Le « networking » ou réseautage en français est devenu un art incontournable pour quiconque est désireux de faire évoluer sa carrière professionnelle. Toutefois, cela nécessite beaucoup de pratique avant de pouvoir le maîtriser. En effet, pour la plupart d’entre nous, cet exercice oratoire n'est de loin pas évident, et ce indépendamment que nous soyons manager, chef d’entreprise ou employé. Souvent source de mille maux, amorcer une conversation face à un parterre d’inconnus est souvent synonyme de gêne, de peur ou de terribles angoisses parfois difficiles à gérer.
L’art du « small talk » ou de la conversation légère
Le phénomène du “small talk” n’est pas récent, puisqu’au siècle passé, tout au début des années vingt, ce sujet a fait l’objet d’étude menée par l’anthropologue et le sociologue polonais Bronislaw Malinowski, qui a défini le “small talk” comme une compétence sociale, en utilisant la capacité à conduire une conversation légère comme vecteur d’analyse.
En fait, le “small talk” est un échange de banalités entre deux personnes dont le seul but est de mener une conversation et de forger des relations solides. Peu importe la durée de l’échange (présentation en quelques secondes : elevator pitch ou plusieurs minutes), maîtriser l’art de la conversation légère est précieux, voire essentiel pour réussir une carrière.
Qui d’entre nous ne s'est jamais retrouvé dans le cadre d’un réseautage professionnel ou d’un cocktail dînatoire démuni face aux personnes présentes, sans savoir quoi leur dire ou ne sachant pas comment les aborder. Une constante : celui qui maîtrise l’art du “small talk” sera toujours à l’aise en société. Savoir briser la glace avec spontanéité et originalité vous procurera toujours une longueur d’avance, car celui qui mène la conversation est l’objet de toutes les convoitises.
Les sujets classiques comme la météo ou les déplacements permettent souvent une première approche douce. Tout l’art de l’exercice est donc d’entamer un dialogue sans pour autant être ennuyeux pour son interlocuteur, surtout si celui-ci pourrait s’avérer être une personne influente pour le futur d’une carrière professionnelle.
La subtilité est de rester toujours soi-même, en faisant preuve de naturel, lorsque vous abordez votre interlocuteur. Témoignez-lui de l’estime, intéressez-vous à sa personne et à son activité. N’oubliez pas qu’une bonne estime de soi dégagera toujours un rayonnement positif pour soi-même, mais aussi face aux autres. Non seulement, il faut avoir quelque chose à dire, mais encore faut-il que l’esprit soit disposé à la rencontre.
You never get a second chance for the first impression (On n’a jamais une deuxième chance pour faire une première bonne impression – vieil adage)
Un professionnel du “small talk” est donc une personne qui maîtrise avec aisance cet art oral et qui est capable d’engager la conversation avec n’importe qui et sur à peu près tous les sujets, comme nous allons le voir.
De la parole aux actes
Les questions d’accroche ou les sujets dits préliminaires ne manquent pas : c’est la première fois que vous venez ? comment avez-vous trouvé la conférence ? appréciez-vous ce cocktail ou ce petit-déjeuner ? dans quel secteur d’activité travaillez-vous ? avez-vous trouvé aisément le lieu de rendez-vous ? avec quel moyen de transport êtes-vous venu ?
En revanche, certains sujets de conversation restent à éviter autant que possible, car ils nécessitent obligatoirement un positionnement de votre interlocuteur dans sa réponse: la politique, la religion, les pratiques à caractère sexuel et tout ce qui a trait à l’argent. Le “small talk” n’est pas un débat d’idées, mais il sert à se découvrir des points communs, des affinités et surtout à instaurer un climat de confiance, qui pourra, dans le meilleur des cas, booster votre carrière.
Pour un “small talk” réussi, l’attitude corporelle doit être la plus naturelle possible, car n’oubliez pas que 80 % de la communication passe par le langage non verbal. Ne cachez pas vos mains et éviter de croiser les bras. Il convient également de garder une certaine distance entre vous et votre interlocuteur pour instaurer un climat propice à l’échange.
Il est indispensable de veiller à conserver un contact visuel qui montre l’intérêt que vous portez à la conversation et d’apprendre à pratiquer l’écoute active, en étant attentif aux subtilités de langage de votre interlocuteur. Cette conversation légère doit s’apparenter à un échange vif de questions ouvertes, où chacun doit faire preuve d’empathie et d’écoute de l’autre.
