Les spécialistes en organisation d’entreprise, ou « organisateurs », sont titulaires d’un Brevet fédéral obtenu au terme de 60 jours de formation étalés sur 18 mois. Dans la partie alémanique de la Suisse en plus de la SGO (Schweizerische Gesellschaft für Organisation und Management), dont l'Association Suisse d’Organisation et de Management (ASO) est membre, des structures privées dispensent également cette formation, mais seule l’ASO la propose pour la Romandie.
Le titre de « spécialiste en organisation d’entreprise » a été utilisé pour la première fois par l’ASO en 2012 pour éviter l’assimilation récurrente au domaine évènementiel que le titre d’« organisateur » créait dans l’imaginaire des personnes de langues française. Le titre supérieur est celui d’ « expert en management des organisations » avec Diplôme fédéral, que l’ASO est en train de mettre en place pour la Romandie.
Les spécificités de la formation
L'organisateur est formé pour comprendre les trois jauges que sont l’environnement, le social et l’économique, et il les adapte au fonctionnement de son entreprise. Grâce aux méthodologies apprises, l’organisateur détermine plus facilement quel est le champ d’action prioritaire de son entreprise, ce qui lui permet de proposer des solutions en phase avec les attentes de l’entreprise.
Présentation des formations de l'ASO, par Thierry Prêtre.
La formation de spécialiste en organisation d’entreprise est pratique et dispensée par des experts dans les domaines enseignés. En plus du droit et de l’économie d’entreprise, des cours de management structurel, de projet et de processus sont dispensés. Les formateurs enseignent également à gérer les difficultés des processus de changement et mettent l’accent sur les systèmes de qualité. L’intérêt croissant suscité par le thème de la qualité fait que plusieurs jours sont spécialement réservés à ce sujet.
La psychologie des organisations et l’analyse des profils sociaux et individuels font également partie du cursus de formation. Les participants sont incités à tenir compte de l’avis des autres, et à les responsabiliser en toute liberté dans le but de répondre aux besoins individuels et de l’entreprise. Cet apprentissage leur apprend à être soudés mais aussi à trouver eux-mêmes des solutions aux problèmes qu’ils rencontrent. Le coaching des participants pour l’examen fédéral est intégré au cursus.
En sus, les encadrants de l’ASO présentent les nouvelles formations et certifications, ce que les participants trouvent toujours intéressant. Il arrive fréquemment qu'ils envoient par la suite à l’ASO d’autres personnes pour les certifier.
Au fil de la formation, les participants gagnent en assurance et deviennent de plus en plus exigeants. Ils s’affirment avec plus de détermination et d’arguments. C'est un peu comme un apprentissage de la vie, car tout ce qui est appris au cours de cette formation, est également utile en dehors du milieu professionnel.
L’organisateur utilise ses compétences dans sa vie de tous les jours, sans être « carré »
L'organisateur utilise ses aptitudes à comprendre son vis-à-vis, dans sa vie de tous les jours, car elles vont faire partie de lui. Toutefois, la perception que ce sont des personnes « carrées », qui ne réfléchissent qu’en termes de structure est erronée, car un organisateur qui se limite à cet élément manque d’un élément important : l’aspect humain. Un bon organisateur doit être capable d’avoir une perception des choses qui va au-delà de l’aspect purement processus ou uniquement organisationnel, car la vie c’est d’abord cela.
L'organisateur au sein de l'entreprise
L’organisateur dispose de compétences transversales qui lui facilitent la compréhension des systèmes de l’entreprise. Son rôle est de trouver le meilleur compromis pour faire progresser l'entreprise.
La place de l'organisateur est souvent en appui de la direction, du conseil d’administration ou d'un chef de service. A titre d’exemple, un groupe constitué d’organisateurs peut être constitué dans une entreprise suite à une directive donnée par un conseil d’administration pour résoudre un problème interne. Dans ce cas, les organisateurs se situent à un échelon intermédiaire entre les différents services et la direction.
Les organisateurs mandatés pour un problème donné vont travailler à en comprendre l’origine, et à proposer des solutions qui tiennent compte de tous les services et de tous les paramètres existants. Dans ce cas de figure, l’organisateur va travailler de manière transversale, mais pas nécessairement avec toutes les équipes. Il définit le système dans lequel il va travailler suivant l'ampleur du projet et ensuite il crée une structure de projet. Sachant que chaque personne est spécialiste dans un domaine déterminé, l’organisateur favorise l'autonomie de ceux qui veulent l'autonomie, et est capable d’appuyer ceux qui ont besoin d’être soutenus. Il s’appuie ainsi sur sa connaissance des profils individuels.
Ce schéma n’est pas figé car l’organisateur est flexible. Il est possible qu’il se retrouve à d'autres niveaux de l'organisation, au sein d'un service ou sous d'autres titres de poste comme « chef de projet ». De ce fait, il peut y avoir un chef de projet informatique, qui devient pour une durée déterminée un organisateur chargé de résoudre un problème d'entreprise ou encore un chef de projet marketing qui résoudra un problème uniquement lié au marketing.
Un rôle parfois mal compris
Suivant qu’on se trouve dans la partie alémanique ou romande de la Suisse, les perceptions diffèrent. En Suisse allemande, le métier d’organisateur est connu et reconnu, la formation est beaucoup plus courue et le poste est plus présent en entreprise. Par contre, en Suisse romande, l’organisateur est souvent un mystère pour ses collègues. Le problème du métier est que le poste est assimilé à un côté évènementiel. Il est arrivé que des collègues s’imaginent que c’est un poste de « event manager » et l’organisateur est parfois considéré comme un organisateur « d’apéros ».
Le spécialiste en organisation d'entreprise n'est ni un "boosteur" d'entreprise, ni un liquidateur.
Un autre problème est que l'organisateur peut être mal perçu par les employés suivant l’entreprise et le moment où il est engagé. Dans la perception générale, engager un organisateur implique qu’il y aura une réorganisation de l'entreprise, sachant que la réorganisation est souvent comprise comme synonyme de suppression de postes.
Parce qu’il va s'occuper, comme le « boosteur », de la structure de l’entreprise et potentiellement de réorganiser les processus, le rôle d’optimisateur des effectifs qui est souvent attribué, à tort ou à raison, au "boosteur" lui est aussi attribué et le dessert. Il va se trouver confronté à des employés qui sont contre son projet, parce qu'ils pensent qu'ils vont perdre leur poste. A ce niveau-là, les outils de communication reçus en formation sont très importants pour permettre de transmettre le message adéquat.
Pour un bon organisateur, permettre à ses collègues de s’exprimer librement, ne pas leur mettre de limites, réussir à faire éclore le potentiel qu'il y a en eux, est plus important que la structure elle-même. Cette approche fait la différence dans une entreprise par rapport à une autre qui va privilégier uniquement la rigueur au niveau des processus.
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Un très bon article qui non seulement explique le métier d'un spécialiste en organisation mais nous informe aussi sur la formation que ce métier demande.
Je suis ravie d'avoir pris le temps de lire cet article, qui est vraiment très intéressant, et qui m'a permis de découvrir une formation et même un métier qui m'étaient totalement inconnus, mais qui m'attirent énormément !
Je vais de ce pas aller prendre des informations sur le site de l'ASO. Merci pour cette découverte !