« Je me suis fait ghoster ». Si cette phrase a été longtemps réservée au monde des rencontres en ligne, elle a trouvé un nouveau terrain de jeu en entreprise. Coup de projecteur sur une pratique qui fait le malheur autant des recruteurs que des candidats.
Le « ghosting », c’est quoi ?
Apparu il y a quelques années, ce terme vient du mot anglais « ghost » qui signifie « fantôme ». Autrement dit, le « ghosting », c’est faire le mort, disparaître sans laisser de traces. À l’origine, l’expression désigne le fait de poser un lapin à un rendez-vous amoureux.
Dans le monde professionnel, il peut être utilisé pour qualifier le comportement d’un candidat qui ne se présente pas à un entretien, sans donner d’explication. Le « ghosting » peut également désigner l’attitude du recruteur qui ne donne pas suite après un entretien.
Les candidats en recherche d’emploi connaissent depuis longtemps le penchant de certaines entreprises à ne parfois pas répondre à une candidature. La tendance a cependant évolué pour toucher les recruteurs eux-mêmes.
D’après le métamoteur de recherche d’emploi Indeed, 85% des employeurs auraient déjà été « ghostés ». Plus étonnant, ce type de comportement aurait eu lieu dans 22% des cas après l’acceptation d’une offre. Cela veut dire que le candidat engagé ne s’est pas présenté pour son premier jour de travail.
Toutefois, ces chiffres élevés concerneraient en grande partie les secteurs professionnels les plus précaires.
Les raisons du phénomène
La pratique peut paraître paradoxale, en particulier dans un monde où les moyens de communication se démultiplient et où chacun s’attend à obtenir une réponse tout de suite. Du côté des recruteurs, on comprend que la quantité grandissante de dossiers de postulation rend le suivi de plus en plus difficile à faire.
Certains candidats adeptes du « ghosting » pourraient penser que cette attitude nonchalante est un juste retour des choses. D’autant plus que l’agence de consulting et placement Addison Group a révélé que 70% des candidats perdent leur motivation après une semaine de silence de la part des recruteurs. Une attitude qui favoriserait donc le « ghosting » en cas de prise de contact ultérieure.
Pourtant, ces désistements arrivent aussi quand la situation devient délicate. 22% des candidats ont « ghosté », car ils étaient gênés d’avouer qu’ils avaient changé d’avis à propos d’un poste, selon un sondage mené par LinkedIn.
Des opinions divergentes
Alors que 78% des recruteurs s’estiment satisfaits de leur communication avec les candidats, ces derniers sont 46% à penser que les entreprises ont encore des efforts à fournir dans ce domaine. Le manque fréquent d’explication dans le cas d’un refus serait donc l’une des tendances sous-jacentes à l’émergence du phénomène.
Quelle solution pour pallier cette « Tinderisation » du monde du travail ? Du temps et des ressources. Les recruteurs ne sont pas dupes et savent que ces comportements sont bien moins fréquents lorsqu’ils choient leurs candidats, prennent le temps pour eux et leur fournissent des feedbacks. À bon entendeur !
Lectures complémentaires :
La discrimination fondée sur l'origine et le genre touche aussi le recrutement en ligne par Océane Diambwana
Le job dating : moyen de recrutement de l'avenir ? par Patricia Ulanowski
Source : https://www.tdg.ch/le-ghosting-contamine-le-monde-du-travail-773953756591
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