Le 31ème Salon du livre et de la presse de Genève ouvrira ses portes à Palexpo le 26 avril prochain durant cinq jours. En point d’orgue de cette édition 2017 : le nouveau Prix du Public du Salon du livre et de la presse.
Il est de retour. Incontournable pour près de cent mille personnes, le rendez-vous printanier tant attendu par tous les rats de bibliothèques de Romandie et de France voisine s’approche à grands pas. Du 26 au 30 avril, possibilité sera offerte à tous de garnir un peu plus leur bibliothèque, de rencontrer leurs auteurs favoris ou d’assister à des conférences aux sujets variés, bercés par la douce rengaine grouillante d’enfants hurlant à qui voudra bien les entendre qu’ils ont trouvé le poste douze de la chasse au trésor. On pourrait oublier, encensé par l’odeur du papier et perdu au milieu de la vaste palette littéraire proposée par les organisateurs, que le Salon du livre et de la presse est aussi – et peut-être même avant tout – un lieu de rencontre et d’échanges pour les professionnels comme pour les passionnés.
Un monde de réseau
Si beaucoup desdits passionnés nourrissent plus ou moins secrètement l’envie d’être un jour acteur de ce milieu, bien peu franchissent le pas. Le monde de l’édition reste, dans l’inconscient collectif, une sorte de microcosme réservé à une élite intellectuelle qui se serait retrouvée là par chance ou par hasard. En effet, le segment « livre » – qui inclut non seulement les auteurs et les maisons d’édition, mais aussi les traducteurs, les librairies et les distributeurs – ne représente que 5% de l’offre culturelle en Suisse, soit environ 13'500 places de travail. Mais, nous rappelle la Présidente du Salon Isabelle Falconnier dans un communiqué de presse daté du 24 novembre 2016, « le monde du livre et de l’édition est avant tout un univers de réseaux, de liens, de communication et de faire-savoir. » Pour le passionné lambda, se faire entendre n’est pas de prime abord chose aisée ; un océan d’écrivains de renom noiera le jeune artiste ; les nouveaux auteurs, si talentueux soient-ils, ne verront qu’en de très rares occasions les éditeurs détourner leur attention obnubilée par la couverture médiatique exceptionnelle pour poser un regard sur eux ; les médias, ayant vite fait de brosser le portrait des têtes d’affiche, se tourneront plus volontiers sur la présence de politiciens au raout littéraire que sur la jeunesse émergeante – et donc le futur – du monde de l’écriture.
Dès lors, quels sont les moyens mis en œuvre par le Salon pour lutter contre cet état de fait ? Comment tout un chacun peut-il créer des contacts dans un univers a priori très imperméable ? La richesse et la célébrité sont-ils des conditions sine qua non pour pénétrer le milieu ? L’auteur d’un premier roman est-il forcément persona non grata au sein de la communauté littéraire ? Faut-il nécessairement faire usage de locutions latines pour gagner en crédibilité ?
Les prix littéraires : des tremplins vers la gloire
L’obtention d’un prix littéraire constitue pour l’écrivain un tremplin important et débouche en général sur une commercialisation fructueuse de l’œuvre récompensée. On estime, par exemple, les retombées économiques pour le lauréat du prix Goncourt (le plus prestigieux des prix littéraires francophones) à près de trois millions d’euros – soit entre quatre et cinq cent mille exemplaires vendus – dans les deux mois suivant l’obtention du Goncourt. C’est d’ailleurs bien cette visibilité que les auteurs recherchent : la dotation au lauréat ne se monte qu’à dix euros. Le jury de ce prix comme de certains autres (Prix Renaudot, Prix de Flore, Prix Fémina…) est exclusivement composé de professionnels de la branche. Il existe toutefois d’autres distinctions, décernées par un jury populaire, dont les retombées sont loin d’être négligeables : le Prix Goncourt des Lycéens fut décerné en 2012 au genevois Joël Dicker pour son roman « La vérité sur l’affaire Harry Québert », ce qui eut pour effet de propulser son ouvrage sur la troisième marche du podium des meilleures ventes de livres en France pour l’année 2012 avec plus de quatre cent mille exemplaires vendus. Que nous soyons écrivain ou que nous désirions intégrer le monde de l’édition, il est impératif de développer un réseau de contacts dans le domaine pour obtenir des résultats probants (tant pour trouver une place de travail que pour la publication d’un ouvrage).
Une opportunité offerte à tous
Les prix littéraires fleurissent : Presque chaque journal ou magazine a sa propre récompense, laissant le soin à ses lecteurs de la décerner, si bien que les rayonnages de nos librairies se parent de rouge vif à chaque début septembre. À ce niveau, le Salon du livre et de la presse n’est pas en reste. Neuf récompenses ont été distribuées lors de la dernière édition (parmi lesquels le prix du public de la RTS et le Prix littéraire SPG), dont plus de la moitié ont été décernées par un jury d’amateurs. La mouture 2017 ne sera pas en reste et verra même son programme s’étoffer d’un nouveau prix : Le Prix du Public du Salon du livre et de la presse. Le jury populaire, composé de dix personnes, décernera la distinction à l’auteur d’un roman rédigé en français dans l’année écoulée. Le prix, dont les retombées médiatiques seront à n’en pas douter moindres que s’il s’était agi du Goncourt, est doté d’une récompense de cinq mille francs.
La possibilité de faire partie des jurés est une belle occasion offerte par le Salon du livre et de la presse de nouer des liens dans l’univers littéraire. Évidemment, le nombre de place est limité et les membres du jury sélectionnés sur dossier. Toute personne se sentant à même de de lire les dix livres sélectionnés en un peu moins d’un mois peut déposer sa candidature sur le site internet du Salon du livre et de la presse : http://www.salondulivre.ch/fr/pages/le-prix-du-public-du-salon-du-livre-et-de-la-presse-est-lance--16947.
En plus de vos données personnelles, quelques questions vous seront posées quant à votre « backgroud » littéraire : vos auteurs favoris, vos préférences en matière de littérature, les dernières œuvres que vous avez lues, quels ont été vos romans préférés dans la dernière année et votre rythme de lecture (en livres par année). Un bref texte expliquant votre motivation à faire partie du jury vous sera finalement demandé, et il ne vous restera plus, dès lors, à attendre la décision des organisateurs du Salon. Prêtez attention au fait que deux séances sont planifiées et obligatoires pour les membres du jury (le 8 février et le 3 avril de 18h à 20h), que vous vous engagez par votre signature (en cas de sélection de votre candidature) à lire et évaluer les dix ouvrages en lice, lesquels sont offert au juré par le Salon, dans les délais impartis et vous acceptez sans condition l’utilisation de votre image à des fins de promotion du Prix du public du salon du livre et de la presse. Cette opportunité d’immersion, offerte à toute personne majeure, reste ouverte jusqu’au 31 janvier 2017, délai établi pour le dépôt des dossiers de candidature. Immersion et réseautage dans un monde opaque, découverte de nouveaux univers créatifs ou simplement passion de la littérature : tous les prétextes sont bons pour tenter sa chance dans un jury populaire.
Sources :
http://www.salondulivre.ch/fr/
http://www.bak.admin.ch/themen/04110/index.html?lang=fr (Statistique de poche de la culture en Suisse 2016)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Prix_Goncourt
http://www.journaldunet.com/economie/communication/meilleures-ventes-de-livres-2012.shtml