En récompense pour leurs travaux sur le climat et l’innovation au sein de la croissance économique, le 50ème Prix Nobel d’Économie a été attribué cette année aux économistes américains Paul Romer et William Nordhaus.
Quand l’économie se mêle au climat
Paul Romer, né en 1955, est économiste et professeur à l'université de commerce Stern, qui dépend de l’université de New York (NYU). Avant d’atterrir à NYU, il enseigne l’économie aux prestigieuses universités de Stanford, de Berkeley en Californie, et à celle de Chicago. C’est à l’université de Chicago qu'il obtient son bachelor de sciences en mathématiques, suivi de son doctorat en économie. Grâce à ses recherches, Paul Romer a pu montrer comment les forces économiques déterminaient les entreprises à générer de nouvelles idées et innovations. Ceci lui permet ainsi de fonder la « théorie de la croissance endogène » comme premier modèle de développement.
Pour sa part, William Nordhaus, né en 1941, est le premier économiste à avoir élaboré, dans les années 1990, un modèle quantitatif représentant les interactions entre l’économie et le climat.
Il est actuellement professeur d’économie à l'université de Yale, où il fût diplômé pour son bachelor et master avant de poursuivre son doctorat en économie aux Massachusetts Institute of Technology (MIT). Depuis les années 1970, William Nordhaus se penche de son côté sur l’interrelation entre l’économie et le climat, au moment où les chercheurs commencent à se préoccuper des effets des carburants fossiles sur le climat.
Ses modèles largement répandus (DICE and RICE) se fondent sur les théories et résultats empiriques retrouvés en physique, chimie et économie. Ils servent particulièrement à examiner les conséquences économiques qu’auraient certaines politiques climatiques, comme l'introduction de la taxe carbone notamment.
Travaux sur le climat et l’innovation dans la croissance économique récompensés
Grâce à leurs découvertes, les deux économistes ont ainsi pu contribuer à l’amélioration de l’analyse macroéconomique en incorporant les changements climatiques et l'innovation technologique comme facteurs d’influence.
Dans son communiqué, l'Académie royale des sciences de Suède affirme que « leurs conclusions avaient considérablement élargi le champ de l'analyse économique en permettant l'élaboration de modèles qui expliquent comment l'économie de marché interagit avec la nature et le savoir ». En plus du prix, les deux hommes se répartiront également la somme d’environ 900.000 euros en récompense.
L'année passée, c’était à Richard H. Thaler, de l'université de Chicago, que le prix avait été attribué, pour ses recherches sur l’impact des mécanismes psychologiques et sociaux dans les décisions des consommateurs ou des investisseurs.
Le glaçant rapport du GIEC
Les avancées de Paul Romer et William Nordhaus montrent toute leur importance suite au rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) publié récemment. Celui-ci appelle à un changement "rapide, profond et sans précédent" de l'emploi des ressources naturelles et énergétiques dans la construction, l’industrie, les transports et les villes. Si rien n’est fait pour altérer la progression du réchauffement climatique, les températures risquent de progresser en moyenne de 1,5°C entre 2030 et 2052. À ce rythme, cela engendrerait un point de non-retour pour le climat de la planète qui pourrait s’avérer critique à l’avenir.
Sources :
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