Les professionnels de GBNews.ch s'allient à la puissance des technologies en intelligence artificielle générative, pour informer la communauté des affaires et le grand public, des dernières tendances et des évolutions du marché de l'emploi.

Agenda

Dialogues insolites : ...

Du 1er février au 24 décembre 2024

Rencontres et Résidences ...

Du 18 septembre 2024 au 13 mai 2025

Liberté conditionnelle : ...

Du 28 juin 2024 au 2 mars 2025

Salon RH

Le 13 et 14 novembre 2024

L’innovation est-elle déficiente dans les stratégies d’entreprise ?

Écrit par Gilbert Hauser
Paru le 21 février 2014

innovation

Que faut-il entendre par « innovation » ? Le nombre de brevets déposés? La normalisation des méthodes de travail ? Souvent les entreprises pensent que la migration d’un système informatique vers un autre, ou la mise en place d’un Enterprise Resource Planning (ERP) sont des innovations. En réalité, il ne s’agit que de nouvelles approches, car elles ne changent pas leur cœur de métier pour autant. Au fil des ans, les entreprises font évoluer leur profession en utilisant les nouvelles technologies qui se démocratisent, mais seule une minorité réellement innovent. Les autres rejoignent et suivent les grands mouvements.

Innover, c’est prendre le risque de ne pas trouver sa cible.

Aujourd’hui, 92,1% des entreprises suisses comptent moins de 10 personnes. Celles-ci fournissent 30,3% des postes de travail (Office fédérale de la statistique, 2011). Ces micro-entreprises ne disposent pas, pour la plupart, de services Recherche et Développement ou Marketing, pour de simples raisons de budget. L’innovation reposerait sur les autres, comme les PME qui représentent 7,7% pour 39,4% de postes de travail. Dans les grandes sociétés qui disposent des moyens financiers adéquats, l’innovation n’est pas toujours de mise, parce que les changements sont difficiles à piloter et génèrent des risques non négligeables.

Les « nouveautés » du monde technologique peuvent nous faire croire que nous vivons dans un siècle ou l’innovation est omni-présente : mais qu’en est-il vraiment ?

Quel est le niveau des innovations aujourd’hui ?
Jonathan Huebner, Docteur en Physique, a publié en 2005 une étude : « A possible declining trend for worldwide innovation ». Il met en avant une diminution constante des innovations depuis la fin du 19ème siècle, illustrée par une courbe trouvée à la page 982 de son oeuvre.

Cette baisse serait due, en partie, à une limite de notre cerveau, mais aussi à une limite économique de la technologie. C’est-à-dire que l’économie ne pourrait pas supporter les coûts liés aux développements technologiques (par exemple, un canal reliant l’océan Atlantique et l’océan Pacifique serait faisable physiquement, mais pas économiquement). Si ces conclusions peuvent être controversées, il postule que le taux d’innovation aujourd’hui diminue, et s’approche de celui de l’époque du Moyen Age. Il termine son travail en posant plusieurs questions ouvertes concernant l’innovation, notamment :

• Quel est son impact sur notre économie, notre niveau de vie ?
• Cette courbe peut-elle être inversée par une innovation majeure ?
• Le retard dans le développement de l’imprimerie, la presse, la circulation de l’information est-il à l’origine du premier Moyen Age ?
• Quelle est la relation entre l’innovation et la démocratie ? Cette dernière est-elle un frein ?

D’autres se sont penchés sur la question. Théodore Modis, Docteur en Physique a publié en 2002 : « Predictions 10 years later ». Sa méthode de calcul permet de connaître le cycle de vie d’un processus observé. Cette observation permet ensuite de savoir dans quelle phase se situe le processus dans une courbe en S, comme celles-ci:

life-cycle

natural-growth

Modis démontre que connaître la moitié d’une progression permet d’en déduire la suite. Il est capital pour les décideurs d'appréhender cette tendance pour focaliser leurs innovations ou leurs améliorations de façon adéquate. Dans son article « Forecasting the growth of complexity and change » publié en 2002, il établit un lien entre le changement et la complexité technologique. Il conclut que les personnes nées après 1940 et toujours en vie en 2026 auront connus tous les changements complexes créés par l'homme. Selon lui, ce sera une année clé, au-delà de laquelle aucun changement ne verra le jour.

Quelle est notre perception des innovations ?
David Bodanis, mathématicien et auteur de nombreux livres, pense que ce que nous prenons pour des innovations ne sont que des améliorations, mais très peu de réelles nouveautés sont apparues ces 40 dernières années. Il en impute une partie à notre ambivalence : d’un côté nous sommes audacieux, de l’autre, nous recherchons notre confort. D'après Bodanis, nos audaces se heurtent à la peur de perdre ce que nous savons. Nous restons cristallisés sur le passé. Les plus grandes entreprises dépensent leurs énergies à s’approprier les talents du monde entier pour s’assurer qu’ils ne produisent rien qui puisse concurrencer leurs produits.

