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Promouvoir l’égalité des chances ? Et si cela commençait in utéro

Écrit par Ellen Demierre
Paru le 13 avril 2015

inegalite utero

Les infections, la faim, le stress, la pollution : autant de facteurs pouvant être incriminés dans de futurs problèmes de santé chez l’enfant étant exposé à ces problématiques in utéro.

Une des théories reconnues par les scientifiques est que les problèmes rencontrés par la mère durant la grossesse influent sur les gènes et prédisposent les futurs bébés à des maladies chroniques.

Les problèmes de santé chez la mère sont plus importants chez les femmes ayant un niveau socio-économique plus bas. Le manque de revenu ainsi que le faible niveau d’éducation engendre notamment du stress, une malnutrition, un travail souvent plus pénible et un environnement de vie défavorisant.

Plusieurs études menées lors de grands bouleversements, comme la pandémie de grippe de 1918 en Amérique, la famine hivernale de 1944-1945 en Europe et la catastrophe de Tchernobyl mettent en évidence que les fœtus conçus durant ces périodes ont développé plus facilement des troubles de la concentration et des problèmes scolaires. Ils ont également développé plus de dépression et de maladies chroniques.

Ces troubles sont engendrés certes par une santé maternelle plus fragile, mais surtout par une exposition constante au stress. Quand les femmes vivent dans la pauvreté et le drame, elles ont automatiquement plus de chance de vivre dans un stress chronique.

Beaucoup des dommages fœtaux causés par le stress peuvent être amélioré par une politique favorisant l’éducation et la recherche. Les grossesses doivent être suivies dès la conception par des sages-femmes qualifiées et formées à l’éducation à la santé. Une supplémentation nutritionnelle pour les femmes victimes de carences ainsi que des subventions ciblées en vue d’améliorer les conditions de vie de la mère semblent également essentielles.

En amont, il est important d’encourager le travail du planning familial et de le rendre accessible et connu de tous. Par exemple, en Grande Bretagne, une grossesse sur six est non-planifiée et touche souvent de jeunes filles entre 16-19 ans. Promouvoir l’éducation sexuelle à l’école, mettre à disposition des moyens de contraception ainsi que des tests de grossesses permettent de limiter ce risque.

Un petit investissement des gouvernements pour favoriser un meilleur vécu et une meilleure santé des mères peut avoir un impact considérable sur la future santé de la population. Promouvoir l’égalité des chances pour chaque personne passe aussi par le fait de veiller à ce que chacun puisse venir au monde dans les meilleures conditions.

Photo credit: Phalinn Ooi, Creative Commons 2.0.

Sources:

"Great Expectations" and "Unequal beginnings", deux articles de The Economist, 4 avril 2015.

The prevalence of unplanned pregnancy and associated factors in Britain: findings from the third National Survey of Sexual Attitudes and Lifestyles (Natsal-3), The Lancet, Volume 382, No. 9907, p1807–1816, 30 November 2013.

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5 comments on “Promouvoir l’égalité des chances ? Et si cela commençait in utéro”

  1. Article très instructif.

    Savez-vous pourquoi on entend dire que les enfants issus de FIV (fécondation in vitro) sont plus fragiles que les enfants nés par grossesse spontanée ?

  2. Merci Ellen pour cet article très instructif, investir plus en prévention semble en effet un moyen intelligent pour garantir autant que possible la santé et l'égalité de chances des futures générations. Vous parlez d'un "petit" investissement à la fin de votre article. Pourriez-vous me dire ce que cela représenterait par exemple pour un pays comme la Suisse ? Merci.

  3. Cher Laurent, je vous remercie pour votre intérêt et votre question.

    Une étude menée par le professeur Urs Scherrer (médecin suisse) met en évidence une plus grande fragilité cardiaque des enfants issus de FIV. Effectivement, ils semblent présenter une plus grande rigidité des vaisseaux sanguins et une pression pulmonaire artérielle plus élevée.
    Toutefois, le faible échantillon étudié (65 enfants) ne nous permet pas de généraliser ces résultats.

  4. Cher Diogenes,

    Je ne peux malheureusement pas avancer un chiffre précis quant à l'investissement nécessaire en Suisse. Cependant, selon moi il ne s'agit pas d'investir plus, mais d'investir mieux! Je vous renvoie à mon article sur les inégalités sociales: http://www.gbnews.ch/economie/les-inegalites-sociales-generent-des-inegalites-de-sante.
    Par contre, si les chiffres vous intéressent, je peux vous informer qu'une étude réalisée par un économiste dit que d'investir dans la formation de sages-femmes qualifiées représente un rendement de 1,600% sur l'investissement, ce qui est un excellent chiffre pour la santé publique.

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