Le Conseil fédéral a publié la semaine passée une révision de la concession de la SSR (Société suisse de radiodiffusion et télévision). Il a accordé une liberté "modérée" à la SSR sur Internet, élargissant ses possibilités en matière de contenus numériques. Cette mesure doit répondre à une forte attente du public et renforcer le service public. Elle pose des limites claires qui visent à protéger les autres médias, mais elle fâche à nouveau le secteur privé.
La SSR et les éditeurs n'avaient pas réussi à se mettre d'accord l'automne dernier sur une utilisation commune d'Internet. Avec la révision de la réglementation, le Conseil fédéral a maintenu l'interdiction de toute publicité et parrainage sur Internet pour la SSR. Il laisse plus de liberté à la SSR lorsque le contenu internet présente un lien avec une émission diffusée. Cependant, elle est plus restrictive lorsque ce n'est pas le cas. En effet, 75% des textes publiés sur le web doivent avoir un lien direct avec des contenus audiovisuels et le lien avec l'émission doit être clairement mentionné. De même les jeux et les forums de discussion ne sont autorisés que s'ils sont en relation avec une émission. Tandis que dans les domaines de l'actualité, des sports et des informations locales ou régionales, les textes sans lien avec une émission ne doivent pas excéder 1000 signes.
Les demandes de la SSR ont provoqué une tension avec les éditeurs de presse. Ceux-ci auraient souhaité que 80% des textes postés soient en relation avec une émission et que les textes sans lien soient limités à 600 signes. Selon Daniel Hammer, secrétaire général de Médias suisses, il s'agit "d'un jour noir pour les télévisions privées", puisque la SSR aura désormais le droit de diffuser en direct sur Internet des événements politiques, économiques, sportifs et culturels importants.
Le Conseil fédéral reconnaît ainsi l'Internet comme un canal de diffusion à part entière, qui permettra à la SSR de mieux répondre à un fort besoin du public.
Pour Schweizer Medien, le compromis est globalement satisfaisant, car le plus important était de maintenir l'interdiction de la publicité sur le net.
Enfin, la SSR pourra se séparer de World Radio Switzerland qui diffusait un programme radio en anglais depuis 5 ans, mais qui n'avait pas réussi à atteindre son public.