Nous avons rencontré Yasmine Najjar, chargée de formation à l'Hospice Général. Passionnée par son métier, Yasmine Najjar nous a expliqué en quoi consiste son activité au sein de cette institution sociale.
Comment êtes-vous devenue chargée de formation à l'Hospice Général ?
En 2008, j’ai obtenu un Bachelor en Sciences de l’Education, suivi de l’obtention d’un Master en Formation des adultes en 2011. Durant le Bachelor, j’ai effectué un stage d’observation qui m’a permis de découvrir le domaine de la formation d’adultes. Cette découverte m’a énormément plu ce qui m’a décidé à me lancer dans cette filière d’études.
Lors d’un stage à Bruxelles effectué dans le cadre de mon Master, j’ai travaillé au sein d’une association accueillant des personnes réfugiées. Mon rôle consistait notamment à favoriser leur intégration sur le marché du travail, par le biais de formation et conseil. En automne 2009, j’ai décroché un stage à l’Hospice Général au sein du département de «l'aide aux requérants d’asile» (ARA). Dans le cadre de ce stage, j’ai été amenée à suivre des formations pour les collaborateurs de l’Hospice général, gérées par le service de Formation et Développement RH (FDRH). J’ai ainsi pu découvrir une nouvelle facette du domaine de la formation : la formation continue en entreprise. Par chance, au terme de mon mandat à l’ARA, un poste de stagiaire s’ouvrait au service de formation de l’Hospice Général pour lequel j’ai par la suite été engagée. Durant 6 mois, j’ai mené un mandat concernant l’étude et la mise en place d’un dispositif d’accueil et d’encadrement pour un type de stage géré par le service FDRH.
Pouvez-vous nous retracer votre parcours professionnel ?
En 2010, j’ai décroché mon premier emploi en lien avec le domaine de la formation. En effet, j’ai été engagée par l’Office pour l’orientation, la formation professionnelle et continue (OFPC) pour une durée de 9 mois en tant que conseillère en formation au service de la formation professionnelle. Il s’agissait pour moi de suivre et d’accompagner tout au long de leur formation environ 300 apprentis issus du domaine de la construction. Entre 2010 et 2012, souhaitant profiter de mon statut de jeune diplômée pour réaliser diverses expériences dans le domaine de la formation, j’ai occupée plusieurs postes, toujours sous forme de mandat défini dans le temps. J’ai notamment travaillé pour l’IMAD (Institution genevoise de maintien à domicile) et pour le Centre de formation des Hôpitaux Universitaires de Genève, en qualité de chargée de formation. J’ai également eu travaillé pendant 5 mois à la Haute Ecole Pédagogique à Lausanne (HEP) pour un poste de collaboratrice scientifique dans le cadre d’un remplacement maternité. Au terme de ces deux dernières années, j’ai eu l’occasion et la chance de découvrir différents champs de la formation des adultes.
Ces expériences, toutes très riches, m’ont notamment permis de mieux me connaître et de clarifier mes attentes professionnelles
Je souhaitais me stabiliser professionnellement et m’investir dans un poste qui réunirait des activités en lien avec la formation professionnelle et continue. C’est à ce moment que l’Hospice Général a mis au concours un poste de chargée de formation pour lequel j’ai été engagée en octobre 2012.
Faut-il avoir des compétences particulières pour travailler au sein de l’Hospice Général ?
Les compétences recherchées dépendent des postes à pourvoir. Il y a bien entendu la nécessité de posséder un excellent sens du service public. Pour ce qui est du poste de chargé de formation*, la connaissance des différents métiers pratiqués au sein de l’institution est sans doute un avantage. Avoir été assistant social à l’HG et avoir des pratiques métiers dans le domaine social est un vrai « plus » pour les chargés de formation répondants pour le Département de l’action sociale et de l’aide aux requérants d’asile. En revanche, la connaissance du terrain et une pratique dans le social ne sont pas des prérequis dans le cadre mon poste actuel puisque je travaille avec des métiers plus « administratifs » tel que comptables, informaticiens, juristes, assistantes RH etc.
En quoi consiste concrètement votre activité au sein de l’Hospice Général ?
Je suis répondante formation pour le Service support. C’est-à-dire que je suis chargée de concevoir, d’organiser et mettre en place des formations. Dès qu’un besoin de formation est identifié pour une équipe ou un collaborateur, il s’agit pour moi, au travers d’entretiens, d'affiner les besoins afin de concevoir un dispositif de formation pertinent. En parallèle à cette première facette de mon métier, je gère également certaines formations du catalogue de formations continues proposées aux collaborateurs.
Mon rôle consiste à vérifier que les formations répondent aux besoins des participants et plus globalement de l’institution
Je coordonne également le dispositif de formation des apprentis et des stagiaires dans le domaine du commerce. Pour réaliser cette tâche, je sollicite chaque année le terrain afin d’analyser les possibilités d’engager de nouveaux stagiaires ou apprentis pour l’année à venir. Je m’occupe par la suite du recrutement de ces derniers et de leur accueil au sein de l’institution. Je les accompagne tout au long de leur parcours de formation, en passant par la fixation d’objectifs d’apprentissage, à leurs évaluations ainsi qu’en suivi leur parcours scolaire. A côté de ces trois activités principales, j’anime mensuellement la formation de préparation au premier entretien d’évaluation des collaborateurs.