Pour maîtriser l’art du “small talk”, une bonne culture générale s’avère indispensable, car plus votre connaissance des sujets d’actualité sera étendue, plus vous paraîtrez à l’aise vis-à vis de vos interlocuteurs et la discussion sera alors riche et variée.
Comment ne pas être piégé ?
Si la personne ne montre que peu ou pas d’intérêt à ce que vous dites, il ne faut pas insister et s’éloigner. Ce désintérêt sera en principe perceptible dès les premiers instants de l’échange, si vous maîtrisez l’art du « small talk ».
Si vous percevez une baisse d’attention de votre interlocuteur ou par exemple, s’il regarde sa montre de façon incessante ou si son regard est constamment attiré dans d’autres directions, il est peut-être temps pour vous de vous éclipser tout en exprimant le plaisir que vous avez eu à converser avec lui et de rechercher une nouvelle personne avec qui échanger.
Parfois, vous serez aussi confrontés à des personnes ennuyantes ou trop bavardes qui auront tendance à tout recentrer sur elles-même. Comment agir ? Tout dépend de la personne que vous avez en face de vous, surtout s’il s’agit d’un membre de votre hiérarchie, d’un potentiel client ou d’un partenaire commercial. Dans ce cas de figure, il est plus sage de l’écouter en espérant que cette attitude sera payante à moyen terme et vous permettra d’atteindre les objectifs fixés au préalable.
Enfin, surtout ne pas s’éclipser en douce en pleine discussion, ce qui pourrait être perçu comme de l’impolitesse. Prétextez plutôt une raison objective d’interrompre la conversation tout en invitant la personne à poursuivre cet échange à un autre moment ou dans un autre lieu.
Pour conclure...
Nous l’avons vu, maîtriser l’art du “small talk” demande de la subtilité, mais bien pratiqué, il apparaîtra comme un très bon outil pour développer son propre réseau et donner un sérieux coup de pouce à sa carrière professionnelle. Alors, même si vous êtes une personne timide, qui souffrez de mille maux à vous exprimer en société ou lors d’un “networking” face à des inconnus, n’hésitez pas à prendre votre courage à deux mains en instaurant un échange avec les personnes présentes. N’utilisez que des mots qui vous correspondent sans faire de grands discours insipides sur des sujets dont vous n’auriez pas la maîtrise.
Voici donc cinq conseils utiles pour réussir votre “small talk” 1 ou comment utiliser des mots pour combattre vos maux :
Sûr de soi (estime de soi et attitude positive face à son interlocuteur)
- Une personne sûre d’elle-même dégage des ondes positives.
- Un langage corporel positif exprime votre intérêt pour votre interlocuteur.
Manières polies (les bonnes manières)
- Saluez les gens poliment fait bonne impression.
- Assurance et professionnalisme passent aussi par de bonnes manières au restaurant.
Intérêts (culture générale et actualités)
- Tenez-vous au courant de l’actualité en consultant les journaux et Internet.
- Révisez régulièrement votre culture générale.
L’écoute (écoute active et questions pertinentes)
- Ecoutez activement, c’est écouter attentivement et comprendre l’autre.
- Posez les bonnes questions pour entretenir et mener le dialogue.
Esprit (humour et sens de la répartie)
- En société, une personne avec de l’humour et de l’esprit est divertissante et recherchée pour sa compagnie.
- Vous laisserez ainsi un souvenir agréable à votre interlocuteur.
Il n’y a qu’une chose qui puisse rendre un rêve impossible, c’est la peur d’échouer 2
Sources :
Migros Magazine No 23 – juin 2014
http://www.success-and-career.ch/conseils/la-vie-en-entreprise/3886-la-reussite-par-le-small-talk
1 Annette Kessler, Vom Small Talk zur Konversation: Unterhaltsames aus Kunst, Literatur und Musik von A bis Z, Mit Illustrationen von Timo Wuerz, Gabal Verlag, 2010. Annette Kessler, Small Talk von A bis Z: 150 Fragen und Antworten, Mit Illustrationen von Timo Wuerz, Gabal Verlag, 2007.
2 Citation de Paulo Coelho, romancier brésilien
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