exemple les fruits et légumes, en qualité bio. Finalement, l’utilisation des OGM est discutée de façon controversée. En théorie, les OGM contenant des résistances contre des ravageurs pourraient aider à réduire l’utilisation de pesticides, mais la pratique a montré que les OGM n’influencent pas la quantité de pesticides utilisés. Pour Luigi D’Andrea, il est inacceptable de cultiver des OGM, car nous intervenons dans le génome et notre connaissance de la structure du génome et des effets de la manipulation génétique sont encore trop limités. Pour lui, la révolution verte est un modèle qui arrive au bout parce qu’il n’est pas possible de résoudre les problèmes créés par la technologie avec encore plus de technologie.
Pour Marco Barzman, le problème majeur que nous avons aujourd’hui est plutôt lié à l’appauvrissement de la diversité des espèces et des variétés. Aussi, il dit que la tendance à l’agrandissement des exploitations et à la diminution du nombre des paysans vont dans le mauvais sens. Il serait plus efficace d’avoir plus de plus petites exploitations, car les paysans exploitant moins de surface s’en occupent mieux et investissent plus. Une cause de la diminution du nombre de paysans est l’exode rural, qui se déroule partout et qui continuera à l’avenir.
Pour conclure, l’agriculture a des problèmes importants qui doivent être résolus afin d’affronter l’avenir. Il faut donc exploiter les possibilités apportées par les technologies modernes le mieux possible, mais les combiner dans le même temps avec les anciennes connaissances. Finalement, il est important de maintenir la biodiversité.
Credit photo : U.S. Department of Agriculture https://creativecommons.org/licenses/by/2.0/
Article très intéressant. Cette problématique est effectivement au coeur de très grands enjeux pour l'avenir en terme de modèle d'agriculture et de société de consommation.
C'est un sujet important sur plusieurs aspect, cela suggère non seulement une modification de notre alimentation, au profit d'une plus grande adaptation avec la nature. Mais également un plus grand respect pour notre planète.