Nous avons assisté à la conférence « Retour au travail : un défi pour 14 000 femmes chaque année ! » qui a eu lieu le jeudi 3 octobre lors du salon RH à Palexpo. Elle était animée par Françoise Piron, directrice de l’association Pacte.
Selon l’évaluation de l’Enquête suisse sur la population active (ESPA) de l’Office fédéral de la statistique (OFS), 135 000 femmes ont quitté le marché du travail pour s’occuper de leurs enfants ou de proches pour la seule année 2009. Les hommes quant à eux, pendant la même période, étaient au nombre de 2 000 à l’avoir fait pour les mêmes raisons. L’Enquête confirme que ce sont en majorité les femmes qui sont concernées par la problématique du retour à l’emploi à cause de la répartition des rôles au sein de la société.
Si les raisons qui poussent les femmes à interrompre leur carrière sont nombreuses, il faut également reconnaître que les raisons qui motivent la reprise d’une activité professionnelle sont tout aussi diverses : la frustration personnelle, le besoin de retrouver un sens à leur existence ou encore la reconnaissance de la société sont les trois premières citées par les femmes. En outre, il y a des raisons d’ordre économique qui peuvent survenir après un divorce ou une séparation, voire même le chômage du conjoint qui pourrait placer le ménage dans une situation de précarité. Le constat qui a été fait est que les trois premières raisons sont plus accentuées quand le degré de formation de la personne est élevé.
Le plus souvent, les femmes qui cherchent à se réinsérer dans la vie professionnelle n’ont pas travaillé depuis longtemps et elles ne sont pas toujours conscientes d’avoir acquis des compétences dans le travail familial et que celles-ci sont transférables dans un milieu professionnel.
Parmi les difficultés rencontrées, il résulte que six femmes sur dix ne s’adressent pas à un office régional de l’emploi et c’est souvent le cas lorsque la période d’inactivité professionnelle a été longue. A cela s’ajoute le fait qu’elles ne reçoivent pas d’indemnité de chômage, car elles n’ont pas cotisé au cours des deux années précédant l’inscription. Un autre fait relevé par l’ESPA est qu’un quart des consultations menées par le réseau pluplus.ch porte sur le retour des femmes à la vie active après une phase consacrée à la famille. Ce réseau offre des consultations emploi + famille pour les femmes qui désirent se réorienter ou intégrer le milieu professionnel.
Il existe trois types d’intégration proposée aux femmes : l’accompagnement continu basé sur l’écoute du vécu et des compétences acquises, le réseau qui permet aux femmes de sortir de l’isolement en les mettant en contact avec les autres et enfin l’identification à un modèle de femme qui travaille, en reprenant contact avec le monde professionnel. Il s’agit de faire une évaluation personnelle réaliste des points forts et faibles de chaque femme en vue de panifier une stratégie de retour à l’emploi en fonction d’un projet professionnel qui lui soit propre.
L’accompagnement permet en outre de savoir s’il y a lieu de suivre une formation continue, pour adapter ses compétences aux exigences du marché du travail actuel qui ne cesse d’évoluer. Le coaching travaille aussi sur le marketing personnel qui permet à la femme qui a été longtemps en dehors du milieu professionnel de reprendre confiance en elle et de se dire qu’elle peut mettre à contribution ses talents afin de contribuer à l’économie en général et à celle de sa famille en particulier. Le curriculum vitae basé sur les compétences est un des exemples qui permet de combler le vide dans l’expérience professionnelle du CV chronologique.
Pacte a mis en place les Café Rencontre, une formule qui permet d’établir une forme active de contact avec le « monde du travail » et d’élargir son réseau. Lors de ces Café Rencontre, les femmes en réinsertion ou réorientation professionnelle ont la possibilité d’entendre les femmes cadres partager leurs idées et expériences, de s’encourager et de se stimuler mutuellement sans porter de jugement. Cela permet aux femmes de garder contact avec les entreprises ou les professionnels à travers celles qui travaillent.
Il est important de noter que ce cadre permet de se dire qu’il n’est jamais tard pour « oser » entreprendre si l’on aspire à un changement dans sa vie.
Même si on en parle moins souvent que les femmes, il ne faut pas oublier qu’il existe des hommes au foyer qui rencontrent la même situation d’isolement et les mêmes difficultés que les femmes. On a souvent tendance à dire que c’est un choix, ce qui en réalité est parfois une obligation. Il est vrai que les événements de la vie (le déménagement, le souci scolaire des enfants, voire même la maladie d’un proche) n’ont pas les mêmes répercussions sur la vie des hommes que sur celle des femmes.
photo credit: Cameron Adams via photopin cc
Article très intéressant sur un sujet malheureusement d'actualité. L'égalité entre homme et femme n'est pas toujours une priorité pour nos gouvernements. Les tâches sont bien définies et établies dans nos sociétés, ce qui implique trop souvent un temps d'arrêt important pour les femmes qui privilégient l'éducation de leurs enfants et sacrifient leurs carrières. Et malheureusement, le retour au marché de l'emploi s'apparente à un long fleuve semé d'embûches pour des milliers de femmes de par le monde. Espérons que la société en prendra conscience et décidera de faire changer les choses....