Dans la suite de la série sur la lutte contre les mutilations sexuelles, nous traitons aujourd'hui de l'implication de la Suisse dans ce combat.
La Suisse est particulièrement concernée par la lutte contre les mutilations sexuelles du fait qu’une part non négligeable de la population issue de la migration est originaire de pays fortement touchés par ce genre de pratiques. On estime à environ 15000 le nombre de filles ou jeunes femmes victimes ou susceptibles de l’être. Les populations les plus touchées proviennent surtout de Somalie (98%), d’Éthiopie (74%), d’Érythrée, du Soudan et d’Égypte.
Cette estimation est née d’une corrélation entre la population résidente étrangère et les taux de prévalence dans les pays d’origine dans la mesure où à l’heure actuelle, il n’existe aucun système de surveillance fournissant des données exactes et précises qui viendrait la corroborer.
Cependant, bien qu’explicitement interdite en Suisse depuis 2012 en vertu du droit pénal (article 124 du Code pénal), le phénomène nécessite, comme partout ailleurs, une mobilisation et une prévention permanente.
Engagement de la Confédération et des cantons
Depuis 2003, l'OFSP, l'Office fédéral de la santé publique œuvre dans cette voie par le biais de financements de mesures de prévention et de sensibilisation. Depuis 2010, le SEM, le Secrétariat d’État aux migrations se joint à la cause.
Suite au conseil du Comité des droits de l’enfant, le Conseil Fédéral leur emboîte le pas en 2015, en apportant son soutien au Réseau contre les mutilations génitales féminines de 2016 à 2019. Soutien qu’il a récemment décidé de prolonger jusqu’à l'été 2021.
Le réseau susnommé regroupe le Centre suisse de compétence pour les droits humains, Terre des Femmes Suisse et Caritas. Il est financé par le biais du crédit fédéral d’intégration dans le cadre du programme « migration et santé ».
Constitué de 1200 experts formés, il aurait déjà réalisé 75 événements pour 1400 migrants et traité 564 demandes de conseil, en plus d’avoir mis sur pied un site internet en six langues, consulté quelques 20'000 fois par année.
Au niveau cantonal, les campagnes et stratégies diffèrent, mais existent et sont en constante évolution.
Au niveau national comme au niveau international, l’espoir est donc permis dans la mesure où d’après l’ONU, il y aurait des raisons d’espérer éradiquer le phénomène en une seule génération. Elle renforce ses actions afin d’y arriver d’ici à 2030. Nous aborderons ce thème lors de notre troisième et dernier article.
Informations utiles sur le sujet
A l’occasion de la Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines et des dix ans d’activité de la Consultation MGF, une journée d’information et de sensibilisation est organisée jeudi 6 février 2020, de 9h30 à 17h au hall d'entrée de la Maternité sise au Boulevard de la Cluse 30, 1205 Genève.
Points de contact national
TERRE DES FEMMES Schweiz
Tél. 031 330 80 43
m_birri@terre-des-femmes.ch
CARITAS Schweiz
Tél. 041 419 23 55
sgiger@caritas.ch; dschwegler@caritas.ch
Schweizerisches Kompetenzzentrum für Menschenrechte
Tél. 031 631 39 85
christina.hausammann@izfg.unibe.ch
Sources :
https://www.rts.ch/info/monde/8364747-l-excision-une-pratique-horrible-qui-porte-atteinte-a-la-dignite-de-femme-.html
https://www.laliberte.ch/news-agence/detail/le-mandat-du-reseau-suisse-contre-l-excision-prolonge/546345
https://www.ffl.lu/2019/02/journee-mondiale-de-lutte-contre-les-mutilations-genitales-feminines/
https://www.un.org/fr/observances/female-genital-mutilation-day
https://www.unicef.fr/dossier/excision-et-mutilations-genitales-feminines
https://www.unicef.ch/fr/notre-travail/programmes/la-lutte-contre-lexcision
https://www.20minutes.fr/societe/2545079-20190621-plan-contre-excision-mutilation-perdure-toujours-beaucoup-idees-recues
Photo credit : Josie Stephens via pexels.com