« L’homme qui est pessimiste à 45 ans en sait trop, celui qui est optimiste après n'en sait pas assez ». Cette citation de l’écrivain américain Mark Twain démontre que même à 45 ans, nous devons encore apprendre et se remettre en question, car notre carrière professionnelle n’est de loin pas terminée.
La compétence, la rentabilité et la performance sont des valeurs piliers de nos sociétés modernes. Est-ce pour cette raison que les seniors +45 ne se reconnaissent plus dans ce monde du travail qui s’accélère ? Alors que le désir de réussir et de s’impliquer dans l’entreprise sont parmi leurs principaux atouts, comment comprendre que les entreprises mettent en place des plans de restructuration où les seniors n’ont plus leurs places !
Avoir 45+
La capacité des seniors 45+ à demeurer utiles et professionnellement compétitifs aux yeux des managers dépend de notre volonté à s’adapter aux changements. L'Organisation internationale du travail (OIT) définit l'employabilité comme « l'aptitude de chacun à trouver et conserver un emploi, à progresser au travail et à s'adapter au changement tout au long de la vie professionnelle ».1
Le monde entrepreneurial devrait se concentrer sur les raisons objectives à travailler avec des personnes de plus de 45 ans et cesser de prétendre que ces compétences sont dépassées et que le coût d’un senior est trop élevé, raisons pour lesquelles il ne l’embauchera pas. Il est indispensable que les entreprises offrent des conditions de travail adaptées et des salaires décents en rapport avec ce que les seniors ont à offrir, ceci indépendamment des coûts à la charge du patronat.
Faire reconnaître ses compétences, être capable de bien se valoriser et d’inspirer confiance est primordial pour les seniors qui doivent faire face aux préjugés des entrepreneurs. C’est pourquoi, la société économique et politique doit prendre conscience de l’importante de les soutenir lors de périodes de chômage, dans un désir d’entrepreneuriat ou face aux difficultés rencontrées au sein de l’entreprise.
Dans cette optique, une initiative indépendante a vu le jour à Genève, appuyée par des partenariats avec l’Etat, la Ville et les communes de ce canton.
L'association Phare Seniors
Cette association nommée « phare seniors » a vu le jour en décembre 2012. C’est une organisation indépendante à but non lucratif qui propose un accompagnement neutre centré sur l’humain, visant à augmenter l’employabilité et à faire évaluer l’image des seniors 45+ auprès d’un large public.
Son président Patrice CHAUSSIVERT nous explique que « le but de l’Association est de suivre, dans leur évolution de carrière, les seniors de plus de 45 ans en emploi, en période de licenciement, au chômage, en fin de droit ou en retraite anticipée non désirée ».
Anticiper les besoins des individus en encourageant la complémentarité intergénérationnelle est la pierre angulaire de cette approche. Fondée sur une idée des pays du Nord de l’Europe où le concept de base est axé sur la compétence et les qualités personnelles de l’employé plutôt que sur un curriculum vitae chronologique traditionnel, l’Association s’en est inspirée et a mis en place un ensemble de mesures susceptibles d’intéresser ce groupe de population formée par les seniors 45+.
Quatre axes de soutien
- L’écoute : des accompagnateurs, formés aux besoins spécifiques des seniors 45+ les encadrent et les conseillent dans des périodes charnières de leur vie.
- La formation : des ateliers et cours pour le développement de l’employabilité des seniors sont mis en place.
- Le rassemblement :
- mise en place d’une agence d’accompagnement des seniors, membres de l’Association, au travers d’entretiens, d’analyses et de suivis personnalisés.
- axe soutenu et financé par le Fonds de Chômage de la Ville de Genève.
- faire changer les idées reçues en obtenant le soutien du monde politique.
- les membres seniors acceptent de travailler dans « l’intergénérationnel » de l’entreprise.
- volonté de faire comprendre au monde de l’économie, des médias et de l’entreprise les compétences des seniors.
Patrice Chaussivert explique : « Notre Association a besoin de visibilité et d’élargir son réseau pour développer ses activités. Dans ce sens, l’ouverture récente d’une arcade au centre-ville de Genève va nous permettre de contribuer à son développement. Actuellement fonctionnant avec des bénévoles spécialisés, notre but est de pouvoir engager des employés à court terme pour consolider notre équipe et faire bénéficier les seniors de compétences d’experts ».
Le mot de la fin…
Des projets tels que celui de l’Association « phare seniors » prennent tout leur sens, lorsque nous savons que, selon l’Office fédéral de la statistique suisse, la catégorie d’âge des 55 ans et plus représentera environ 27% de la population active en 2040-2050.2
Des réflexions sont en cours au sein de l’Europe, et notamment au Luxembourg où un projet de loi portant sur l’introduction d’un plan de gestion des âges dans les entreprises est en discussion depuis 2012. Ainsi, il serait prévu de rendre obligatoire l’élaboration d’un tel plan pour tout employeur occupant plus de 150 salariés et de mener une politique cohérente d’engagement des seniors.3
En d’autres termes, l’obligation d’employer des seniors serait inscrite dans la loi. Espérons que ce projet de loi sera discuté puis voté, afin qu’une loi naisse de ces discussions, et que finalement, elle soit mise en application. Qui sait, ce projet luxembourgeois pourrait servir d’exemple pour d’autres pays, dont le nôtre, et faire jurisprudence.
Pour le philosophe grec Socrate « La chute n’est pas un échec. L’échec, c’est de rester là où l’on est tombé ». Les périodes de doute au cours de notre existence sont nombreuses. Etre au chômage suite à un licenciement, en fin de droit ou subir une retraite anticipée sont autant d’occasions de rebondir, même si nous sommes considérés comme des seniors, en s’entourant de spécialistes ou d’expert pour pouvoir être dans la justesse de nos décisions.
Pour en savoir plus, consultez le flyer de l'Association « phare seniors ».
Sources:
1 http://fr.wikipedia.org/wiki/Employabilit%C3%A9
2 http://www.competences-seniors.ch
3 http://www.mte.public.lu/ministere/rapports-activite/rapport_act_2012.pdf
photo credit: SalFalko via photopin cc
Article très intéressant et très bien écrit. Puis j’ai adoré la citation de Socrate à la fin, c’est très vrai. Merci Rémy.
En Suisse, un des arguments en faveur du non-recrutement des seniors est celui du "deuxième pilier" de l'assurance pour la retraite - dont le taux augmente justement à l'âge de 45 ans, puis encore à 55 ans. Existe-t-il des études qui démontrent la véracité ou pas de cette pénalisation des seniors?