Les moyens de combattre et de renverser les clichés des sociétés patriarcales par l’art
Ce premier article fait partie d’une série qui traite de la question du patriarcat, qui par certains aspects peut avoir un effet nocif sur divers points de la société contemporaine.
Ces différents articles vont mettre en lumière, par le biais de l’art, les différentes questions qui touchent aux effets corrosifs des sociétés patriarcales. Par exemple, dans ce premier article, nous abordons de la question du sexisme.
Nous allons voyager jusqu’au Japon, où un manga a défrayé la chronique, assez, pour que son succès atteigne nos latitudes et que nous en parlions ici. Le titre de cette série mensuelle est «Sayonara Miniskirt (さよならミニスカート), soit : Adieu mini-jupe » d'Aoi Makino.
«Sayonara Miniskirt (さよならミニスカート)
Ce manga raconte l’histoire d’une jeune adolescente, qui depuis quelques mois a quitté le monde des « Idole » auquel elle appartenait suite à une agression au couteau.
Elle est retournée à la vie normale d’adolescente dans son école, mais refuse de se plier à la règle, à savoir porter l’uniforme scolaire traditionnel. Elle troque donc la jupe obligatoire pour le port du pantalon.
Comment une simple histoire de jupe peut-elle captiver autant de monde et remporter tant de succès dans cet archipel ?
Cela s’explique par le fait que ce manga renverse les codes de la société japonaise et donne une visibilité à des problèmes de sexisme quotidien qui sont tus.
Le poids du sexisme au Japon
La société japonaise est affectée par le sexisme dans son quotidien, mais également conditionnée par la société elle-même, pour que tout un chacun reste à sa place et ne dérange pas. Chacun et chacune a l’habitude de se taire et même de se sentir coupable.
Par exemple, lorsqu’une femme est victime d’une agression sexuelle (attouchement dans les transports publics, harcèlement, viol, etc.) les autorités, sa famille, ses proches et finalement la société entière lui déconseillent de porter plainte, car cela ne lui apporterait rien de bon. Par ailleurs, admettre un viol se retourne le plus souvent contre la victime, ce qui fait que les femmes n’osent pas porter plainte ou se confier.
Cela a finalement permis qu'au Japon, l’homme, qu’il soit japonais ou non, ait la sensation d’une forme d’impunité et d'un plein droit sur la femme japonaise.
Le manga : L’art comme exécutoire
Si ce manga touche toutes les tranches d’âge, c’est parce qu’il décrit une héroïne qui est proche de toutes ces femmes. En effet, toutes les femmes japonaises, à un moment donné de leur existence ont été des écolières et ont dû porter cet uniforme obligatoire, laissant apparaître leurs jambes que peut-être elles n’avaient pas envie de montrer, mais que la société japonaise leur impose.
Bien que ce manga permette de mettre en évidence de manière très subtile le sexisme de la société japonaise, le principal se trouve dans la question du libre arbitre, car finalement l’opportunité de choix, est une question très compliquée autant pour les hommes que pour les femmes, dans une société ancrée dans la tradition patriarcale. Dans ce manga, le lecteur est justement invité à être lui-même, à prendre ses propres décisions, comme l’héroïne et non comme la société le veut.
Aoi Makino nous montre avec talent la maîtrise de son art, aussi bien du point de vue narratif que du point de vue stylistique. Longtemps, la méconnaissance du manga en Europe a biaisé notre regard, réduisant le manga à un seul genre ou à un seul style.
L'auteur nous montre, par l’entremise de son œuvre, qu'elle veut toucher les gens avec une histoire pleine de sensibilité, afin de faire réagir les gens sur le regard porté sur la femme.
Dans la même série :
Zainab Fasiki : comment l'art de la bande dessinée touche à la question du sexe
Rap et femmes assumées : l'art de la musique bouleversent le féminisme
Sources :
www.nippon.com
www.slate.fr
www.animenewsnetwork.com
www.lemonde.fr
www.courrierinternational.com
www.japantimes.co.jp
www.lepoint.fr
Credit photo : huweijie07170, via pixabay.com