Nous poursuivons notre série d'articles sur les pièces emblématiques des musées genevois. Le but est de partir à la rencontre de ces musées à travers l'œuvre qui les représente le mieux. Chaque article sera donc consacré à un musée différent, que nous approcherons par le biais de leur sélection.
Le Musée Ariana
Installé sur le domaine de Varembé, le musée Ariana, construit entre 1877 et 1884, est consacré à la céramique, au verre et au vitrail d’Europe, du Proche-Orient et de l’Extrême-Orient, du Moyen Âge à l’époque contemporaine.
Le bâtiment d’architecture néo-classique et néo-baroque est construit sur l’impulsion de Gustave Revilliod (1817-1890), collectionneur et mécène, pour y installer sa collection privée.
Son nom d’Ariana, vient de celui de sa mère née Ariane de la Rive, dont il a hérité la fortune.
Après sa mort, le bâtiment, la collection et le domaine sont légués à la Ville de Genève en 1890.
La pièce sélectionnée
Le choix s’est porté sur une pendule de cheminée du 18e siècle. Cette pièce précieuse et très particulière est comme une mosaïque représentant tout ce qui était luxueux à l’époque. On désignait parfois ces pièces sous l’appellation « bijouterie de porcelaine ».
Au vue de la qualité de l’objet, il était certainement censé orner la cheminée ou la commode d’un très riche commanditaire.
Au centre, Thalie, la muse de la comédie, qu’on reconnaît grâce aux masques qui l’entourent, est représentée accompagnée d’un Cupidon et d’un singe. Ces figurines en porcelaine de Saxe ont été réalisées d’après le modèle de Johann Joachim Kaendler (1706-1775), maître modeleur et directeur artistique de la Manufacture de Meissen.
Ce groupe est assis parmi 83 fleurs d’une grande diversité (tulipes, fleurs d’oranger, pâquerettes, anémones…) en porcelaine tendre de Vincennes. Elles ont été modelées, pétale par pétale, par des ouvrières de Vincennes, puis placées sur des tiges métalliques laquées au naturel.
Le mouvement de la pendule est signé Julien Le Roy (1686-1759), qui était l’horloger de Louis XV. Le boîtier est enchâssé dans une partie d’un vase de porcelaine de Chine, qui a été coupé, pour n’en conserver qu’un cylindre d’un émail céladon vert pâle.
Le socle, en bronze doré, évoque une architecture de jardin avec une tourelle, une cascade et une arche.
Cette pièce exubérante n’effrayait pas les marchands-merciers parisiens qui avaient notamment comme clientèle des rois, des princes et d’autres membres de la noblesse.
Explication du choix
Chaque partie de cette œuvre composite a été réalisée avec les matériaux considérés les plus précieux de l’époque. La qualité a donc été l’un des facteurs prédominants de ce choix, mais également sa rareté, sa technique et la manière dont elle est arrivée au musée.
En effet, elle a été achetée par l’Association des Amis du Musée Ariana, puis offerte en 2003 pour marquer les 10 ans de la réouverture de l’institution.
Difficulté du choix
Il n’est jamais facile de choisir une œuvre parmi une collection, car chaque pièce a une histoire qui la rend attachante, attirante pour différente raison. Sa valeur pécuniaire et sa beauté ne sont pas des critères significatifs.
Selon Madame Schumacher, conservatrice du musée : « L'important pour moi est qu'une pièce me touche et parle à mes sens, et ensuite qu'elle soit le socle d'un discours qui permette de mieux la comprendre et d'éclairer le contexte historique ou artistique. »
Malgré la beauté de cette photographie, rien ne peut remplacer l’original. Alors si vous souhaitez l’admirer, elle se trouve dans la collection permanente du musée parmi de nombreuses autres œuvres à découvrir.
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Crédit photo :
La pendule de cheminée, ©Musée Ariana. Photo : Andreia Gomes