Pouvez-vous me décrire une journée-type en tant que chargée de formation ?
Mes journées sont très variées. Ce matin, par exemple, j’ai animé une séance pédagogique qui s’adresse aux stagiaires de Maturité professionnelle commerciale. L’objectif de ces séances consiste à les aider à réaliser leur mandat et de préparer leur mémoire de fin d’études. L’après-midi, j’effectue plutôt des tâches administratives en traitant des e-mails, des demandes de formations que je dois valider, ou mener les évaluations des apprentis/stagiaires pour valider leurs compétences professionnelles. Lorsque j’ai davantage de temps libre, j’en profite pour visiter les formations du pôle techniques relationnelles du Catalogue du réseau santé et social dont je suis responsable. Ces visites me permettent de rester en contact plus étroit avec les différents intervenants et de vérifier l’adéquation des cours avec les besoins des participants.
Quelles étaient les principales motivations qui vous ont poussées à rejoindre l’Hospice Général ?
Ce qui m’a tout d’abord poussé à postuler à l’Hospice général est mon intérêt pour le domaine du social. J’ai la chance de travailler au sein d'une institution d’utilité publique qui fait sens pour moi. Par ailleurs, comme j'avais eu l'opportunité d'effectuer deux stages dans cette institution durant mes études universitaires, ces expériences m’ont servies de modèles. J’ai eu l’occasion de travailler dans diverses institutions et j’avais cette « habitude » de les comparer à mon expérience à l’Hospice Général.
Il était vraiment très difficile pour moi de trouver un poste plus complet, une ambiance de travail aussi bonne, ainsi que de meilleures conditions de travail que celles offertes à l’Hospice Général
Quels conseils donneriez-vous aux personnes souhaitant exercer le métier de chargé de formation ?
Je soulignerais l’importance d’effectuer des stages durant les études universitaires. Cette pratique est un très bon moyen d’évoluer professionnellement au cœur d’une institution et d’une équipe de spécialistes de la formation tout en ayant la possibilité d’apprendre.
En second lieu, je pense qu’il est très utile de faire marcher son réseau en entrant en contact avec les professionnels ou simplement en leur démontrant notre motivation et notre disponibilité à rejoindre leurs entreprises. Selon moi, les réseaux sociaux peuvent être un moyen rapide pour faire circuler ce genre d’informations
En dernier lieu, je pense que les jeunes diplômés gagneraient à rester ouverts et à faire quelques sacrifices, en acceptant un premier emploi dans le domaine de la formation, même s’il ne répond pas entièrement aux exigences qu’ils s’étaient fixés (lieu de travail, secteur professionnel, conditions salariales, etc.). En effet, un premier emploi dans le domaine de la formation est, à mon sens, une expérience significative qui pèsera davantage sur un CV, qu’un poste, certes bien rémunéré, mais sans lien avec la formation.
Selon vous, le manque d’expérience est-il un frein pour l’accomplissement des tâches au quotidien ?
A un moment donné, il faut bien commencer quelque part... La problématique à laquelle sont confronté les jeunes diplômés est délicate. C’est en quelque sorte « le serpent qui se mord la queue » puisque les entreprises recherchent des personnes au bénéfice de plusieurs années d’expériences, mais ne donnent pas leur chance aux diplômés cherchant à se constituer ce bagage. Cependant, la situation dans laquelle le manque d’expérience peut représenter un frein est celle où l’employeur à réellement besoin, dans l’immédiat et pour une mission bien précise, d’une personne expérimentée et rapidement opérationnelle. Dans ce cas là, il est évident qu’il va privilégier quelqu’un d’expérimenté. D’où l’importance d’effectuer des stages durant les études afin d’augmenter nos chances lors de notre recherche du premier emploi.
Quelles sont les qualités principales d’un chargé de formation ?
Il me semble important d’avoir un excellent sens de l’entregent, d’être organisé et à l’aise dans la planification. Par ailleurs, un chargé de formation doit être capable d’anticiper les projets, d'être méthodique et rigoureux, tout en étant souple. En effet, il doit pouvoir s’adapter facilement à ses interlocuteurs et être prêt à défendre un projet ainsi que ses idées. J’ajouterai également à ces qualités, un bon sens de l’écoute, de la pédagogie ainsi que de la créativité et de la curiosité.
Si je vous dis "réseau", que vous évoque ce terme ?
Pour moi, le réseau se constitue de connections qui permettent d’augmenter les opportunités professionnelles et il ne faut en aucun cas hésiter à l’activer. D’ailleurs, j’encourage vivement les jeunes diplômés à activer et développer leur réseau, car il augmente réellement leur chance d’être plus visible aux yeux des potentiels recruteurs.
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(*Pour faciliter la lecture, le terme chargé de formation utilisé dans l'article à plusieurs repsises s'entend au masculin comme au féminin.)
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