Des pyramides d'Égypte à l'Empire State Building, les plus grandes structures du monde ont toujours été financées par les grosses fortunes. Prodigy Network, plateforme spécialisée dans l’investissement immobilier, basée à New York, et connue pour promouvoir la copropriété de l'hôtel "Trump Soho", essaie maintenant un nouveau modèle : apporter un financement participatif à l'immobilier (Crowdfunding for Real Estate).
Le "Crowdfunding" sollicite des milliers d'investisseurs à acheter des morceaux de gratte-ciel avec pour contrepartie une participation aux bénéfices liée à la hausse des loyers et du prix de l'immeuble. «La grande différence avec l'immobilier traditionnel, c’est qu'au lieu d'acheter au travers d'un fond, avec une association de biens, les gens investissent dans un seul bien», indique Rodrigo Nino, CEO et fondateur de Prodigy qui a grandit en Colombie et étudié l'économie en Suisse. «Cela leur laisse plus d'autonomie pour contrôler leur risque» ajoute-t-il.
Depuis sa création il y a 7 an, Prodigy a toujours voulu s’engager dans le financement participatif sans toutefois y parvenir. Récemment, Prodigy a découvert le "Derecho Fiduccario", une petite structure financière bien connue dans le pays natif de Nino, la Colombie, pour permettre l'investissement individuel sur des projets immobiliers isolés. En Colombie, Prodigy a financé en participation un immeuble appelé BD Bacata qui sera le plus grand du pays. Environ 3'100 investisseurs ont injecté $171,8 millions sur les $ 239 millions nécessaire à la construction du gratte-ciel "66-story" dans le centre de Bogota. Les investisseurs peuvent aussi acheter et vendre les actions à travers un programme de revente, qui fonctionne comme un marché secondaire.
Prodigy est actuellement en tractation pour acheter le "84, William Street" au centre de Manhattan pour $58 millions. Ils planifient d'investir $32 millions supplémentaire. Prodigy nous communique que leur intention est de lever quelque $26 millions en capitaux propres provenant d'investisseur privés de 11 pays. la "FTI Consulting" (FCN), basée à Palm Beach Ouest en Floride, nous assure que Prodigy est en conformité avec le fisc américain, ainsi qu'avec les lois contre le blanchiment d'argent sale quant au fait d'accepter de l'argent venant de pays extérieurs aux Etats-Unis. "Au lieu d'acheter en Floride du sud des appartements bas de gamme en copropriété, les investisseurs internationaux peuvent désormais investir dans un marché concret tel que celui de New York" affirme Rodrigo Nino. Prodigy avance que les investisseurs de "William Street" verront un retour sur investissement de 15%.
Les investisseurs ne comptent pas d'américains pour l’instant, car les Etats-Unis n'acceptent que des investisseurs accrédités - généralement ceux qui ont des avoirs de plus d'$1 million - à acquérir des biens dans des compagnies privées. Mais ceci changera bientôt: la loi "Jumpstart Our Business Startups (JOBS)", entrée en vigueur en avril dernier, permettra à n'importe qui d'investir au plus $2'000.-- ou 5% de leur revenu ou valeur nette.
La "Securities and Exchange Commission” (SEC) travaille encore sur les mesures de sauvegardes exigées par la loi afin de protéger les investisseurs. Une fois que la Commission d’échange et de sécurité (SEC) aura finalisé ses mesures, l’investisseur américain lambda pourra aussi acheter un morceau de gratte-ciel.
Gustavo Gonzalez, un ingénieur civil colombien qui a acheté 2 actions de BD Bacata en 2010 pour 100 millions de pesos ($57'178), confirme que le retour sur investissement est excellent. Depuis son achat, basé sur une publicité qu'il a lu dans la presse locale, les actions ont augmenté d'environ 43%. "J'aime l'idée que cela sera le plus grand bâtiment du pays, ceci est pour moi tout aussi important que l'augmentation du prix de l'action".
Source: Max RASKIN - Bloomberg Businessweek- 24 janvier 2013