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Le pétrole aujourd'hui : que se passe-t-il?

Écrit par Yolande Rique
Paru le 15 février 2016

Comprendre le monde de la finance est un défi pour la plupart d’entre nous. C’est la raison pour laquelle GBN vous propose une série de brèves et d’articles en lien avec ce domaine. Aujourd’hui, nous allons aborder les implications du pétrole dans notre quotidien et ses enjeux.

petrol
Le pétrole est une huile minérale naturelle combustible, d'une odeur caractéristique et d'une densité variant de 0,8 à 0,95, formée d'hydrocarbures et utilisée surtout comme source d'énergie.

Les différents types de pétrole

Les types de pétrole les plus cités sont les suivants.

En Amérique : le West Texas Intermediate WTI « light sweet crude »
Brut utilisé comme référence en Amérique du Nord, il est léger et non sulfuré. C'est le prix du WTI qui est habituellement cité dans les articles de journaux.

En Europe-Afrique-Méditérrannée : le Brent (brut de référence européen)
Le Brent est assez léger et peu soufré, issu des champs de la Mer du Nord. Il est côté par l’International Petroleum Exchange pour fixer le prix des 2/3 des pétroles bruts vendus dans le monde.

Au Moyen-Orient : le Dubaï light/l’Arabian light
Il est utilisé comme référence pour fixer le prix de vente d'autres bruts de la région à destination de l'Asie.

L’avantage des bruts légers consiste dans leur faible teneur en soufre. Ils se vendent à des prix plus élevés que les bruts lourds sulfureux, dont le raffinage est plus difficile et coûteux.  Plus le pétrole est visqueux, plus il est difficile à extraire et à traiter. C’est pour cela que, lorsqu’il atteint le prix de $50 US, il n’est plus rentable pour certaines raffineries.

Bourses et places des marchés organisés
La Bourse est un lieu d’échange informatisé où se confrontent l’offre (les vendeurs) et la demande (les acheteurs). Dans le cas du pétrole, on traite souvent ces opérations par des contrats à terme sur les marchés organisés.

En Europe, les bourses de pétrole en Europe se trouvent à Rotterdam et Londres.

Aux Etats-Unis,  l’International Petroleum Exchange (ICE) et le New York Mercantile Exchange (NYMEX) sont des lieux où l’on gère à la fois des contrats à terme et des options.

Ces marchés sont une référence au niveau des volumes traités sur le marché à terme. A ce jour, on compte 10 principaux pays exportateurs de pétroles qui contrôlent un peu plus des 2/3 de la production mondiale :

Arabie Saoudite    13 %
Etats-Unis    12 %
Russie    11.4 %
Chine    5 %
Canada    4.6 %
Iran    4.4 %
Emirats arabes unis    3.8 %
Irak    3.5 %
Mexique    3.3 %
Koweït    3.1 %

petrol2Source: http://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/opep

Ce tableau simule les variations des cours du baril (1970-2015) et l’on peut constater qu’à partir de 2015 le pétrole n’a fait que baisser.
Pour le pétrole, la monnaie de référence est le dollar et, lorsqu’il y a des facteurs de variation de cours, son influence se fait ressentir sur le pouvoir d’achat des pays producteurs (il diminue lorsque le cours du dollar baisse et inversement).

Un peu d’histoire
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) est une organisation internationale créée le 14 septembre 1960. Le siège se trouve à Vienne, en Autriche. Le cartel a été constitué par cinq pays : le Venezuela, l’Irak, l’Arabie Saoudite, le Koweït et l’Iran pour contrôler la baisse des prix du pétrole brut par les compagnies exploitantes. A ce jour, il compte 13 pays membres dont l’objectif est à la fois de fixer le prix à l’exportation mais aussi de jouer un rôle primordial dans l’environnement géopolitique.

Par exemple, en 1973 lors de la guerre du Kippour entre Israël et l’Egypte, l’OPEP a organisé un embargo pétrolier auprès des pays qui soutenaient Israël, réduisant la production afin d’augmenter le prix du brut. En 1982, l’Iran a utilisé cette même arme pour augmenter sa part du marché et financer la guerre contre l’Irak. Par la suite, le cartel a joué un rôle phare dans le conflit qui régnait entre Israël et la Palestine.

L’Arabie Saoudite, de son côté, a toujours eu une influence auprès des Etats-Unis. Elle a souvent financé des opérations secrètes et, dernièrement, en faveur de la CIA, pour armer la milice syrienne contre le régime de Bachar el-Assad. Elle s’est également liée aux Américains dans le but d’affaiblir la Russie en regard de sa politique à l’encontre de l’Ukraine.

Aujourd’hui, une guerre pas tout à fait secrète se joue entre l’Arabie Saoudite, qui fait tout son possible pour baisser le prix du pétrole, et l’Iran, qui est opposé à sa stratégie au Moyen-Orient.

