La Suisse est une plaque tournante du négoce des matières premières. Saviez-vous que cette activité représente 4% du PIB suisse, et même 22% des recettes fiscales pour le canton de Genève ?
Nous avons décidé d’explorer ce vaste sujet sous un autre angle, et de publier une série d’articles, en nous focalisant à chaque fois sur une matière première avec des anecdotes, des citations.
Noël approche à grand pas, avec son lot de douceurs. Nous allons donc nous pencher tout naturellement sur l’histoire de la tablette en chocolat.
Origine de la tablette en chocolat
Le magasin "Coffee Mill and Tabasco Roll" propose en 1674 du chocolat en boudin à l'espagnol, qui peut être croqué.
Vers 1750, Diderot (1713-1784) donne déjà dans l'Encyclopédie, la formule du chocolat en tablettes. Il constate que c'est une grande commodité pour les gens pressés.
« Le chocolat composé de cette maniere a cela de commode, que lorsqu’on est pressé de sortir du logis, ou qu’en voyage on n’a pas le tems de le mettre en boisson, on peut en manger une tablette d’une once, & boire un coup par dessus ; laissant agir l’estomac pour faire la dissolution de ce déjeûné à l’inpromptu. »
Il part de l'affinage de la pâte de cacao et... « On y ajoute le sucre en poudre passé au tamis de soie: la véritable proportion de cacao & du sucre le poids égal de l'un & l'autre (...)
On y ajoute une poudre très fine, faite avec des gousses de vanille & des bâtons de cannelle pliés & tamisés ensemble (...) On met la pâte dans des moules de fer blanc, où elle prend la forme qu'on a voulu lui donner & sa dureté naturelle. »
En effet, au XVIIème et au XVIIIème siècle, le chocolat ne se consommait pas, mais se buvait.
Etapes décisives pour la tablette de chocolat
Deux dates vont marquer le tournant de l’histoire de la tablette en chocolat. Il faut attendre jusqu’en 1828, où Conrad van Huten (1801-1887) invente la presse hydraulique à cacao, qui permet de séparer le beurre et la poudre de cacao
Grâce à cette invention, on pourra consommer le chocolat sous toutes ses formes.
Autour des années 1780, Joseph Fry (1728-1787) ouvre une manufacture de pâte de chocolat à Bristol : J.S Fry & Sons, dont la production est vendue dans les pharmacies et les drogueries de la ville.
A sa mort, c’est sa femme et son fils aîné Joseph Storrs II qui reprennent les affaires.
En 1795, son fils eut l’idée d’utiliser une machine à vapeur pour le broyage des fèves de cacao, ce qui permet de produire de la pâte de chocolat en grande quantité.
En 1847, on trouve à la tête de la maison Fry & Sons : Joseph, Francis et Richard. Les trois frères s’aperçoivent qu’en mélangeant du beurre de cacao, du chocolat en poudre et du sucre, on obtient une pâte molle, qu’il est possible de verser dans les moules. Ça y est ! La tablette en chocolat est créée !
Depuis de nombreux types de chocolats ont vu le jour : chocolat au lait, chocolat aux noisettes, chocolat blanc, chocolat noir... Et vous, le(s)quel(s) préférez-vous ?
Et maintenant ?
Pour revenir à notre sujet, comment s’est comporté le cacao cette année ?
Dans le dernier rapport cocoa market publié par l’ICCO (october 2021)
« The global cocoa market was bearish during the first month of the 2021/22 cocoa year. On both the London and New York markets, prices of the front-month cocoa futures contract witnessed pronounced drops. Compared to the settlement values recorded at the beginning of October 2021, prices of the DEC-21 contract declined by 9% from US$2,555 to US$2,318 per tonne in London, while in New York, they plunged by 6% from US$2,713 to US$2,552 per tonne. Prices declined as a result of excess supply despite the year-on-year increase in grindings for the third quarter of 2021 reported by the main regional cocoa association
En résumé, le marché mondial du cacao a été baissier au cours du premier mois de l'année cacaoyère 2021-2022. Sur les marchés de Londres et de New York, les prix du contrat à terme sur le cacao au premier mois ont enregistré des baisses prononcées.
Lectures complémentaires :
Les matières premières, sous un angle différent – 2. Le tournesol
Photo credit : canva.com