Les risques de l’indépendance professionnelle

Dans un précédent article, « Devenir indépendant : une solution pour les seniors en recherche d’emploi », nous avons déjà abordé la possibilité pour le chercheur d’emploi senior de se mettre à son compte. Nous allons vous présenter dans ce second articles les risques et les difficultés liées à la mise en indépendance. Nous avions pris l’exemple de l’ouverture ou de la reprise d’un café ou d’un autre débit de boissons.

La première chose à prendre en considération concerne les revenus, après le passage à la retraite. En effet, l’affiliation à une caisse de pension du 2^ème pilier n’est plus possible pour un travailleur indépendant. D’autre part, l’ancienne caisse de pension ne servira pas de rente après une longue période sans emploi et il n’est plus possible dès lors de toucher le capital. Un calcul précis doit alors être effectué. Il peut être pris en considération la possibilité de poursuivre la nouvelle activité de travailleur indépendant au-delà de 65 ans, à temps plein ou à temps partiel, selon la pénibilité de cette activité et son rendement financier en termes de salaire. Pour les mêmes raisons sera pertinente ou non la présence de votre épouse dans la nouvelle entreprise. Il existe également la possibilité de remettre votre entreprise en gérance, moyennant une somme mensuelle qui viendra compléter le montant de la rente AVS.

Les difficultés liées à la reprise d’un café

Formation

S’agissant d’un café ou d’un bistrot, la gestion de ceux-ci nécessite la possession du certificat de cafetier-restaurateur. Il s’obtient après deux mois de cours intensifs, à raison de trois matinées par semaine. La moyenne de réussite aux examens se situe à 85 %. Dans l’attente de cette obtention, il est loisible de louer pareille patente sur une durée limitée. L’obligation pour le prêteur-loueur est d’avoir un regard sur la marche de l’établissement, afin d’apporter son expérience et donc ses conseils.

Devoirs du restaurateur

Un ensemble de devoirs doivent être remplis par le patron d’un débit de boissons : respect des mesures d’hygiène, gestion des stocks de marchandises, paiement de celles-ci au terme imparti, tenue d’un bilan et d’un budget, comptabilité quotidienne, mesures de sécurité sur les sommes en liquide en circulation, tenue des caisses individuelles. A ce propos, des caisses individuelles supposent l’emploi de serveuses qui seront indépendantes dans les entrées et les sorties d’argent. Attention aux risques d'erreurs.

Gestion du personnel

La question de la gestion de son personnel se pose inévitablement. Celle-ci est prépondérante, car il s’agit généralement de la première fois que le nouveau patron doit gérer du personnel payé par lui (et non plus des collègues de bureau par exemple). Comment réagir face à une serveuse commettant régulièrement des erreurs, de caisse notamment ? Qui arrive souvent en retard pour prendre son service ? Qui tombe malade trois fois par mois ? Qui se montre  agressive avec les clients ? Qui oublie certaines tâches quotidiennement ? Les réponses doivent être variées selon les cas et les personnes, viser un objectif clair et simple, aisément compréhensible par les personnes concernées, afin d’obtenir leur agrément dans le changement d’habitudes. Non, la gestion de personnel ne s’improvise pas en un jour.

Relation avec la clientèle

Les relations quotidiennes avec la clientèle constituent une clé de voûte dans la marche du café. Qui est cette clientèle ? Sont-ce essentiellement des habitués qui se connaissent bien ? Plutôt des gens de passage ? Des touristes ? Des jeunes, des moins jeunes et / ou des personnes âgées ? Le client ne souhaite guère être dérangé, mais certains apprécient de trouver un interlocuteur lorsqu’ils sortent se détendre dans leur café favori. Et cet interlocuteur peut très bien être le patron. Quand nous écrivons « interlocuteur », nous  entendons plutôt « celui qui écoute ». Cela fait indéniablement partie de ce métier, qui comporte en outre de longues heures de présence. C’est aussi cela un café : un lieu de vie sociale pour les désoeuvrés, les isolés, les survivants, les délaissés ou les retraités tristes de leur nouvelle inactivité.

L’atmosphère du café

Pour la clientèle, il faut être attentif à ce que votre établissement ne soit pas fréquenté continuellement par quelques personnes à problèmes qui peuvent à moyen terme faire fuir quantité d’habitués. Attention à l’atmosphère qui règne chez vous, elle est capitale.

Cette atmosphère peut prendre des couleurs spécifiques et attirantes lorsque des activités sont proposées : lotos, margotons, karaoké, tournois de cartes, paris lors de matchs de football importants, musique dansante, pour ne citer que celles-ci. Tant de choix existe concernant la musique d’ambiance. Celle-ci peut contribuer à donner une atmosphère particulière à un café, en particulier si elle est accord avec la décoration et l'âme du lieu. Considérant qu’un bistrot sans restauration n’a que peu de marge dans les boissons qu’il peut offrir, de même que dans les prix pratiqués, l'ambiance peut lui donner des couleurs originales et plaisantes, au point de fidéliser une nouvelle clientèle.

Conclusion

Viendra l’heure d’un mini-bilan après quelques mois. Ce sera d’abord l’occasion de juger ses propres sentiments dans la peau du nouveau travailleur indépendant, du patron aux responsabilités nouvelles, mais aussi d’évaluer sa capacité à faire face aux soucis endurés (nuits blanches ?), à l’ambiance générale quotidienne. Et puis les salaires perçus furent-ils réguliers, à la hauteur des espoirs ou va-t-il falloir patienter encore quelques mois pour atteindre cet objectif ? En tout état de cause, un retour au statut d’employé étant toujours exclu, il y a lieu de renforcer sa motivation, de maintenir sa volonté de poursuivre, d’améliorer et … d’aimer.

Dans un prochain article, nous vous présenterons les différentes aides à disposition pour devenir indépendant.

Photo credit: Tom Wachtel via photopin cc