La Suisse est une plaque tournante du négoce des matières premières. Saviez-vous que cette activité représente 4% du PIB suisse, et même 22% des recettes fiscales pour le canton de Genève ?
Nous continuons d’explorer ce vaste sujet sous un autre angle, et nous publions une série d’articles, en nous focalisant à chaque fois sur une matière première avec des anecdotes, des citations.
Arrêtons-nous aujourd'hui sur un type d'acier indien autrefois utilisé pour la fabrication de lames de sabres : l'acier wootz.
L'acier wootz pour la production de lames de Damas
A l'époque arabe, le fer fabriqué en Inde était transporté à Damas, où les armuriers en faisaient des armes, telles que les lames de Damas.
Il existe également des preuves archéologiques de la production d'acier dans l'Inde ancienne. Les archéologues ont découvert un centre industriel du fer et de l'acier datant de la dynastie Chera (établie autour du IIème siècle avant J.-C.) sur le site de Kodumanal, au sud de l'Inde.
L'acier wootz est un acier de fusion à très haut carbone avec des concentrations qui varient entre 1,3 et 2,2 % de carbone, lui conférant une incroyable plasticité et une grande dureté.
L'historien byzantin Zosime, le médecin Ctésias, ainsi que l’écrivain et naturaliste romain Pline décrivent la fabrication d'armes en acier wootz.
En 326 av J.-C., Poros, divinité allégorique de Platon, offre à Alexandre le Grand, en signe de soumission un bouclier en acier wootz.
La fabrication de cet acier s'est arrêtée très probablement au cours du XVIIIème siècle à cause de l'épuisement du précieux minerai. La dernière fabrication de lames de Damas avec de l'acier wootz semble se situer aux environs de 1750.
Alexandre et Porus par Charles Le Brun - Le Louvre
Aujourd’hui
De nos jours, ce savoir-faire ancien perdure.
Selon un article du Parisien daté du 2 mars 2021, intitulé Dans l’Eure, Joris le coutelier est le roi de Damas
Joris Demarest maîtrise la technique pour créer des couteaux recherchés par des collectionneurs. Et ses clients sont des amateurs et des collectionneurs de couteaux d’exception.
Cependant, la production d’acier contribue au dérèglement climatique avec 7% des émissions totales de CO2 dans le monde.
Au mois d’août 2021, le sidérurgiste suédois SSAB Oxelösund a annoncé avoir mis au point un acier décarboné pour le compte du constructeur suédois Volvo Cars (filiales du chinois Geely).
Une phase commerciale est prévue pour 2026.
C’est une avancée majeure pour la transition verte du secteur métallurgique.
La transition énergétique demande-t-elle trop de métaux ?
C’est l’avis de la Banque mondiale qui, en juillet 2017, alertait sur le fait qu’un monde bas carbone nécessitera beaucoup de ressources. « Il faut s’attendre à une augmentation de la demande d’acier, d’aluminium, d’argent, de cuivre, de plomb, de lithium, de manganèse, de nickel et de zinc, ainsi que de certaines terres rares, telles que l’indium, le molybdène et le néodyme.
Dans la même série « Les matières premières, sous un angle différent » :
- Le chocolat
- Le tournesol
- Le café
- Le cuivre
- L’aluminium
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