Un jeune américain de 28 ans, Thomas Herndon, a semé la pagaille ces derniers jours en prouvant par calculs que les politiques d’austérité en vigueur à travers le monde depuis trois ans ne se justifient pas.
C’est l’histoire d’un jeune homme de 28 ans, étudiant en économie à l’Université du Massachussetts Amherst, qui effectue un banal exercice d’économétrie. Il s’agit pour lui de répliquer les calculs qui sous-tendent une étude fameuse. Thomas Herndon choisit de se pencher sur deux grands noms de l’économie, Kenneth Rogoff et Carmen Reinhart. Ces deux économistes sont loin d’être anodins, et pour cause : ils ont contribué à la prise de décision de certains grands noms de la scène internationale, tel que Paul Ryan aux Etats-Unis (Président de la Commission du Budget de la Chambre des représentants) ou encore Olli Rehn (commissaire européen aux Affaires économiques), en matière de politiques d’austérité et restrictions budgétaires. Ces hommes politiques se sont en effet appuyés sur une étude effectuée par les deux économistes en 2010 pour justifier certaines décisions à portée planétaire. L’étude en question explique que la croissance économique d’un pays ralentit (-0,1 % ) quand sa dette dépasse le seuil de 90 % du PIB.
Voilà où l’exercice d’économie effectué naïvement par Thomas Herndon entre en jeu. Suite à ses calculs, celui-ci se rend compte avec stupéfaction et incrédulité que les deux stars de l’économie se seraient trompés dans leurs calculs. Une des conséquences de ces erreurs seraient ni plus ni moins le non-fondé des politiques d’austérité en vigueur depuis trois ans dans de nombreux pays. Thomas Herndon démontre en effet qu’au dessus d’une dette de 90 % du PIB, la croissance n’est pas négative de 0,1 %, mais positive de 2,2 %. Cette erreur de résultats dans les moyennes obtenues serait due à l’omission des deux économistes d’insérer certaines données critiques de pays tels que la Nouvelle-Zélande, le Canada et l’Australie, dans leurs calculs.
Le jeune homme, jusque là inconnu, a fait coulé beaucoup d’encre et se dénouer beaucoup de langues ces derniers jours. Cette révélation est, quoi qu’il en soit, une porte ouverte à la réflexion et à la remise en question des politiques économiques menées depuis la crise.
Sources : www.lematin.ch – www.lesechos.fr
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