
Dans notre série d’articles sur les compétences clés, nous vous présentons celles de programmateur musical, qui est en charge de proposer des playlists originales et cohérentes aux auditeurs et aux spectateurs. Oreille aiguisée, curiosité, ouverture d’esprit, « veille » sur les réseaux sociaux, patience et endurance sont les compétences indispensables au succès de sa mission.
Que ce soit pour un festival, une TV, une radio, une salle de concerts ou un club, la place du programmateur est cruciale car la vision singulière de celui qui l’occupe permet à un lieu, à un événement ou à un support d’avoir une réelle identité et de ce fait, de se démarquer de la concurrence.
La curiosité et l’ouverture d’esprit
Tout bon programmateur se doit d’être curieux, et donc de ne pas se cantonner à l’écoute et la recherche d’artistes et de styles qui correspondent à ses goûts exclusifs. Il faut garder à l’esprit que sa sélection est destinée au plus grand nombre. L’éclectisme de ses choix lui permet d’atteindre cet objectif. Pour autant, s’il est en charge par exemple de la programmation d’un festival de musique metal, le programmateur ne choisit évidemment que des formations qui s’inscrivent dans ce style bien particulier, car il s’agit là d’un public très ciblé. Mais même dans ce cas, il existe tellement de déclinaisons et de courants pour un seul et même style musical que le programmateur n’a que l’embarras du choix pour varier les plaisirs et contenter les aficionados de tous horizons.
Une oreille infaillible
Une qualité qui peut paraître à priori évidente, mais qui sous-entend bien plus que le simple « j’aime, j’aime pas ». Le programmateur doit ainsi être capable d’expliquer son point de vue, de motiver ses choix et ses refus ainsi que de développer un argumentaire solide sur ce qui lui permet de miser ou non sur un artiste. S’il travaille pour une salle ou un festival, cela implique également d’assister aux concerts. En effet, avec l’arrivée des nouvelles technologies, les possibilités de gommer les défauts en studio sont devenues infinies, alors que le verdict du live demeure quant à lui implacable.
Une présence continue sur les réseaux sociaux
S’il en a la liberté, un bon programmateur ne se contente pas de donner à entendre au public uniquement ce qu’il réclame. Il peut également donner sa chance à des artistes méconnus en les incorporant à sa sélection. Pour cela, il pioche dans les albums, singles et démos qu’il reçoit des maisons de disques ou des artistes eux-mêmes. Il doit également être à l’affût de toutes les pépites cachées sur la toile et les passer au tamis de son oreille avertie, afin de les faire sortir de l’ombre. Cette activité lui prend beaucoup de temps, mais constitue sans aucun doute la partie la plus passionnante de sa mission.
Être constamment présent sur les réseaux sociaux permet également d’être très réactif en cas d’annulation de dernière minute. Le programmateur trouvera plus facilement une alternative s’il sait quels artistes d’envergure similaire se produisent dans la région à la même période. Il pourra ainsi les démarcher plus rapidement et trouver une issue heureuse à cet impondérable. Ce fut notamment le cas lors de l’édition 2004 du Paléo Festival, lorsque les programmateurs de la grande scène ont dû faire face au désistement soudain de la star internationale David Bowie. Grâce aux informations collectées en amont, ils ont pu pallier l’absence de la tête d’affiche en trouvant deux remplaçants de prestige, à savoir le groupe Texas et la chanteuse Patti Smith. Ceci est un exemple parmi tant d’autres, qui montre l’importance d’être en permanence connecté à tout ce qui se passe sur la « planète musique ».
La patience et l’endurance
Sans cesse sollicité par les attachés de presse des maisons de disques pour diffuser leurs artistes, le programmateur doit aussi faire preuve de patience et de diplomatie. Ainsi, dans la mesure du possible, il prend le temps de répondre même brièvement aux multiples sollicitations. Si le programmateur exerce son activité au sein d’une petite structure, il lui faudra souvent, budget limité oblige, porter plusieurs casquettes. Une endurance à toute épreuve est alors de mise, car en plus des tâches inhérentes à sa fonction, le programmateur devra en outre assurer le suivi des dates "bookées", coordonner la communication de la salle et du groupe, mais aussi assister aux concerts et faire de la relation presse avec les journalistes.
Au final, Programmateur est avant tout un métier de passion, et celui qui l’exerce un véritable boulimique sonore, un infatigable chineur à l’affût de la perle rare. Quand il pense enfin l’avoir trouvé, il n’a de cesse que de la partager et de la promouvoir par tous les outils en sa possession. Sa mission : agir comme un éclaireur, un « passeurs de culture » au service du public.
Merci pour un article qui réussit vraiment à dévoiler les clés d'un profession sur laquelle je n'avais aucune connaissances auparavant. J'aurais été aussi très intéressé de lire comment on peut accéder à ce rôle - idée pour un article future?
Un article passionnant d'un passionné de musique, qui se lit d'une traite!