Nous avons tous une vie rêvée comme Walter Mitty, et comme lui, la plupart de nous, avons en réalité une vie qui sort peu de l’ordinaire. Nous en sommes parfois satisfaits, même si au fond, nous songeons à ce qu’elle pourrait être si nous avions (eu) la bonne opportunité…
Certains d’entre nous affichent une assurance qui dépasse les limites du compréhensible (par exemple aux castings des émissions telles que Nouvelle Star), ou insistent fermement sur le fait d’avoir le même résultat que leurs expectatives (pour mieux comprendre, voir réalité VS imagination sur le net). D’autres, au contraire, ne se sentent jamais prêts.
Parfois quand nous constatons que nous ne sommes pas à la hauteur de nos ambitions, dépités, nous abandonnons ou passons à autre chose. Alors, qu’est-ce qui fait que d’autres y arrivent contrairement à la plupart d’entre nous ?
Compétences innées VS acquises
Le talent naturel fait une énorme différence, certes, mais pas seulement. À un moment donné, comme Mitty, certains ont arrêté de rêver et ont mis en place tous les éléments pour vivre réellement leur projet. Cela passe parfois par des formations, par la constance dans l’exercice, par la mise en place d’un réseau professionnel, etc.
Cela dit, même après la réussite d’une formation, une nouvelle sélection s’opère : certains exerceront leur nouvelle carrière, tandis que d’autres continueront comme avant. Ces derniers auront soit accroché leur diplôme encadré à un mur, soit ils l’auront jeté au feu dans une cheminée (ou encore en auront fait de petits avions… à vous de choisir !).
Alors pourquoi, à compétences théoriques égales, certains atteignent leur objectif alors que d’autres stagnent dans leur carrière ?
La volonté, la théorie, la pratique ne suffisent pas toujours. Si la chance est aussi un élément important, il faut savoir se vendre et, surtout il faut oser. En effet, au début il faut assez de courage pour se lancer et s’affirmer avec sa nouvelle « casquette ». Cela signifie : se donner le sentiment de légitimité.
Approche différente selon les personnalités
Entre ceux qui avancent dans leur carrière et ceux qui stagnent, c’est aussi l’approche qui est différente. Alors que certains (parfois avec moins de diplômes) ont des ambitions très élevées et se lancent sans peur en profitant du début de leur carrière pour acquérir de l’expérience et pratiquer, d’autres ont besoin de cette pratique avant de se lancer en tant que professionnel. Cela cache un manque d’assurance, le sentiment de ne jamais être à la hauteur pour des raisons propres à chaque personne, ou alors cela peut être dû à un excès de perfectionnisme.
Dans ces trois cas de figure, la personne est automatiquement plus critique et exigeante envers elle-même, alors que souvent, à cause de ces exigences, elle développe un niveau de compétences plus haut que la moyenne. Parce qu’elle ajuste son niveau « standard » à celui des « élites », elle ne se laisse pas le droit d’être « juste » assez bonne. En agissant de la sorte, elle se coupe elle-même l’herbe sous le pied.
Sentiment de légitimité : quelles catégories sont les plus touchées ?
D’une manière générale, c’est un problème qui touche les hommes et les femmes de tout niveau. Toutefois, des études ont fait ressortir deux cas de figure parmi lesquels le manque de sentiment de légitimité est beaucoup plus présent :
- En comparant les hommes et les femmes
Selon l’article « Les femmes manquent-elles d’ambition ? » sur L’express emploi, dans certains métiers comme la comptabilité, seulement 35% des candidatures sont féminines. Dans des secteurs où elles sont majoritaires comme les métiers juridiques, seulement 16% sur 78% des candidatures féminines s’adressent à des postes de managers.
Qu’est-ce qui explique cela ? Même avec la loi sur l'égalité homme femme au travail, certaines différences persistent (notamment salariales). En raison de son histoire peut-être, de son rôle dans la société, la femme a besoin quelque part de prouver aux hommes et à elle-même qu’elle est capable d’assumer les mêmes fonctions et d’effectuer les mêmes tâches que les hommes.
Toutefois, certaines d’entre elles finissent par choisir des métiers subordonnés et non de responsables car elles n’ont pas envie de s’exposer aux critiques et à la rivalité au quotidien.
Certains, pour cette raison, croient que les femmes manquent d’ambitions, alors que simplement elles s’expriment en dehors de leur carrière professionnelle.
Si certaines s’épanouissent dans d’autres activités, certaines, à diplômes égaux, capacité égales voir supérieures, n’osent simplement pas postuler pour un poste de direction à cause de problèmes plus liés aux peurs, à la légitimité et peut-être à l’éducation qu’aux réelles capacités.
- Parmi les nouveaux cadres
Cela est dû à des changements radicaux qui ont eu lieu dans la société.
Comme l’explique Catherine Blondel (conseillère des dirigeants et fondatrice du cabinet de coaching Vis-à-Vis), dans une interview sur Xerfi Canal, la société est passée d’un système « vertical » à un système « horizontal » et cela s’est accéléré en raison du progrès numérique.
Nous pourrions ajouter que, surtout dans un milieu industriel, les anciens dirigeants connaissaient leurs employés, et avaient eux-mêmes commencé par un apprentissage et un métier d’ouvrier, ce qui leur apportait de réelles connaissances du métier et des besoins de l’entreprise.
Aujourd’hui les cadres ne peuvent plus s'appuyer sur ces connaissances, la légitimité n’est donc plus fondée sur des acquis. Ils ne peuvent plus s’appuyer non plus sur un système de hiérarchie bien défini avec « l’extension du principe démocratique », ce qui fait que, même en ayant le dernier mot, les décisions ne sont pas prises exclusivement par eux.
L’état ou les titres de certaines institutions ne suffisent plus à « distribuer » cette légitimité et cette crédibilité auprès des autres.
Les nouveaux dirigeants doivent constamment prouver qu’ils « méritent » leur place et qu’ils ont les bonnes connaissances et compétences pour diriger une entreprise ou une société. Au lieu de puiser leur légitimité dans le passé, ils la concrétisent à travers de leurs projets et ils doivent la construire dans le présent (avec leur équipe et leur réseau) de manière permanente.
Dépasser vos craintes
Avoir le trac, douter de ses capacités, dans une certaine mesure, fait partie de l’être humain. Si cela affecte votre vie et vos décisions, si vous perdez des opportunités à cause de votre sentiment de légitimité, vous avez plusieurs possibilités d’action :
- Faire certifier vos connaissances :
- Pour les langues, vous pouvez passer des examens de langue ou simplement les tests de niveau organisés par des établissements privés tel que l’Ifage ou l’École Club Migros.
- Pour évaluer vos connaissances métiers, vous pouvez faire une validation des acquis et un bilan des compétences au centre CEBIG, à Genève. Cela peut vous être utile pour des recherches d’emploi ou, le cas échéant, pour faire le point sur les connaissances à rattraper et voir avec un(-e) conseiller(-ère) quel serait la passerelle métier ou la formation complémentaire qu’il vous faut
- Vous inscrire à des cours de théâtre, de prise de parole en public, ou demander des séances de coaching pour améliorer la confiance en vos capacités.
Il faut aussi avoir à l’esprit, qu’il y a toujours quelqu’un de meilleur que vous. Alors, au lieu de vous comparer aux capacités et aux talents des autres, apprenez à être juste vous-mêmes, à valoriser vos capacités. Vous pouvez en être fier(-ère) !
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