Après une longue carrière au sein d'une grande institution, pourquoi et comment devenir coach ?
Francis Amar doit savoir tout faire : marketing, comptabilité, impôts… et il est seul à bord. Nous nous sommes intéressés au processus de transition, de la transformation de quelqu'un qui a consacré 32 ans de sa vie au service des victimes des conflits armés au sein du CICR. En effet, travailler pour le CICR, c'est travailler pour une organisation qui prend tout en charge, qui encadre, qui forme, et qui donne un sens d'appartenance très fort à ceux qui y travaillent –surtout en y restant de longues années. Pour que ses délégués soient efficaces, pour qu'ils puissent consacrer l'entier de leurs énergies aux bénéficiaires de l'aide humanitaire, le CICR entend s'assurer que leurs besoins de base soient assurés.
Comment quitter le sérail?
En outre, travailler pour le CICR n'est pas un job comme un autre. On vit passionnément son mandat. Quitter le CICR n'est donc pas toujours facile, et Francis Amar le reconnaît : après autant d'années, "le cordon ombilical est très épais, le couper provoque un saignement profond, la cicatrisation est lente."
Le processus de départ s'est fait très graduellement. Au tout début, encore en pleine activité professionnelle en tant que chef de département au siège, il s'agissait de décrypter certains signaux. Où va le CICR ? Qui seront ses nouveaux dirigeants ? Quel serait, le cas échéant, sa place dans la nouvelle équipe ? Ainsi se dessine, lentement, l'idée de ne plus faire partie de la direction. Mais alors se pose tout de suite une nouvelle question : que faire lorsque la trajectoire professionnelle semble avoir atteint son apogée, surtout s'il n'a pas encore atteint l'âge de la retraite ?
Premier bouleversement, donc : après plusieurs années à Genève, le couple accepte de partir à l’étranger (ce qui implique que son épouse quitte son travail) et s'installe à Kuala Lumpur, pour reprendre les rênes de la délégation régionale du CICR. Le travail est intéressant, le cadre magnifique, mais… le contrat n'est que pour deux ans, au bout duquel un deuxième bouleversement aura lieu. Comme Francis a maintenant atteint l’âge de la pré-retraite, il décide de profiter de cette possibilité et reste en Malaisie encore neuf mois avec son épouse. Il voyage et songe à l'avenir. Que faire? Où s'installer?
Choix par élimination
C'est en vacances avec des amis, dont un coach, que M. Amar découvre le métier. Il s'y intéresse et reçoit quelques conseils. De retour à Genève, il s'informe, et finalement s'inscrit pour une formation. Il sent qu'il a les atouts pour réussir, comme il le précise sur son site web (www.focusevolution.ch). Son travail au CICR l'a "amené à maîtriser les nombreuses facettes de la gestion des ressources humaines : recrutement, formation, encadrement et évaluation." Selon M. Amar, il a acquis un solide savoir-faire dans l'accompagnement du changement et la médiation de conflits, ainsi que dans d'autres domaines importants du management comme les finances et l’administration. C'est ainsi qu'il s'est spécialisé –sans en faire une exclusivité– dans le leadership coaching.
Francis Amar aurait pu prendre son envol dans d'autres directions. Sa pré-retraite lui aurait permis de vivre tranquillement ou il aurait pu reprendre son bâton de pèlerin humanitaire et proposer ses services à d'autres organisations, tels que l'ONU ou Médecins Sans Frontières. Pourquoi ce choix de coach ?
D'une part, M. Amar se considère comme quelqu'un d'actif. Les balades en montagne ne suffisent pas. D'autre part, il ne voulait pas se replonger dans l'action humanitaire, après avoir assumé des fonctions dirigeantes à Genève. Il ne voulait plus avoir à gérer un supérieur hiérarchique. Il faillait donc trouver le juste milieu qui devait aussi comprendre le volet qui lui a toujours été cher : comment aider les autres.
Cette deuxième carrière, donc, est tout sauf acratopège. Les débuts n'ont pas été sans difficultés. Il lui fallait de nombreuses tentatives pour trouver la clientèle. Il a passé des heures à remplir des formulaires. Il a dû essayer de se faire connaitre par tous les moyens pour, en fin de compte, se fier à deux sources de clientèle : le bouche-à-oreille et les autres coachs avec qui il collabore.
Francis Amar ne vit pas de son nouveau métier, car il a le loisir de choisir ses clients, tout en bénéficiant de sa rente de retraite. Cela aussi, c'est un choix.
Un regard sur cette transformation
Les prémisses de son départ du CICR remontent à 2002. L'année suivante, il prend son dernier poste : l'avant-poste de la pré-retraite. Fin 2005, il met fin aux rapports de service, dans la discrétion, et décide de réorienter sa carrière. Il est certifié coach en 2007, créé son entreprise en 2009, et en 2010 obtient la certification de "Master Coach". C'est un processus lent, pour des raisons pratiques d'une part, émotionnelles de l'autre. Néanmoins, c'est un processus qui a permis à Francis Amar de retomber sur ses pieds et de continuer sa carrière, tout en profitant de la vie. Il estime que le CICR a manqué de clarté à son égard dès que le processus de départ était en cours, mais à postériori, selon lui, cette transition s’est effectuée dans de très bonnes conditions.
Sa philosophie ? Il faut toujours se remettre en question, aimer confronter ses idées à celles des autres. Pour un coach, cela passe par le dialogue avec, par exemple, un superviseur.
Les entreprises et les individus demandent de plus en plus les services d’un coach, par exemple pour la performance individuelle ou d’une équipe, la gestion de conflits, le transfert de connaissances. Selon Francis Amar, le coaching est un métier plein d’avenir, en forte demande. C’est aussi un métier modulable : pour ceux qui ont déjà fait leurs preuves, mêmes dans une organisation « cocon », c’est le métier idéal.
La formation en coaching qu’a suivi Francis Amar : http://www.idc-coaching.com/
Suggestion de lecture : http://people-equation.com/how-to-foster-a-coaching-culture-in-your-company/