Bodanis met aussi en cause les nouvelles technologies qui finissent par prendre tout notre temps. Devant un problème à résoudre, la procédure habituelle est maintenant de rechercher une solution rapide sur internet, en lieu et place d’une réflexion ou d'un échange personnel. Nous nous trouvons en déficit d’idées. Notre capacité et nos besoins d’apprendre diminuent, car l’information est facilement accessible et les modes opératoires décrits dans le détail. Ceci entraîne ainsi une baisse de notre activité cérébrale, de notre capacité à innover.

Quels sont les progrès dans le monde de l’informatique ?
La loi de Moore, nommée par celui qui l’a découverte, le cofondateur du géant du microprocesseur intel®, prédit le doublement des transistors posé sur un circuit chaque 18/24 mois. Cette loi s’est toujours vérifiée depuis 1960. La validité étonnante la loi de Moore a entraîné un accroissement exponentiel de la puissance des ordinateurs. L’auteur même de cette loi, Gordon Moore, prédit la fin de cette croissance dans les dix ans à venir. Sa prédiction corrobore ainsi l’étude de Huebner et les calculs de Modis.

Pourtant les premiers ordinateurs quantiques commencent à montrer le bout de leur processeur qubit (l'élément de base de l'ordinateur quantique, loin d'être facile à réaliser). Si les ordinateurs actuels utilisent la valeur d’un bit pour calculer, soit 1 ou 0, les ordinateurs quantiques prennent en compte l’ « incertitude » de la valeur de ce bit tant qu’il n’est pas observé. Ces ordinateurs seraient donc capables de calculer un nombre inimaginable de possibilités dans l'analyse d'un problème et de trouver la solution dans une fraction du temps que nos ordinateurs classiques sont capables de faire. Mais malgré la difficulté dans la production d'un qubit, s’agit-il d’une réelle innovation, ou le développement logique de l’informatique qui répond à de nouveaux besoins ?

L’ordinateur le plus puissant, aujourd’hui, est le D-Wave Two, doté d’un processeur de 512 qubit. Il fonctionne facilement dans une chambre blindée de 10 mètres carrés, grâce à un système cryogénique performant, rien de moins. Cela rappelle les énormes ordinateurs des années 60. Faut-il en déduire que dans un futur proche nous travaillerons sur des ordinateurs quantiques qui feront la taille de nos laptops d’aujourd’hui ?

Il ne faut pas douter qu’un jour nous travaillerons sur un tel système, voire même plus performant. La puissance de calcul de nos smartphones est supérieure à celle dont disposait la NASA pour le programme Apollo. Mais le matériel ne fait pas tout. Déjà de nouvelles méthodes de programmation quantique apparaissent et de nombreux travaux sur les réseaux neuroniques sont en cours, notamment pour apprendre au processus à apprendre par eux même.

Faut-il vraiment craindre que l’augmentation exponentielle de la puissance de calcul permette de créer une machine plus intelligente que l’homme, voire qu’elle-même?

Selon la théorie de la « Singularité Technologique » de Vernor Vinge, Professeur d’informatique et de mathématiques ainsi qu'auteur de plusieurs livres de science-fiction, l’évolution exponentielle de la puissance de calcul permettra la création d’une machine plus intelligente que l’homme. Son hypothèse implique que ce serait la dernière créée par ces derniers : les machines deviendraient vite autonomes, et la place de l’homme compromise dans ce nouvel environnement.

Les théories sur l'avenir divergent très largement. Elles proviennent d’éminents scientifiques qui ne partagent heureusement pas tous la même vision pessimiste d’un monde dirigé par de supers ordinateurs, où nous, êtres humains, ne serons que quantité négligeable, mais surtout inutile. Si ces machines appliquaient alors nos règles de rentabilité, celles-ci nous feraient disparaître d’une manière ou d’une autre.

Conclusion
La quête des gains de productivité par l’automatisation des tâches, des contrôles, des méthodes nous rend de plus en plus dépendant de machines ou de programmes. Faire preuve d’innovation aujourd’hui semble en contradiction avec les systèmes déjà mis en place. Les processus de travail sont de plus en plus décrits dans le détail, laissant peu de place à l’imagination. Souvent, ils finissent par lier les mains des acteurs, car les sociétés sont de plus en plus confrontées aux pressions de rentabilité, de qualité et d’efficience dans les méthodes appliquées. Ce faisant, elles laissent moins de place à la créativité.

Rechercher la qualité dans les projets en supprimant les erreurs fait du sens, mais la puissance d’un projet se trouve aussi dans ses imperfections. N’apprend-t-on pas d’avantage de nos échecs que de nos succès ? Si les systèmes peuvent nous aider à résoudre des problèmes complexes et améliorer notre production, l’innovation en tant que telle, appartient aux hommes.

Sources:

La singularité technologique
David Bodanis
Robert Adler
Langage de programmation quantique
Theodore Modis - Predictions 10 Years Later, Forecasting the growth of complexity and change, both available at:
Jonathan Huebner

Photo credit: Merrill College of Journalism Press Releases via photopin cc

Articles connexes :
Adiagreentech
Basée à Genève, Adiagreentech se spécialise dans la conception de solutions de climatisation adiabatique, visant à réduire considérablement... En lire plus

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram