Le 18 octobre, Motorpsycho foulera la scène de l’Usine dans le cadre de sa tournée de présentation de l’album Yay!
Formé en 1989 à Trondheim, Norvège, par Bent Sæther (basse - voix), Hans Magnus Ryan (guitare) et Kjell Runar Jenssen (batterie), Motorpsycho ne tarde pas à s’affranchir de son étiquette métalleuse pour développer un cocktail d’influences en tout genre. Au fil d’une discographie aussi abondante qu’éclectique, le groupe va surprendre (et parfois aliéner) son public en incorporant d’abord les idées bruitistes de leur collaborateur et producteur Deathprod et ensuite des influences psychédéliques, art rock, country, jazz, folk, pop… Selon Bent Sæther, « les choses les plus excitantes ont tendance à se produire entre les définitions ».
Changement de cap
Après une série d'albums orientés vers le rock progressif, commencée en 2017 avec The Tower, Motorpsycho prend à nouveau un changement de direction avec Yay! (2023). Premier album à sortir sur leur nouveau label, Det Nordenfjeldske Grammofonselskab, il s'éloigne du son lourd de leurs travaux précédents pour aller vers des contrées plus paisibles. Si, à l’instar du film Motorpsycho de Russ Meyer, les cinq derniers albums du groupe évoquaient une traversée enivrée du désert californien en Harley Davidson, Yay! ressemble plutôt à une balade à vélo par un après-midi de printemps.
Portés par des guitares acoustiques, des percussions à main et des harmonies vocales d’inspiration seventies, les titres flirtent avec le style auteur-compositeur à la Crosby, Stills, Nash & Young sans jamais se résoudre à jeter l’ancre dans ces eaux-là. La production soignée des Suédois Reine Fiske et Lars Fredrik Swahn ajoute au son une touche psychédélique bienvenue.
Continuité dans la rupture
S’il y a quelque chose de prévisible dans la musique de Motorpsycho, c’est l’imprévisible. Leur capacité à surprendre et à dérouter l’auditeur est une constante du groupe. Il y a également une certaine constance dans la production discographique des Norvégiens, notamment la maturité des compositions, la cohérence de l'approche, l’effervescence des idées et la capacité à les exécuter quel que soit le style et l’instrumentation choisis.
Sur Yay!, tous les titres ont une saveur folk-rock acoustique. Ce sont des morceaux doux, courts et intimistes, à l’exception de Hotel Daedalus, qui se distingue par son côté prog rock et ses presque 8 minutes de durée. Cette sorte de jam zigzagante, chargée de basses puissantes et distordues, d'atmosphères de guitare slide et de couches sonores superposées fait office de lien entre le passé et le présent du groupe et assure une continuité dans la rupture.
La couverture de Yay!, avec ses bulles de bande dessinée et son point d’interrogation juxtaposé au nom du groupe, n’est pas sans rappeler celle de Freak Out des Mothers of Invention, celle de Känguru de Guru Guru ou celle de Wowee Zowee de Pavement.
Par son écriture, sa production et ses performances inspirées, Yay! présente une facette plus légère de Motorpsycho qui, sans être rétro, devrait ravir les fans des débuts du groupe. Leur son et leur liberté d'expression continuent d’inspirer et de surprendre de nouvelles générations de musiciens.
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Photo credit : Motorpsycho