Le mieux à savoir sur Bon à Savoir
Pour présenter ma première invitée, permettez-moi d’emprunter un lieu commun : “La valeur n’attend pas le nombre des années.” A 34 ans, on dirait que Laura Drompt a vécu 1000 vies à l’intérieur du journalisme. Elle travaille actuellement comme rédactrice en chef adjointe pour le mensuel “Bon à Savoir”. Nous lui demandons comment se porte son média et de quelle manière elle appréhende le proche avenir.
Mais commençons par présenter Laura Drompt.
Académie du journalisme à l’UNINE, stages en parallèle à la RTS, SSR, Tribune de Genève, puis arrivée au Courrier en 2013. Trois ans plus tard, avant même ses 30 ans, elle y est nommée co-rédactrice en chef. Certes, pour une question de bonne gouvernance, Le Courrier opère un tournus pour ses rédactions en chef. Mais, la position lui convient à merveille, et elle est élue pour un mandat de trois ans... Travailleuse infatigable, elle est aussi nommée rédactrice en chef adjointe à Bon à Savoir, qu’elle avait rejoint comme simple journaliste, sept mois à peine après son arrivée, en mars 2021. Laura nous fait part de sa grande satisfaction : les titres (on dit “les” car Ma Santé appartient aussi au groupe éditeur, “Editions Plus”) sont en pleine forme, l’équipe est soudée et elle dispose du plein soutien de son rédenchef.
Vive le papier !
En pleine forme ? Sachant la situation de la version papier des quotidiens plutôt précaire, nous lui demandons si celle des magazines est meilleure, et aussi comment se porte leur plate-forme en ligne... Pas de soucis pour le papier, assure-t-elle, revendiquant fièrement 375000 lectrices et lecteurs. Aucune érosion ne semble à craindre.
Quelles différences entre le contenu « print » et « web » ?
Se pose alors la question incontournable pour tout journaliste et rédacteur : écrit-on de la même manière pour le "Web" que pour le "print" ? Le contenu, le style, etc. ? “Nous ne distinguons pas les façons d’écrire entre le support papier et la version en ligne, détaille-t-elle. Nous gardons la même approche pour les sujets, quel que soit le support.”
C’est l’avantage de travailler dans un média périodique (mensuel en l’occurrence, alors que Ma Santé paraît tous les deux mois). Les articles sur support papier peuvent en effet être développés à leur juste taille. En conséquence, la transcription se fait quasiment à l’identique, alors que les variations sont considérables pour un quotidien.
La plate-forme n’avalera pas le journal !
Si le présent est radieux pour les deux titres, quid de l’avenir à court terme ? La plate-forme ne risque-t-elle pas, malgré tout, de phagocyter le journal papier ? Au contraire ! Pour Laura Drompt, ce sont les abonnements qui génèrent l’essentiel des revenus. Sur ce point, le papier a plusieurs longueurs d’avance. Elle ajoute que l’équipe accorde une attention toute particulière au papier, car “le fait que le journal soit physiquement présent dans les salons et les salles d’attente fait leur force”. Elle explique même que Bon à Savoir reçoit de nombreux retours d’abonnés, dont les parents étaient déjà abonnés auparavant.
Créer du lien
Le support papier crée du lien. Laura y tient beaucoup car selon elle, la collaboration avec l’équipe de mise en page et d’édition est centrale. Elle donne du relief à des articles de fond, très documentés, qui décryptent le quotidien des Romand(e)s. Laura évoque la thématique - et a fortiori celle de la santé pour... Ma Santé - comme un sujet intéressant une grande majorité de citoyens, qui en liront donc volontiers un exemplaire dans le cabinet d’un médecin... puis, peut-être, s’y abonneront.
Le papier ne mourra donc pas, elle ne croit pas aux prédictions qui annoncent cette disparition pour la fin de la décennie.
Des supports papier et web complémentaires
Mais quels sont les avantages de la plate-forme pour un mensuel tel que le sien. Il doit bien y en avoir !!
Le support web trouve grâce aux yeux de la rédenchef adjointe : “Notre force, sur le Net, réside dans nos archives, tests et fonctionnalités particulières, telles des pages de calculateurs sur des thèmes touchant au quotidien des Romand(e)s. On y ajoute aussi des bonus Web, des fiches complétant les articles, des liens enrichis...”
En guise de conclusion, pour Laura Drompt et pour ses titres, les deux supports ne sont non pas concurrents, mais complémentaires. Manifestement, c’est de cette manière qu’elle appréhende le futur proche de Bon à Savoir et de Ma Santé.
Lectures complémentaires :
Situation et perspective des médias écrits : introduction par Patrick Magnenat
Consommation médias : les chiffres en 2019 par Isabel Jarel
La radio : le 1er des médias dans nos déplacements en voiture par Ludovic Jura
Photo credit : SU Exclusive via stockunlimited.com; bonasavoir.ch