Les enjeux de la baisse du prix du pétrole
La surabondance de l’offre des Etats-Unis, de la Russie et maintenant de l’Iran pose un vrai problème. Les faibles perspectives de croissance dans les pays émergeants, et plus particulièrement le ralentissement de l’économie en Chine, réduit la demande mondiale de pétrole. De plus, l’hiver doux que nous rencontrons actuellement dans nos contrées ne favorise pas la consommation.

L’OPEP, de son côté, inonde le marché, ce qui fait baisser le prix du brut. Ils augmentent la production de pétrole pour que leur produit soit le moins cher (et donc le plus prisé) du marché, qui ne fait qu’aggraver la situation et influencer de manière négative les marchés financiers et les profits en faveur de l’industrie pétrolière. D’ailleurs, certains membres du cartel, comme le Venezuela, l’Angola et le Nigeria, se retrouvent aujourd’hui au bord de la faillite et auront besoin de ce marché pour lutter contre la pauvreté. Plus généralement, cette politique affecte tous les intervenants du cartel. Ils auront tous des difficultés à rembourser leurs dettes, d’autant plus que la devise de négociation est le dollar.

L’OPEP utilise cette stratégie de  maintien du cours du pétrole à un niveau inférieur à USD 50  dans le but de rendre celui-ci plus rentable et de ne plus commercialiser celui en provenance des Etats-Unis, de la Sibérie ou de la Mer du Nord, beaucoup plus coûteux.

Le ralentissement de l’économie mondiale affecte également la demande, avec pour conséquence une augmentation des stocks. Tous les pays exportateurs sont dépendants des pays consommateurs pour le financement de leur économie et l’achat des produits de première nécessité (denrées alimentaires, médicaments, etc.). Les banques d’investissement sont également touchées par l’exposition consacrée aux positions de pétrole, par exemple dans les fonds de placement, et ceci provoque une contagion des crédits dans tout le système financier. Certains pays de l’OCDE, comme l’Allemagne par exemple, sont également touchés par la baisse du prix car ils ont investi dans des énergies alternatives.

En revanche, il existe des effets bénéfiques sur la croissance, la consommation et le revenu des ménages. Pour nous, les trajets en voiture ou la facture du chauffage seront moins chers. Les compagnies aériennes profiteront de la baisse du carburant et de l’augmentation des revenus des ménages. Les investisseurs intéressés par le trading profiteront d’un portefeuille-titres favorablement impacté par un pétrole bon marché en 2016.  Pour les Etats-Unis, la levée de l’embargo vis-à-vis de l’Iran leur permettra d’être moins dépendants de l’Arabie Saoudite.

Malgré les décisions prises par la COP21 qui visaient à baisser notre consommation d’énergies non-renouvelables, les investisseurs vont continuer à utiliser le pétrole au lieu des énergies renouvelables car le porte-monnaie du consommateur prime avant tout. A ce jour, l’Arabie Saoudite est en mesure de maintenir cette politique des prix à la baisse, car elle dispose encore d’assez de réserves financières et de stocks pour supporter une baisse. Cette situation est-elle viable à long terme ? Telle est la question que l’on doit se poser.

Pour la Chine, deuxième puissance mondiale et première importatrice de pétrole, les perspectives ne sont pas positives. Elle rencontre déjà un ralentissement dans sa production industrielle ce qui se reporte sur toute l’économie mondiale. Le beau fixe n’est donc pas pour demain.

Sources :
http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/01/12/pourquoi-les-prix-a-la-pompe-augmentent-quand-le-baril-de-petrole-s-effondre_4845932_3234.html#COKDliVPElazSJJO.99
http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/01/12/pourquoi-les-prix-a-la-pompe-augmentent-quand-le-baril-de-petrole-s-effondre_4845932_3234.html
http://www.parismatch.com/Actu/Economie/Baisse-des-prix-du-petrole-jusqu-ou-ira-la-crise-890601
http://www.bing.com/images/search?q=p%c3%a9trole+photo&view=detailv2&&id=3ED05B763BADA6A540B008BE6DB8FD2AB31DF24F&selectedIndex=49&ccid=2odv9eoa&simid=6080246653802265

Photo credit: ResoneTIC via Pixabay, CC0 Public Domain License

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2 comments on “Le pétrole aujourd'hui : que se passe-t-il?”

  1. Merci pour cet article très intéressant, à sa lecture deux petites questions me viennent :
    - Quelle est la part de l'extraction de pétrole par rapport aux procédés de schistes, comme on peut le voir aux US, faisant des ravages aux niveau écologique.
    - A qui profite le crime ? Les prix baissent, les consommateurs devraient s'en réjouir ? Mais à moyen terme le gain produit par cette baisse sera très largement dépassé par les manques à gagner par l'économie. N'est-il pas possible de fixer les prix d'une autre manière qu'en laissant l'OPEP dicter la loi ? Dévastatrice pour la planète...

  2. Un article très intéressant qui soulève la question de notre dépendance au pétrole pour booster notre économie. Dans un monde en recherche de croissance, cela nous mène à nous questionner sur les manières dont les économies peuvent placer le développement des énergies renouvelables dans leur quête de création de croissance.

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