Aménagements dynamiques, choix de l’espace de travail en fonction des besoins, possibilité de travailler à distance, autonomie renforcée, horaire à la confiance, objectif zéro papier… C’est un nouveau monde qui s’ouvre aux 1700 employés et aux 145 différents métiers des Services Industriels de Genève (SIG).
Tout a commencé par une révolution des pensées baptisée ‘’EquiLibre’’.
L’objectif de cette nouvelle culture de travail dont se félicite Christian Brunier, Directeur général, est que les collaborateurs sont bien plus productifs lorsqu’ils disposent d’une certaine liberté plutôt qu’en étant simplement supervisés par plusieurs niveaux hiérarchiques.
Couronné par le prix de l’« Excellence publique », le mode de travail EquiLibre repense entièrement l’environnement et l’organisation du travail. En somme, c’est la naissance d’une des premières entreprises « libérées » en Suisse. Libérée sur le plan des idées, libérée sur le plan du travail et tout simplement libérée parce qu’elle est en avance sur son temps.
« Le travail n’est pas un endroit où nous allons, mais c’est quelque chose que nous faisons ! »
Si ce fleuron public a opéré cette mue, c’est avant tout pour une question stratégique comme le souligne Christian Brunier :
« Je suis persuadé que nous ne pouvons pas maintenir notre performance et notre attractivité si nous ne changeons pas profondément notre manière de travailler.
Dans les 20 ans à venir, nous savons qu’il y a 50% des métiers qui vont disparaître ou se réinventer. La nature du travail est en train de changer.
Il y a de moins en moins de jeunes qui travaillent à plein temps. On voit aussi que les gens ne veulent plus venir au travail aux mêmes heures et au même endroit.
Finalement, le travail n’est pas un endroit où nous allons, mais c’est quelque chose que nous faisons ! ».
Le décor est ainsi planté. Il n’y aura de salut pour les entreprises que si un profond changement de paradigme en termes de management s’opère.
Nous sommes peut-être au début d’un profond bouleversement du travail semblable à celui de la seconde révolution industrielle qui a vu apparaître l’organisation scientifique du travail.
Dorénavant, les entreprises doivent embrayer sur une organisation non plus scientifique du travail, mais libertaire.
C’est le prisme d’un indéniable avantage concurrentiel.
« On a souhaité adopter des choses toutes simples mais qui provoquent une révolution culturelle. Le but était de changer la culture de l’entreprise sans forcément renier celle d’avant.
L’objectif est d’avoir une culture plus agile, plus ouverte sur le monde avec une faculté de s’adapter plus efficiente. Nous pensons qu’une entreprise qui réussit aura le potentiel de s’adapter plus rapidement » nous éclaire Christian Brunier.
La confiance, pilier fondamental du modèle !
Pour changer l’ADN de ce paquebot public et opérer un tel bouleversement dans les pratiques, il ne suffit pas de "prêcher des incantations".
Christian Brunier l’a très vite compris. Plutôt que de s’embourber dans des discussions sans fin avec d’un côté les partisans de ‘’YAKA’’ et de l’autre les ‘’YFOKON’’, Christian Brunier a souhaité promouvoir l’expérimentation.
« Au début des tractations sur le bien-fondé du modèle, une grande partie de la direction pensait que nous allions favoriser les « glandeurs ».
A l’inverse, les syndicats y voyaient là un prétexte pour faire travailler davantage. La solution à cette méfiance ambiante fût le choix d’imposer très vite un projet pilote. ».
Au terme du projet pilote, le constat est parlant : 80% sont convaincus et 20% doutent encore.
Le nouveau régime d’organisation du travail est validé et implémenté.
En quelques mots, il s’agit selon Christian Brunier, d’« assouplir les horaires de plus de 650 personnes sur les 1700. Désormais, ils n’ont plus de place de travail attitrée mais des espaces de vie. Ils disposent d’horaires flexibles.
Une personne à plein temps peut travailler au maximum deux jours par semaine en dehors des SIG. ».
La conduite du changement dans l’entreprise relève souvent d’un exercice périlleux.
Le succès repose sur la capacité du top management à pouvoir insuffler de la confiance dans sa ligne directrice.
Il doit être convaincu de son cap et donner l’exemple pour entraîner un mouvement derrière lui.
Le succès d’EquiLibre n’échappe pas à la règle nous assure Christian Brunier, « la confiance est l’élément clé de ce modèle.
Nous, nous croyons à l’intégrité de nos collaborateurs. Nous leur accordons notre confiance et, en retour, ils nous en témoignent. C’est plus épanouissant pour tout le monde. »
De l’EquiLibre pour plus de performance !
Avec l’adoption de ce nouveau régime de travail, il n’est guère question d’opposer la performance de l’entreprise au bien-être des collaborateurs.
Les entreprises de la Silicon Valley, Microsoft, Apple, entre autres, nous ont démontré que ces deux choses vont de paire.
Accepter d’appréhender le travail autrement, remettre le bien-être des collaborateurs au cœur de la stratégie d’entreprise pour mieux développer leur créativité, accepter de rendre obsolète l’entreprise "paternaliste" et de miser sur des interactions horizontales, constituent sans doute les leviers de performance des entreprises modernes.
Cette approche repose sur la volonté du top management de libérer les énergies de l’entreprise. C’est vers cette vision du travail que Christian Brunier souhaite emmener SIG : « Nous avons installé un management à la confiance.
La nouvelle génération est très intelligente et très autonome. Il faut la laisser faire preuve de créativité.
Dorénavant, le rôle de notre management est d’indiquer la vision, de donner du sens au travail, de donner de la fierté et enfin d’animer ses équipes.
En parallèle du modèle EquiLibre, nous avons également lancé le programme « Leviers de performance ».
D’un côté, nous laissons beaucoup d’autonomie et de liberté à nos collaborateurs, de l’autre, nous nous attendons à une meilleure performance de l’entreprise. ».
Enfin, de L’EquiLibre pour mieux préparer l’avenir !
Si Christian Brunier s’attache autant à révolutionner les pensées au sein des SIG, c’est aussi pour préparer l’avenir et avoir un coup d’avance.
En effet, tournée vers l’avenir, les SIG pensent et développent les énergies de demain, c’est-à-dire des énergies respectueuses de l’environnement.
Référence de la transition énergétique en Suisse, les SIG sont un acteur industriel engagé pour le développement d’une société durable et connectée.
Pour atteindre l'objectif qu’elle s’est fixé, l’entreprise doit pouvoir s’appuyer sur les meilleurs potentiels, capables de maintenir un haut degré de compétitivité et d’innovation.
Ainsi, s’interroge Christian Brunier : « Peut-on encore attirer les meilleurs talents en travaillant comme il y a 20 ans ? Alors oui, il veut bien le dire haut et fort, « l’innovation avec EquiLibre est un message envoyé aussi à l’égard des forts potentiels du pays. ».
A l’heure où la révolution technologique rythme nos vies et les mutations socio-économiques rayent de la carte les entreprises qui ne peuvent plus s’adapter, les SIG semblent avoir fait le bon choix au bon moment.
Faisant figure de précurseur parmi les entreprises qui ont compris les mutations dans le travail, les SIG peuvent s’enorgueillir d’être un modèle sur la place économique romande et suisse.
Photo credits : SIG